OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ouvrez, ouvrez la cage au Wi-fi http://owni.fr/2012/11/05/ouvrez-ouvrez-la-cage-au-wi-fi/ http://owni.fr/2012/11/05/ouvrez-ouvrez-la-cage-au-wi-fi/#comments Mon, 05 Nov 2012 16:55:04 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=125117

L’Electronic Frontier Foundation – célèbre ONG américaine défendant depuis plus de 20 ans la liberté d’expression sur Internet – vient de lancer une campagne de sensibilisation autour de l’idée d’ouverture des réseaux Wi-fi : l’Open Wireless Movement.

L’enjeu : défendre un accès public au réseau via les nombreux routeurs Wi-fi présents tout autour de nous, en particulier dans les zones urbaines. Petites entreprises, particuliers, fournisseurs d’accès, l’appel s’adresse à tous ceux qui pourraient rendre partiellement public leur accès au réseau en partant du principe que la majeure partie des connexions Wi-fi est sous-utilisée.

Une démarche qui a notamment du sens dans des circonstances exceptionnelles comme le passage de l’ouragan Sandy sur la côte Est des États-Unis.

Les communications sont essentielles en temps de crise, et Internet est le moyen le plus efficace d’envoyer et de recevoir des informations. Avec des réseaux facilement disponibles, les représentants de l’État pourraient utiliser des outils comme Twitter pour diffuser rapidement de l’information, les rapports envoyés par les citoyens permettraient de concentrer l’aide là où elle est la plus nécessaire et des mises à jour via les réseaux sociaux pourraient rassurer les proches – laissant ainsi les réseaux de téléphonie mobile libres et disponibles pour les urgences.

Cette campagne insiste sur deux points majeurs : la protection de la vie privée (au sens de la privacy anglo-saxone) et l’innovation que permettraient des réseaux ouverts et disponibles à tous les coins de rues.

Nous imaginons un monde où partager sa connexion internet sera la norme. Un tel monde favorisera le respect de la vie privée, permettra l’innovation et bénéficiera au plus grand nombre en offrant à tous un accès au réseau dès que nous en avons besoin.

La notion de protection de la vie privée étant expliquée avec le raisonnement suivant :

En utilisant de multiples adresses IP à chaque changement de réseau Wi-fi, il sera plus difficile pour les publicitaires et les agences de marketing de suivre vos traces sur le réseau sans utiliser des systèmes de cookies. Les activistes peuvent mieux protéger leur anonymat en utilisant des réseaux Wi-fi ouverts (même si l’utilisation de Tor reste recommandée).

Bien conscient des critiques qui peuvent émailler une telle démarche, notamment autour des risques liés au sempiternel “piratage” si cher à notre fière Hadopi, les questions de responsabilité en cas d’utilisation malveillante d’un réseau Wi-fi par quelqu’un d’autre que son propriétaire sont débattues sur une page dédiée, partant d’un principe simple : “il n’y a pas de raison de s’inquiéter”.

Au total, le projet regroupe 9 organisations en plus de l’EFF : Fight for the Future, Free Press, Internet Archive, NYCwireless, l’Open Garden Foundation, OpenITP, l’Open Spectrum Alliance, l’Open Technology Institute et le Personal Telco Project.

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Big brother le Lab http://owni.fr/2012/10/27/laboratoire-big-brother/ http://owni.fr/2012/10/27/laboratoire-big-brother/#comments Sat, 27 Oct 2012 07:54:29 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=124276 "Sous Contrôle" : comment un art comme le théâtre s'empare d'un sujet comme la surveillance ? Comment s'hybrident, sur une scène, un imaginaire et la réalité d'une déviance de nos sociétés ? Quid des humains dans une société sous contrôle - et de quel(s) contrôle(s) parle-t-on ? Entretien avec Frédéric Sonntag, auteur et metteur en scène de la pièce.]]>

La (vidéo)surveillance, on l’aime bien. C’est un peu comme un animal de compagnie avec qui l’on se promène pendant d’interminables semaines. On finit par ne plus bien savoir qui est au bout de la laisse de l’autre et on ne le voit pas changer. Heureusement, ici chez Owni, notre Manhack national ou la fureteuse Sabine, entre autres, gardent l’œil ouvert – et le bon – toujours prêts à pointer, comptabiliser, dénoncer les installations massives et autres comportements sécuritaires absurdes.

Alors, lorsque l’on découvre une pièce de théâtre intitulée Sous Contrôle, qui veut dresser le portait “d’un univers de surveillance généralisée et de ses conséquences sur la population : paranoïa permanente, trouble identitaire, confusion entre réalité et fiction”, forcément, ça nous interpelle.

Rencontre avec Frédéric Sonntag, auteur et metteur en scène du projet.

Sur le plateau, un décor : 9 caméras (de surveillance, traditionnelles, mobiles) presque toutes invisibles, 4 écrans “traditionnels” (écran de surveillance, télévision) et deux éléments de décors servant aussi de support de projection (murs et rideaux). De quoi mettre en scène un réel surveillé, un coin de futur qui déraille dans un glissement progressif.

Frédéric Sonntag :

J’avais particulièrement envie de travailler sur le genre de l’anticipation notamment en prenant comme sujet la société de surveillance. J’ai donc choisi d’aborder la question du contrôle et peut-être plus généralement la question du regard dans cette société de surveillance. Qui regarde qui ? Qui est regardé par qui ? Cette question du regard est forcément politique.

Quelles seraient les conséquences sur le comportement, sur les identités, sur les personnes, d’une tendance à un regard absolu, à une visibilité absolue, à une transparence absolue ?

Avec l’anticipation, je ne prétends pas décrire le monde dans lequel on vit, je crée une fable où je décris un monde et cela me permet d’autant plus de faire des liens. À chacun de se positionner ensuite en se disant “on est encore très loin de ça” ou au contraire “on est déjà au-delà de ça”. Cela permet à chacun de se positionner dans son regard de spectateur. L’anticipation permet de trouver la bonne distance.

Frédéric Sonntag

Pour raconter cette histoire, le format est fragmenté, filmique, jusque dans l’écriture. Il est annoncé : “22 séquences pour une vingtaine de personnages”. Un choix qui n’est pas une posture esthétique mais une volonté de récit.

Très vite est venue l’idée d’une dramaturgie éclatée qui me permettrait de promener les spectateurs à l’intérieur d’un monde, d’un univers que l’on découvrirait à partir de ces séquences là. On est amené, par ces différents symptômes (les séquences) à se demander : comment fonctionne le reste de cette société si nous n’en voyons que ces éléments parcellaires ?

La dramaturgie elle-même fonctionne comme si on était derrière un écran de contrôle et que l’on passait d’une fenêtre à l’autre, d’un fragment à l’autre. La construction même de la pièce est celle d’un panoptique. L’intérêt du fragment est que forcément l’on s’interroge sur la totalité, sur le reste que l’on ne voit pas.

Vers où donc mène ce jeu ? L’hypothèse, comme un “et si…” enfantin, est posée : les comportements humains font le reste. L’écriture de Frédéric Sonntag et l’équipe d’AsaNIsiMAsa donnent la dynamique et l’on voit, sur le plateau, s’opérer croisements, dérives et collisions.

Vers où glissent les personnages dans cette fable d’une société de surveillance ?

