OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les espions recyclent Android http://owni.fr/2012/01/31/la-nsa-recycle-android/ http://owni.fr/2012/01/31/la-nsa-recycle-android/#comments Tue, 31 Jan 2012 15:29:45 +0000 Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=96671

Son nom : SE Android, pour Security Enhanced (Sécurité Renforcée) Android. Sa mission : “identifier et résoudre les graves failles dans la sécurité d’Android”. Le tout, estampillé NSA, pour National security agency, les services de renseignement américains en charge de l’espionnage des télécommunications étrangères