Dans les comportements humains, cela crée quelque chose qui est de l’ordre d’une angoisse permanente, d’une tension qui est : comment la peur est présente ? Comment cette question du regard produit de la peur ? Alors que le regard est censé rassurer. C’est tout ce paradoxe du regard d’ailleurs qui est ce par quoi on existe – on a besoin du regard de l’autre pour exister – et en même temps qui est quelque chose qui nous angoisse absolument.

C’est pour cela que l’on a des rapports ambigus face au regard. Comme ce personnage qui dit qu’elle a besoin d’avoir quelqu’un qui la regarde. Finalement, peut-être que ce qui est encore plus angoissant qu’un regard absolu, ce serait l’absence totale de regard ?

On discerne vite, entre les lignes du récit, que les dispositifs de contrôles sont multiples, les caméras de surveillance n’en sont que l’excroissance la plus visible. La surveillance s’étend d’une manière bien plus insidieuse et commune. Les caméras, les écrans, les technologies ne sont pas le sujet même du récit, ils sont des éléments de l’action, des parts agissantes du décor.

L’enjeu de la surveillance est ailleurs et bien plus proche de nous.

On participe toujours d’une façon plus ou moins consciente à ces dispositifs. Le personnage qui s’auto-contrôle nous raconte son histoire en nous disant : “je ne voulais pas vraiment mais je n’avais pas trop le choix, il y avait d’abord une question d’argent derrière, il fallait que je m’en sorte…” On sent que la question est beaucoup plus complexe que de participer ou pas à la chose à laquelle il ne voulait pas participer. Au final comment s’est-il retrouvé embarqué dans tout un système dont il n’arrive même plus à se sortir ?

La colère de ce personnage est dirigée contre le dispositif qui avait été très bien pensé et contre lui-même qui s’est laissé avoir par ce dispositif et en se disant “je ne pouvais pas vraiment faire autrement que de participer à ce dispositif là”.

Il n’y a pas une entité, une personne ou même un pouvoir, qui serait le grand manipulateur de tout cela. On a l’impression qu’un ensemble de personnes produisent ces dispositifs dont eux-mêmes vont être les victimes. Personne n’est à l’abri d’une forme de paranoïa ou de peur qui génère des comportements particuliers, sécuritaires.

Et partant de là, émerge avec un naturel effrayant, la question de l’auto-contrôle.

Comment ces dispositifs arrivent à générer un mode où, soi-même, on rentre dans un dispositif où il faut faire attention, se surveiller et devenir son propre flic ?

Par la responsabilisation, par la culpabilité sans doute. Insidieusement on en arrive soi-même à contrôler ses propres comportements, ses propres actions, ses propres habitudes.

Au fil des séquences, “Sous Contrôle” nous emmène donc explorer les symptômes de cette société de surveillance, aussi absurde que tragique. Des situations qui n’ont pas été créés ex-nihilo. Le jeu ici consiste à pousser le curseur un peu plus loin ou à le décaler légèrement mais la réalité, celle hors-plateau, infuse dans l’histoire.

La torture par le son par exemple, la prise de contrôle des émotions par le son, ça provient de cas concrets. J’ai appris qu’à Guantanamo, on avait imposé à des prisonniers, 24h/24 le même tube ou la même chanson, comme une torture sonore. Il y avait Metallica, Britney Spears, Nine inch nails. J’avais en tête aussi la faction “armée rouge” qui avait subie une torture par l’absence de son. Il y avait des cellules complètement capitonnées où tu n’entends plus aucun son, juste celui de ton propre coeur et cela rend fou au bout d’un certain temps.

Il y a aussi le monologue d’ouverture qui est relié au syndrome “Truman” apparu aux États-Unis, en rapport avec le film “The Truman Show”. Ce sont des personnes atteintes d’une forme de paranoïa avancée puisqu’ils sont persuadés qu’ils sont les personnages d’une série télé ou d’une télé-réalité et qu’ils ont le réflexe d’aller voir des chaines de télévision ou de se rendre dans des commissariats pour dire “faut arrêter de me filmer, faut arrêter les caméras”.

Dans cet univers, où Orwell, K. Dick et Kafka s’entremêlent, l’horizon n’est pourtant pas sombre, ni clos. Les personnages, certains en tout cas, tentent des sursauts pour enrayer l’engrenage, détourner le signal. Parfois en vain, l’écriture s’enroulant alors sur cette thématique paranoïaque où s’enchaînent les évidences logiques…

…et à d’autres moments, ces tentatives ouvrent des possibles et étrangement le salut, l’ailleurs, est au cœur de chaque personnage, dans l’un des derniers territoires où la prise de contrôle se joue : leur cerveau.

Je mets souvent en scène des personnages qui, dans un univers de catastrophe, tentent des espaces de résistance. Entre participer à ce monde hostile et être contre, souvent les personnages créent une troisième solution qui est de créer leur propre espace. Ils se rendent compte qu’en étant contre le système, ils participent au système. Plus ils sont “contre”, plus le système les récupère, ils sont toujours à l’intérieur de ce même système. Ils ne peuvent pas y échapper car, même en étant contre lui, ils sont à l’intérieur.

Le système ne demanderait qu’une seule chose, c’est justement que l’on rentre en rébellion contre lui, donc à partir de là, il faut trouver une espèce de brèche pour se construire son propre espace, sa propre utopie et trouver le moyen d’échapper à ce regard là.

Donc mes personnages essaient de trouver des “ailleurs”, ils essaient de fabriquer des petites utopies personnelles, individuelles ou collectives. Des zones à l’intérieur du monde. C’est une façon de trouver un exil mais à l’intérieur du monde. Il y a quelque chose de l’ordre d’un territoire que ces personnages essaient de fabriquer. C’est une façon de reconstruire un réel qui leur appartient.

Ici, un des espaces possibles, au milieu d’une fictionnalisation générale, de la spectacularisation générale, plutôt que de revendiquer un retour au réel, leur moyen d’y échapper est de générer ses propres fictions. Il y a des fictions qui peuvent être génératrices de possibles.

Étrangement, une fois une certaine frontière passée, plus on avance dans la pièce plus on semble quitter l’anticipation et se rapprocher de notre présent. Comme si l’écriture manipulait le temps et après nous avoir éloigné, nous ramenait au bercail. Comme cette avant-dernière séquence jubilatoire où une banale déclaration de perte de carte d’identité bascule vers une perte totale d’identité face à une administration ivre de son propre pouvoir de contrôle.

Au plus près de nous, la surveillance redevient alors cet animal de compagnie qui nous suit. Ou nous guette.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photo et couverture par Bertrand Faure ; Capture et vidéo par la compagnie AsaNIsiMAsa.

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Lazarus saisit les doutes http://owni.fr/2012/06/01/lazarus-saisit-les-doutes/ http://owni.fr/2012/06/01/lazarus-saisit-les-doutes/#comments Thu, 31 May 2012 22:29:41 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=111703

Dès la séquence d’introduction sur le site de ce web-documentaire, Lazarus-Mirages, le doute s’impose. Comment prendre au sérieux ce personnage masqué parlant une langue aux accents d’Europe de l’Est qui nous annonce solennellement, sur fond de Beethoven :

Mon nom est Lazarus et je fais voeu de marcher vers la lumière. Que le doute nous libère et que la raison nous serve de guide.

La production du projet nous avait proposé une interview directement avec ledit Lazarus, que nous avons choisi de ne pas faire. Chacun sa place, nous préférons discuter avec le marionnettiste qu’avec sa créature.

Dans ce web-documentaire, la forme est tranchée, entière. Certains la trouveront omniprésente, effaçant le propos du documentaire. Pour Patric Jean, son producteur, cette esthétique si prégnante est en totale adéquation avec le sujet et le fond du propos.

L’idée était de jouer sur les codes opposés à ce que l’on voulait raconter. Si on parle de la raison, de la pensée sceptique, on devrait logiquement aller vers quelque chose de lumineux, de transparent, avec des gens qui parlent rationnellement. Je me suis dit que ce serait intéressant de faire le contraire, d’utiliser les codes du mystère, du bizarre, du complot.

Alors certes, la forme brouille le message mais surtout elle affirme “tout message est brouillé à partir du moment où vous ne l’avez pas vraiment contextualisé, analysé, décrypté. Tant que n’avez pas fait ce travail, un message, quel qu’il soit, considérez-le comme brouillé.”

Derrière son masque, son smoking, son nom improbable, derrière cette stylisation totale, c’est comme si ce personnage glissait à celui qui l’écoute : “Ne croyez pas ce que je vous raconte, mais ne croyez pas non plus ce que les autres vous racontent.” Tout en permettant à celui qu’il guide d’enchaîner les séquences académiques et les entretiens avec des scientifiques sur des dizaines de croyances plus ou moins ancrées. Au final, un web-documentaire très pédagogique qui ne dit pas son nom au premier abord.

Lazarus sème le doute...

Le doute est d’ailleurs tout autant présent dans la narration du projet que nous en fait Patric Jean que dans le projet final. Tout commence, semble-t-il, par un appel, reçu il y a près de quatre ans.

Je voudrais vous proposer de financer l’écriture d’un film sur la question de la pensée sceptique.

Le producteur, lui-même passionné par la thématique du (ou des) “faux”, est tout de suite piqué au vif par la proposition qui lui est faite. D’autant que son interlocuteur semble être un joueur. Il pose une condition unique au financement du projet : rester anonyme, quoiqu’il arrive.

Je me dis “pourquoi pas” mais au fil de la conversation, je comprends qu’il veut rester anonyme de moi aussi. Là, ça devient plus étonnant.

Dans un premier temps, les échanges se font donc par mail, histoire de tâter le terrain et d’appréhender le doute, de s’habituer la rétine et les neurones à l’oscurité qui entoure ce personnage-contact.

J’ai bien senti que ce n’était pas un fou, que c’était quelqu’un de très cultivé, très intelligent, qui avait la tête bien sur les épaules mais il y avait quand même ce truc très étonnant de ne pas vouloir me dévoiler son identité. Forcément cela me titillait mais je lui ai dit que je ne pouvais pas travailler comme ça, dans le vide, il était important que l’on puisse se voir, même s’il ne me donnait pas son nom.

Il a accepté que l’on se rencontre mais je ne pourrais pas connaître son identité et je ne pourrais pas voir son visage. On a donc eu une première rencontre dans un hôtel à Bruxelles, il avait un masque en plastique, très cheap, il s’est excusé.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais l’intérêt n’est peut-être pas dans cette partie de l’histoire. Comme le magicien attirant notre attention sur sa main gauche alors que tout se joue dans la droite, l’anonymat de cet étrange mécène n’est sans doute pas la réelle clé de compréhension du projet. Il permet surtout de créer un point de fixation et de bascule, déplaçant ainsi le regard documentaire que l’on pose habituellement sur les sujets traités. Astrologie, télépathie, différence garçons-filles, mais aussi des croyances plus sociales comme la démocratie ou le discours politique, l’horizon du décryptage est large et le questionnement peut se glisser partout.

L’idée c’est de voir comment on peut utiliser ces éléments-là pour parler d’une méthode, d’une grille de lecture, une grille d’analyse pour décrypter nos croyances, nos perceptions. C’est progressivement devenu une métaphore : si un présentateur de journal présentait le journal avec un masque et un nom bizarre (comme Lazarus) : personne ne le prendrait au sérieux. Or on voit son visage et on connaît son nom, et alors ?

Que sait-on des présentateurs du 20h ? Est-ce que l’on sait où ils ont fait leurs études, quels sont leurs réseaux, quels sont les gens qu’ils fréquentent, leurs opinions, leur orgine sociale, dans quel quartier ils vivent, la vision du monde qu’ils ont et toute la machine de production de l’information qu’il y a derrière ?

Contextualisons, donc. Issu d’une famille ouvrière, ayant suivi un cursus au Conservatoire Royal de Bruxelles avant d’étudier la philologie et de devenir professeur de français pour glisser ensuite vers des études de cinéma, Patric Jean construit là un raisonnement qui peut surprendre. Et de prime abord, avec notre propre conditionnement social, il résonne comme “complotiste”, non ? La réponse de Patric Jean.

Toute information est orientée volontairement ou involontairement. Mais quand c’est orienté de manière volontaire, c’est moins dangereux parce que c’est visible. Penser que l’on puisse produire une information, quelle qu’elle soit, sans qu’elle ne vienne d’un point de vue particulier, c’est ça le piège.

La presse n’est pas faite par des comploteurs, la plupart des journalistes ont vraiment envie d’informer mais ils sont néanmoins pris dans un système social, ils appartiennent à des groupes sociaux et ne regardent donc pas le monde de la même manière selon qu’ils soient hommes ou femmes, que leur orgine soit ouvrière ou qu’ils soient nés à Neuilly.

Simplement être conscient de ça, c’est se libérer d’un certain nombre de choses et c’est ce qui permet la pluralité en démocratie : être conscient du fonctionnement du système.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Plongeons dans la brèche et déroulons la pelote du raisonnement du producteur de Lazarus-Mirages, au premier degré. Cela voudrait donc dire que lorsque l’on lit un article, notre troisième œil est braqué en permanence sur google+wikipedia pour analyser-décrypter-questionner l’auteur et ses propos. Décidément, le doute est le leitmotiv de cette interview et il rebondit sur chaque idée posée.

Non, bien sûr. Ce que l’on invite à faire, c’est à suspendre la raison. On n’est pas obligé d’avoir un avis sur tout. On peut recevoir une information et se dire : “je la prends, ça a l’air sérieux, ça a l’air bien pensé, mais ce n’est pas forcément totalement solide”.

Par exemple sur le nucléaire, tout le monde a une opinion, le gens sont pour ou contre. Ce serait intéressant que dans la population il y ait des gens qui soient capables de dire “Je ne sais pas, je n’ai pas suffisamment d’éléments pour trancher et donc il serait utile que les médias, notamment ceux du service public, me donnent plus d’éléments pour trancher. Pas pour essayer de “me convaincre de”, juste des éléments qui parfois vont être contradictoires mais qui vont nourrir ma propre réflexion sur un tel sujet”.

Lazarus inviterait donc à appliquer un agnosticisme généralisé ?

D’une certaine manière oui. Apprendre à (se) dire à certains moments “Je ne sais pas”, ce n’est pas à la mode du tout. La télévision est remplie de gens qui s’expriment sur tous les sujets en tant qu’experts. Ils peuvent te parler d’éducation, de la guerre du Golfe ou de n’importe quoi.

On est à une époque où on peut croire que l’on a une expertise parce que l’on a lu un paragraphe sur un sujet et qu’on y a réfléchi 15 secondes. Or le monde est complexe et ce dont on a besoin c’est de complexité.

Le décorum déployé par Patric Jean et son équipe (35 à 40 personnes pour près de huit mois de production) est efficace : il marque et fait réagir. Le masque fait penser à celui de Guy Fawkes (repris par les Anonymous) ?

C’est un mélange de deux masques de commedia dell’arte créé par une graphiste, répond le producteur. La référence au masque de Vendetta ne nous pose aucun problème, tout comme celle aux mouvements Anonymous, au contraire, mais cette ressemblance n’était pas notre intention.

Le pseudo-russe sonne un peu comme du Nadsat sans avoir été soigneusement pensé par Anthony Burgess ? La raison est plus simple.

Il fallait masquer la voix de la personne. On avait essayé différentes méthodes pour la masquer, la truquer, mais ça ne marchait pas bien. Un réalisateur 3D, qui avait une petite amie roumaine, a dit “si il parlait une autre langue ?” On s’est dit pourquoi pas et on a choisi une langue d’Europe de l’Est justement pour évoquer ce côté mystérieux, la magie, on voit des choses mais ce n’est pas ce que l’on voit…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Dans la forme, Lazarus semble se prendre au sérieux mais, pour l’appréhender, il faut donc une bonne dose de second degré et ne pas hésiter à le plonger dans un bain de doutes. Le décalage fait partie de la démarche. Il se joue des symboles autant que des croyances, à chacun de le(s) décrypter.

Le sujet est difficile donc on a volontairement cherché une forme ludique. Dans l’esthétique mais aussi à l’intérieur des modules avec des jeux, des choix laissés à l’internaute, des formats courts, un univers fort.

Le projet ne laisse pas neutre. Il agace, énerve ou au contraire fait sourire voire fascine. Il questionne et en matière d’échanges et de débats, le web est un média taillé pour ce type d’expériences. Cela a permis un vrai travail de pédagogie autour de cette démarche documentaire, pour l’expliquer, aider à comprendre son formalisme.

Plus on expliquait le pourquoi du comment, plus on voyait des internautes expliquer à d’autres internautes qui se questionnaient eux aussi, sur Facebook ou des forums, le pourquoi de cette forme et le lien que cela entretenait avec le fond et plus les échanges étaient passionnants.

De la pédagogie pour dépasser cette forme si présente car le propos va bien plus loin que cette façade, des scientifiques, des zététiciens, des penseurs interviennent tout au long des modules et sur la chaîne DailyMotion de Lazarus.

Pour compléter le dispositif, deux documentaires seront bientôt diffusés par la RTBF puis par France Télévisions. L’un évoque des miracles religieux et l’autre les pseudos pouvoirs de l’esprit (radiésthésie, sourciers, marche sur le feu…) toujours avec ce but de mettre à jour une grille d’analyse et de décryptage.

Pour la diffusion, le parti pris par la RTBF est aussi innovant : successivement les 14 et 21 juin, chaque documentaire d’une heure sera diffusé à 20h exclusivement sur le site de la chaîne et accompagné d’un tchat avec un scientifique et Lazarus (himself !). Puis le film sera diffusé à 21h sur l’antenne hertzienne de la RTBF. Double ration pour les rationnalistes.

On pourrait être tenté de dire que les propos de Lazarus laissent parfois sceptiques mais c’est sans doute son but. Les démonstrations sur les croyances mystiques sont efficaces, choisir d’analyser également nos croyances sociales est un angle intéressant même si certains chiffres cités dans quelques modules (comme la démocratie par exemple) mériteraient d’être sourcés pour étayer la démonstration et ne pas rester uniquement dans cette atmosphère mystérieuse, passer plus rapidement dans ce concret que ce matérialiste défend.

Après une heure d’échanges avec le producteur du projet, on ne sait toujours pas réellement qui est Lazarus. Patric Jean qualifie ainsi :

Un rationaliste progressiste un peu anarchiste, libre-penseur. Il se dit inspiré par les Lumières. Il défend des valeurs d’égalité, de fraternité. Vu qu’il défend une pensée sceptique humaniste, il exprime de la sympathie pour différents combats: homosexuels, femmes, indignés, anonymes… Évidemment, il insiste en permanence sur un positionnement philosophique matérialiste et à ce titre défend la méthode scientifique dans tous les champs de connaissance.

Lazarus, si l’on dépasse le premier degré, est peut-être, finalement, à la fois clown et magicien. Clown car il ridiculise, retourne, détourne et parasite certaines de nos certitudes (chacun les siennes) et que sans doute, derrière son masque, il s’en amuse. Magicien car il en utilise les codes (sa canne est une réelle canne de magicien) et qu’il joue, au fil des modules, avec ceux qui le regardent comme le magicien nous demandant de choisir une carte. C’est étrange, obscur, on ne saisit pas bien le but au départ, pas toujours plus à l’arrivée mais Lazarus-Mirages est un projet entier et orginial. Et ce personnage masqué mérite que l’on s’assoie confortablement dans le doute pour suivre quelques-uns de ses raisonnements.


Photos et vidéos via Lazarus Mirages, tous droits réservés.

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OWNI+NOVA=Nuit Sujet #2: Hack! http://owni.fr/2011/05/16/owninovanuit-sujet-2-hack-radio-pirate/ http://owni.fr/2011/05/16/owninovanuit-sujet-2-hack-radio-pirate/#comments Mon, 16 May 2011 06:30:51 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=62505 10 mai 1981 : François Mitterrand accède à la présidence de la République avec dans ses valises une série de réformes des médias. Côté radios, certaines vont passer de “pirates” à “libres”. Tiens donc, 30 ans que les flibustiers des ondes sont rentrés dans le cadre légal. Un prétexte comme un autre pour aborder une notion à visage multiple : la piraterie.

Savoir si quelqu’un ou non doit être qualifié de pirate est une question dont la réponse appartient à celui qui a le pouvoir

En une phrase à peine, on sent que ce n’est pas gagné et que là, pour le coup, si on veut vraiment parler de “culture” pirate, si on se pose deux secondes la question, alors on sent vite l’avalanche de pistes, de sujets, d’interrogations…

Six heures pour causer hack, piraterie et autres flibusteries, ce sera un minimum. Le temps qu’OWNI et Nova filent dans un recoin sombre – tel un Clark Kent foutraque hybridé – et reviennent fusionnés en “Nuit Sujet”, ça sera l’opus n°2 : “Hack!” parce qu’après “Dégage!” fallait que ça claque !

Qu’y a-t-il de commun entre l’image d’Épinal du drapeau noir à tête de mort flottant au large et l’ado qui récupère films, jeux ou mp3 en peer-to-peer ? Qu’est-ce qui lie le pirate agissant au large de la  Somalie au hacker qui se joue des secrets du réseau ? Qu’est-ce qui rapproche l’exil de capitaux dans les paradis fiscaux et des allumés qui ont décidé que défendre “l’abrogation des lois de la pesanteur préjudiciables aux buveurs” lors d’une élection présidentielle ?

Chic, on Hack !

Tous détournent, piratent, hackent, bidouillent, s’immiscent volontairement ou non dans les interstices de la légalité, voire carrément en dehors. Ils cherchent l’autrement, (re)créent d’autres espaces, investissent ceux délaissés. La piraterie c’est un territoire : maritime au XVIième siècle, liquide comme les flux numériques aujourd’hui et encore indéfini pour demain, en perpétuel mouvement, toujours protéiforme.

Hacker, c’est sans doute aussi une volonté de se réapproprier ce que l’on estime libre, ouvert, accessible à tous, “piller le pilleur” comme l’affirmaient certains capitaines de vaisseaux. Une façon de bidouiller le système pour rééquilibrer les forces, de promouvoir le partage, d’ouvrir des champs de recherches insoupçonnés, de créer des usages insoupçonnables, de hisser l’échange en étendard et de stimuler la créativité à tout prix sauf celui de vente. “Du bon usage de la piraterie” comme l’écrit Florent Latrive…

Tout se pirate et nous sommes tous pirates. Du coup autant en causer ensemble.

Avec un pareil sujet, on a plus que nécessaire pour remplir une antenne, on a même de quoi déborder dans une web-application dédiée revue et corrigée sur laquelle vous pourrez commencer à échanger en amont de l’émission, pendant et après.

On parlera de hack politique, économique, culturel, IRL, biologique. On évoquera flibustiers, DIY, monnaies libres, détournement d’objets, arduino, street art, propriété intellecutelle et droits d’auteurs. Un gros mashup de possibles, un fourre-tout de contre-culture qui devrait poser pas mal de questions et peut-être dessiner quelques réponses.

Alors c’est reparti pour 360 minutes d’antenne, une révolution, encore une.

Rendez-vous de vive voix, le 30 mai, 20h.

Et dès maintenant sur la web-application dédiée

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Retrouvez les 6 heures d’antennes de la Nuit Sujet #1 : Dégage !

L’implication des réseaux sociaux dans les révolutions du Maghreb

La communication et le marketing  des révolutions

Les expériences web comme outil de lutte, ailleurs dans le monde

La prédiction des révolutions par l’open-data

Le potentiel révolutionnaire du web français

Le web est-il un outil de la démocratie ?

La Nuit Sujet #1 en images

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et la webapp de ce numéro #1

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TED 2011: le voeu de JR http://owni.fr/2011/04/07/ted-2011-le-voeu-de-jr/ http://owni.fr/2011/04/07/ted-2011-le-voeu-de-jr/#comments Thu, 07 Apr 2011 17:00:26 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=55631

En octobre dernier, l’artiste français JR recevait le prix TED pour l’ensemble de son travail depuis 10 ans. Au-delà de la reconnaissance de la communauté TED, ce prix engage surtout son bénéficiaire à annoncer un “voeu” quelques mois plus tard. “A wish to change the world” – simple, non ?

JR est donc remonté sur la scène de TED pour présenter son projet autour de la question “L’art peut-il changer le monde ?”.

24 minutes d’intervention sur le fil, où JR nous embarque à bord de ses folles virées toutes aussi pleines d’humour que d’humilité, avec toujours comme moteur ce désir de créer du lien, des ponts, du regard et de l’échange.

Allez, quelques morceaux choisis pour vous mettre l’eau à la bouche :

La ville est la meilleure galerie que je pouvais imaginer, j’étais confronté directement avec le public, dans les rues.

Et elle a dit : “Vous savez quoi ? Nous avons faim de culture. Nous avons besoin de culture là dehors”.

Ce que nous voyons change ce que nous sommes.

> Photos CC FlickR : PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Nicolas Haeringer

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OWNI+NOVA=Nuit Sujet #1: Dégage ! http://owni.fr/2011/03/10/owninovanuit-sujet-1-degage-2011-03-22/ http://owni.fr/2011/03/10/owninovanuit-sujet-1-degage-2011-03-22/#comments Thu, 10 Mar 2011 12:19:27 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=50607 C’était un midi. L’hiver approchait à grand pas et OWNI avait rendez-vous avec NOVA. Du coup, forcément, on est allé se caler bien au chaud dans un lieu de ripailles, juste assez proche de la soucoupe pour ne pas se perdre au retour. Non, c’est sûr. Pas au retour.

C’est au déjeuner que l’on s’est perdu. Une première rencontre autour d’une table. Un déjeuner en mode “challenge”. Non mais sincèrement… OWNI et NOVA, c’est juste fou, à l’origine. Une soucoupe rencontrant une étoile en explosion, c’est comme si cela coulait de source. Il y avait comme une évidence qui planait. Restait à l’affirmer et la rendre tangible.

Les plats défilent, quelques bouteilles se vident, on se présente, on s’explique, on se tourne autour, entre round d’observation et parade nuptiale. Oui, on aimerait bien s’échanger, croiser nos équipes, tenter des choses. Mais pas du traditionnel, pas du tout cuit / tout écrit. Pas du connu. Non, de la surprise, du déjanté, du grisant, de l’innové… Comme on sait le faire aussi bien chez OWNI que chez NOVA.

Et l’idée qui tombe d’un coup, là comme ça, en plein dans nos assiettes, entre nos envies et nos hésitations : et une nuit à deux ? Oui après tout. C’est simple. Juste nous deux, toute une nuit. NOVA et OWNI. No ? Oui !

Alors forcément, on hésite, comme devant un cadeau trop gros…
Tu sais, le truc que tu attends depuis si longtemps que le jour où il t’est livré sur un plateau, t’oses pas y toucher. Mais l’idée s’installe à table. Elle est séduisante et sacrément féroce. Sans réfléchir, on la suit, on trace les grandes lignes, des grands coups de crayons pour dessiner une folie douce. On imagine les extrêmes, on pousse les murs, on décale le temps. On s’emballe et c’est sacrément bon !

Et puis la fin du dej’, comme un réveil qui sonne trop tôt. Addition, tout le monde redescend sur terre. Laissons passer l’agitation gargantuesque et rappellons-nous. Mettre les idées éthyliques à l’épreuve du temps, toujours.

Quelques semaines plus tard, frais et dispos, rendez-vous est pris pour une nouvelle rencontre autour d’une table, dans un bureau cette fois-ci. Si l’ambiance et le décor sont différents, l’envie reste la même, des deux côtés. Il semblerait qu’on tienne vraiment notre histoire, notre point de rencontre, notre nuit.
Ok, alors du concret. Qui, quoi, pourquoi, sur quoi ?

Jump-cut. Quelques réunions / déjeuners / mails et GoogleDocs plus tard la “Nuit Sujet” est là, devant nous, ouverte. Aujourd’hui elle est même à J-12. Un bon âge pour vous la présenter.
Celle-ci s’appellera “Dégage !” et débutera le 22 mars prochain à 20 heures pour se clore dans la nuit du 23 à 2 heures du matin. Ou plus si affinités…

Du fond, du décalé et du foutraque

L’émission, car il faut bien l’appeler ainsi, sera hybride. Un « Big Foutoir » numérique et radiophonique sur la mise en réseau du monde. Le sujet peut sembler vaste, mais en une nuit, on a de quoi se poser pas mal de questions : le soulèvement dans les pays arabes, la « contagion démocratique », les « révolutions Facebook »… Au-delà des mots qui rangent les mutations dans leurs valises, nous avons décidé d’inventer un espace de débat, de réflexion et d’… anticipation. Une bulle de six heures pour interroger la mise en réseau et ses impacts sur un mouvement politique global « Dégage ! ».

Maintenant, à la lumière d’hier, et en essayant d’imaginer demain.
Là-bas, peut-être ailleurs, et enfin « pourquoi pas ici ».

Au menu : des invités en plateau, et sur Skype avec l’aide du réseau de blogueurs Global Voices, de l’« hacktivisme » et du « maptivisme », des indicateurs à surveiller, des données à partager et à compléter. Et bien sûr de la cyber culture, du punk à clicks, du hash-taggeur et même du lol.

La nuit s’annonce chargée… Aussi bien sur les ondes que sur les réseaux.
Pour l’occasion, nos deux sites, OWNI et NOVA, seront hackés par une web-application qui vous permettra d’écouter le live audio, d’aller plus loin à coup de liens, d’images, de citations. Vous pourrez aussi y suivre le fil Twitter du hashtag dédié (#nuitsujet) et des jauges déjantées (répétition de mots, point Godwin, niveau d’alcoolémie ambiant… ) qui planeront sur nous comme une réglette en fer prête à recentrer le débat dès que nécessaire.

Bref, une gamberge réjouissante et expérimentale à laquelle vous êtes toutes et tous conviés sur Twitter, Facebook ou quoi que ce soit d’autre.

Et ça commence dès aujourd’hui : faites-nous part de vos envies, questions, sujets, anecdotes, initiatives, folies dans les commentaires, sur la page de l’événement, ou par mail (nuitsujet@owni.fr). Montez à bord ! Entre la croisière s’amuse et le vaisseau Enterprise, un chose est sûre, ce sera une sacré fête-radio qui fera peut-être tomber – sans faire exprès – un autre régime…

Rendez-vous le 22 mars dès 20 heures !

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Ebook: le cahier réseaux sociaux 2010 http://owni.fr/2010/12/27/ebook-twitter-facebook/ http://owni.fr/2010/12/27/ebook-twitter-facebook/#comments Mon, 27 Dec 2010 15:24:56 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=40141 Avec cent millions d’inscrits supplémentaires sur l’année 2010, Twitter a connu un véritable boom alors que le 21 juillet dernier le géant des réseaux-sociaux, Facebook, dépassait les cinq cent millions d’utilisateurs. Plus que jamais le web se fait social et les internautes, par leurs usages, font du réseau une immense place publique où ils viennent échanger plus ou moins librement.

L’explosion des réseaux sociaux modifie profondément la géométrie d’Internet. De nouvelles habitudes naissent, se propagent et disparaissent parfois aussitôt. Beaucoup de questions se posent à commencer par la réalité d’une socialisation numérique, comme si l’on ne pouvait s’empêcher de confronter monde virtuel et monde réel, alors que les deux sont profondément entremêlés.

Qu’importe si les intellectuels restent jusqu’à aujourd’hui globalement silencieux, les utilisateurs eux-même s’interrogent, cherchent et innovent. Premiers acteurs de cette évolution, ils sont peut-être les plus à même de l’analyser.
Qu’ils embarquent les réseaux sociaux dans leur classe lorsqu’ils sont enseignants ou qu’ils créent de nouvelles plateformes plus libres comme diaspora, ils savent s’emparer de ces nouvelles pratiques et les transformer.

Décryptages et questionnements avec neuf articles parus sur OWNI au fil de l’année 2010.

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[interview] Le modèle des prisons ouvertes http://owni.fr/2010/11/23/itw-le-modele-des-prisons-ouvertes/ http://owni.fr/2010/11/23/itw-le-modele-des-prisons-ouvertes/#comments Tue, 23 Nov 2010 12:27:15 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=36676 Il existe aujourd’hui en France une prison qui n’est pas sur le modèle “traditionnel” des prisons fermées. Elle est en Corse, à Casabianda. C’est une prison construite sur un modèle ouvert. Tel que décrit lors du Congrès Pénal et Pénitentiaire International de La Haye en août 1950:

Le terme « établissement ouvert » désigne un établissement pénitentiaire dans lequel les mesures préventives contre l’évasion ne résident pas dans des obstacles matériels tels que murs, serrures, barreaux ou gardes supplémentaires.

Le modèle existe depuis plus de deux siècles et s’est répandu largement en Europe ces dernières décennies. Au Danemark ou en Finlande par exemple, plus de 30% des places du système carcéral sont en régime pénitentiaire ouvert, presque 25% en Suède, 16% en Suisse, 8% en Angleterre et au Pays de Galles. Et en France ? 0.37%.

En mars dernier, un rapport a été rendu au Ministère de la Justice à propos de ce régime particulier des prisons ouvertes, notamment sur la faisabilité de son développement au sein du parc pénitentiaire français. Interview avec Paul-Roger Gontard, auteur de ce rapport.

Historiquement, d’où vient le modèle des prisons ouvertes ?

Il serait né, d’après mes recherches, en Espagne dans le premier tiers du XIXieme siècle. C’est un espagnol qui aurait ouvert la première prison ouverte, au début des années 1830. Ensuite, un anglais expérimentera ce modèle dans une petite île, Norfolk Island, qui est bloquée entre la Nouvelle Zélande et la Nouvelle Calédonie. Elle avait la particularité d’accueillir les pires détenus d’Angleterre.

À cette époque là, on pratiquait encore la déportation, les détenus anglais étaient envoyés en Australie et ceux qui n’arrivaient pas à s’implanter et commettaient de nouveaux crimes étaient envoyés sur Norfolk Island. On les appelait les deux fois condamnés et pourtant, malgré cette particularité de détenus plutôt difficiles, c’est une des premières prisons ouvertes qui s’est installée sur cette île avec cette population pénale.

C’est un modèle très ancien, l’un des premiers modèles pénitentiaires. Il arrive quelques dizaines d’années après ceux de Philadelphie et d’Auburn. C’est un modèle très ancien et qui a fait ses preuves depuis très longtemps.

Quels sont les enjeux de ce type d’établissements ?

Les établissements qui utilisent le régime ouvert de détention ont en gros 4 gros avantages. Le premier c’est l’humanisation de la détention. Ce modèle d’établissement favorise le respect de la dignité humaine, des droits des détenus plus facilement que tout autre type de prison.

Ensuite, la réinsertion. C’est un établissement qui, par son fonctionnement, est propice au travail des détenus, à la formation, aux soins et, compte tenu de son fonctionnement qui est basé sur la normalisation – se rapprocher le plus possible de la vie libre – permet de réhabituer chaque individu à un quotidien avec des horaires, des contraintes, des objectifs, un travail en commun. Ce qui favorise évidemment la réinsertion.

C’est un modèle de prisons qui permet de dédommager plus facilement les victimes puisque le travail a une place extrêmement prépondérante. Les détenus sont incités à commencer à payer leur parties civiles lorsqu’ils passent une partie de leur détention dans une prison ouverte.

Enfin, c’est un mode d’établissement que l’on peut qualifier d’économique. Non seulement il coûte moins cher puisque les coûts d’encadrement sont souvent inférieurs aux autres types de modèle pénitentiaire. Les infrastructures sont beaucoup plus souples, moins imposantes : pas de murs, pas de glacis, pas de filets anti-hélicoptères. Donc tant par la construction que par son fonctionnement, c’est un mode de détention plus économe. Qui plus est, lorsque le fonctionnement de cette prison est basé sur une activité économique, c’est une prison qui peut rapporter de l’argent à la collectivité.

Comment les détenus que vous avez pu rencontrer vivent-ils ce passage en prison ouverte ?

Tout d’abord, ils se rendent compte le plus souvent que l’incarcération dans une détention de ce type est une exception et que comme toute exception, il faut prendre garde à ce qu’elle ne disparaisse pas pour eux-même ou pour les autres. Ils se rendent compte qu’il y a des règles à respecter et que si ces règles ne sont pas respectées par eux-même ou par les autres membres de la communauté pénitentiaire, on risque soit de les renvoyer eux-même dans des prisons fermées, soit de limiter les libertés que l’on peut trouver dans des prisons ouvertes.

C’est important de se rendre compte qu’ils s’approprient souvent le modèle et de considérer qu’ils considèrent que c’est une chance pour eux d’être dans une prison ouverte. Ils en tirent donc un bénéfice conscient.

Il y a un détenu qui m’a dit un jour : “on ne redresse pas un clou rouillé en le mettant dans une boîte fermée”. J’ai trouvé que le message était intéressant. Il considère que ce n’est pas en mettant quelqu’un dans neuf mètres carré, enfermé vingt-trois heures sur vingt-quatre, que ce n’est pas ce mode là qui va permettre à un individu de se redresser, de redevenir un homme libre, un homme conscient de sa responsabilité et conscient de ses choix, conscient des conséquences de ses actes.

Le régime d’exception est donc le garant de la réussite de ce type d’établissement ?

C’est certain. On ne peut pas imaginer que tout le champ pénitentiaire soit dans ce modèle là. Par contre, une proportion même sensible comme dans les pays du nord de l’Europe – ça peut être jusqu’à un quart voir un tiers de la détention – est propice à rendre compte de l’exception que c’est dans le champ pénitentiaire tout en permettant au plus grand nombre, en tout cas tout ceux qui peuvent en bénéficier, d’accéder à ce régime là.

Quels seraient les critères de sélection pour accéder à ce régime ?

Il y a deux grands ensembles de critères : les critères matériels et des critères individuels. Les critères matériels sont par exemple le quantum de peine (la durée de la peine qui a été prononcée par le juge) ou le reliquat de peine. On a en France, par notre code de procédure pénale, tout un dispositif d’aménagement de peine à partir d’une certaine durée qui rend accessible pour les détenus finalement plus une vie libre qu’un régime de détention fermé.

À ces deux éléments vous en rajoutez un troisième qui est, dans certains pays, le facteur infractionnel (quelle est l’infraction qu’a commis le détenu ?). Par exemple en Autriche, les détenus incendiaires ou les détenus pour infraction sexuelle ne sont pas autorisés à intégrer les prisons ouvertes.

Ensuite il y a des critères plus individuels qui nécessitent des évaluations, notamment la dangerosité du détenu, son parcours pénitentiaire, son volontariat (il faut être volontaire pour intégrer une prison ouverte), son comportement vis-à-vis de l’infraction qu’il a commis ou vis-à-vis des parties civiles.

Je vais vous donner un exemple. En Pologne, pour pouvoir rentrer en prison ouverte, pour les peines de perpétuité, il faut avoir exécuté au moins vingt ans de détention. En France, nous n’en sommes pas du tout à ces réflexions là, mais c’est pour vous donner des critères qui peuvent exister. On peut estimer par exemple que, pour les peines de réclusion criminelle, une exécution de la moitié de la peine en prison fermée pourrait être exigible.

Ce sont des principes qui doivent mériter des exceptions. Chaque cas est particulier et chaque dossier mérite d’être étudié individuellement. Poser ce principe, c’est finalement plus pour arriver à se donner un indicateur chiffré du nombre de détenus éligibles à ce régime que de dire “on exclura d’office tous ceux qui ne remplissent pas ces critères”.

D’après votre étude, combien de détenus seraient éligibles en France ?

Je me suis simplement basé sur les infractions et sur les reliquats de peine qui sont les indicateurs les plus faciles. En ce qui concerne les reliquats de peine c’était supérieur à deux ans et dont les infractions ne remplissent pas certains critères (infractions liées à la criminalité organisée, celles liées à des faits de violences, de dégradations volontaires, les infractions sexuelles qui ne sont pas commises dans le milieu intra-familial…).

Tout ces critères m’ont permis d’estimer à plusieurs milliers le nombre de détenus français éligibles théoriquement à ce régime. En retenant simplement 10% de cette masse comme pouvant être volontaire pour intégrer le régime pénitentiaire ouvert, j’ai estimé que l’on pourrait ouvrir assez aisément trois ou quatre nouveaux établissements pénitentiaires de ce régime. Chacun pouvant accueillir 150 détenus.

Vous parlez de volontariat, pouvez-vous m’en dire plus sur ce point ?

Le régime des prisons ouvertes fonctionne avec des contraintes non-négligeables. Devoir se lever le matin à 6h30 pour aller couper des sternes de bois, comme c’est le cas par exemple à Casabianda, tous les détenus ne sont pas prêts à le faire. Il y a des détenus qui considèrent que passer vingt-trois heures sur vingt-quatre dans l’oisiveté est parfois plus acceptable que de devoir travailler toute la journée.

C’est quelque chose d’inquiétant pour une société comme la nôtre d’avoir des individus autant désocialisés et autant marginalisés par rapport aux canons des comportements sociaux que l’on est en droit d’attendre mais c’est la réalité. Notamment dans des public plus jeunes et qui n’ont jamais véritablement eût accès à une activité économique, à un travail.

Aller en prison ouverte c’est accepter de travailler, d’avoir des horaires, d’avoir parfois des objectifs de production et le plus souvent (et c’est un facteur de resocialisation) de travailler en équipe avec des responsables qui vous donnent des obligations et qui vous responsabilisent. Tous ces facteurs là font qu’il y a des détenus qui disent “moi ça ne m’intéresse pas”.

Est-ce un modèle d’établissement compatible avec le champ pénitentiaire français ?

Le fait que Casabianda existe, le prouve. Sinon on en n’aurait aucune. Elle existe depuis soixante ans et depuis soixante ans il y a eu d’autres expériences ouvertes qui ont duré plusieurs années, voire plusieurs dizaine d’années.

Notre champ pénitentiaire est adapté à ce type d’établissement. Les choix politiques ont été simplement différents d’un pays à l’autre en Europe et nos choix politiques ont été le plus souvent de favoriser l’exécution des peines en milieu ouvert et non pas en prisons ouvertes. C’est la nuance qui explique que certains pays ont plus adopté les prisons ouvertes que d’autres. Si l’on ajoute à ça un fond culturel qui favorise ce modèle dans les pays du nord de l’Europe et vous comprenez pourquoi la France est passablement en retard par rapport à la moyenne européenne.

Sur le plan réglementaire, il y aurait quelques modifications qui rendraient le développement plus facile mais encore une fois s’il y avait des obstacles, Casabianda ne pourrait pas fonctionner.

Une distinction qui existait par le passé faisait que les centres de détention en régime ouvert étaient distincts des centres de détention en régime fermé dans le code de procédure pénale. Rétablir cette distinction mettrait en exergue qu’il y a deux types de prisons d’exécution de peine qui peuvent exister sur le territoire français.

Faire également un travail de dépoussiérage de certains articles du code de procédure permettrait de réadapter notamment l’utilisation des moyens de sécurité dans les prisons. Mais objectivement, si Casabianda existe, il n’y a pas d’obstacle ni légal, ni réglementaire au fonctionnement des prisons ouvertes en France.

Peut-on comparer le PSE (Placement sous Surveillance Électronique) et prisons ouvertes ?

C’est une question de profil. On peut considérer que certains individus sont plus aptes à réintégrer tout de suite le milieu ouvert et que d’autres pourraient passer par le sas de la prison ouverte avant de réintégrer la vie libre. La prison ouverte s’entend comme une étape entre le régime fermé et le monde libre. Elle est parfois même la base d’aménagements de peine.

C’est d’ailleurs son origine institutionnelle. Quand, au milieu du XIXieme siècle, Walter Crofton institue la prison ouverte dans le régime pénitentiaire irlandais, c’était la base de la libération conditionnelle. Un libéré conditionnel ne pouvait obtenir ce type de libération là qu’à condition d’être passé par le troisième degré pénitentiaire qui était une prison ouverte.

Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’un modèle est mieux ou moins bien que l’autre entre le PSE ou la prison ouverte. C’est simplement en fonction d’un profil de détenu. Il faut le plus possible diversifier les offres d’exécution de peine pour que chaque individu trouve celle qui est la plus adapté à son profil.

Votre étude est sortie au printemps dernier, qu’en est-il en terme de volonté politique depuis ?

L’ancien secrétaire d’État à la Justice, Jean-Marie Boeckel, a missionné l’administration pénitentiaire pour lui faire des propositions concrètes. À l’horizon 2015 – 2017, il y a un nouveau programme immobilier et c’est dans le cadre de ce programme que l’administration pénitentiaire a proposé d’inclure les prisons ouvertes.

Actuellement, elle travaille sur l’élaboration d’un modèle d’interprétation à la française des prisons ouvertes pour qu’à l’horizon 2015 – 2017, un, deux ou trois établissements voient le jour avec ce fameux régime pénitentiaire ouvert, qu’ils soient autonomes ou rattachés à une prison fermée.

Crédits photos cc FlickR : Thomas Hawk, Funky64 (www.lucarossato.com), ƅethan.

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[video] A life on Facebook: to live & log-out http://owni.fr/2010/11/12/a-life-on-facebook-to-live-and-log-out/ http://owni.fr/2010/11/12/a-life-on-facebook-to-live-and-log-out/#comments Fri, 12 Nov 2010 10:33:46 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=35434 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Postée il y a deux jours à peine, cette vidéo tourne à n’en plus finir. Déjà presque 600.000 vues sur YouTube, c’est dire que le réseau s’en est emparé en quelques octets-secondes. Pourquoi ? Sans doute car ce court film réalisé par Maxime Luère raconte une chose simple : une vie, à travers un media que l’on connaît presque autant qu’il nous connait : Facebook.

“A new way of life” où tout se partage plus vite, avec plus de monde, où l’émotion est à portée de clic, où la vie se raconte aussi et de plus en plus sur nos écrans. Comme un immense récit à ciel ouvert, une timeline/timelife si simple à scroller, toujours emplie des mêmes passions qui nous agitent depuis des siècles.

Une rencontre en un like, une séparation en règle par mur interposé (merci le photo-tag!) et quelques pokes plus loin une famille. Tout y est, porté par un “Paint-it black” toujours aussi frais, ça file et on se prend au je(u) de ce double. Alex Droner est sans doute notre avatar et sa “Vie sur Facebook”, nous laisse avec un sourire au lèvres. Une histoire d’aujourd’hui, juste.

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JR primé par TED http://owni.fr/2010/10/20/jr-prime-par-ted/ http://owni.fr/2010/10/20/jr-prime-par-ted/#comments Wed, 20 Oct 2010 13:18:18 +0000 Julien Goetz http://owni.fr/?p=32594 Le nom de l’heureux élu du prix TED 2011 tient en deux lettres : JR. Le photographe français vient d’être récompensé pour l’ensemble de son travail depuis dix ans. Tout a commencé en 2000 avec un appareil photo trouvé dans le métro parisien. Depuis, JR n’a plus lâché le déclencheur et il s’est offert le luxe de la plus grande galerie d’exposition au monde : la rue.

Ancrées dans la mouvance des activistes urbains, ses actions investissent l’espace public de manière magistrale. Les très grands formats qu’il colle sur les murs de nos villes transforment à la fois notre regard et notre environnement. Dans une société gavée d’images, celles de JR ont un impact hors normes. Elles redessinent la géographie de notre quotidien visuel et replacent l’humain au premier plan.

Parmi ses projets importants, on peut citer “Portraits d’une génération” (2006) où il affichait des portraits grands format de jeunes de banlieue dans des quartiers bourgeois de Paris. Illégal à l’origine, ce projet est devenu légal lorsque la mairie de Paris a choisi de mettre ces photographies sur ses bâtiments.

En 2007, il déploie la plus grande exposition illégale jamais réalisée : “Face 2 Face” : d’immenses portraits d’Israéliens et de Palestiniens qui se font face non seulement dans huit villes palestiniennes et israéliennes mais aussi de part et d’autre de la barrière de sécurité. Un tour de force vu les conditions drastiques de contrôle sur place.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Women are heroes“, son dernier projet, l’emmène tout autour du globe pour réaliser des portraits de femmes qu’il affiche ensuite en très grand format : dans le bidonville de Kiberia à Nairobi (Kenya) d’abord, puis au Cambodge (Phnom Penh) et en Inde (New-Delhi et Jaïpur), au Brésil (Rio de Janeiro) et l’an dernier à Paris, sur les quais de Seine. Il en a d’ailleurs tiré un film, présenté à la semaine de la critique lors du dernier Festival de Cannes, qui devrait sortir en janvier 2011.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cerise sur le gâteau, JR refuse catégoriquement de se mettre en avant. Il n’apparait jamais clairement sur les photos, son identité n’est pas connue du grand public. Observateur engagé, il préfère rester en retrait derrière l’anonymat de son objectif et laisser ses installations créer le dialogue. Aucune réponse dans sa démarche, aucune pensée pré-mâchée, simplement des visages affichés sur nos murs comme autant de questions, d’invitations à la rencontre.

Le prix TED se compose d’une dotation de 100.000 dollars et de la mise en place d’un projet unique “A wish to change the world” où chaque année le bénéficiaire du prix développe une idée qui lui tient à cœur avec le soutient concret de la communauté TED. Cette année, le projet devrait donc questionner notre rapport à l’image et la place de l’art au cœur de nos vi(ll)es, comme espace d’échanges et de socialisation. Le “vœu” de JR sera annoncé en février prochain à Long Beach (Californie), à l’occasion de TED 2011. À suivre…

Le site de JR

Découvrez l’interview de JR sur le site de TED

Quelques vidéos des actions de JR

(et d’autres à découvrir sur sa chaîne DailyMotion)

Collages sur les murs de Montfermeil en 2004

Cliquer ici pour voir la vidéo.

JR sur les murs de la Tate Modern Gallery à Londres

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Action de collage à Bruxelles en 2008

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Extrait du film à venir : “Women are heroes”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

“Women are heroes” sur les quais de Seine

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Crédit photo cc FlickR : erase, F4BZ3F4B.

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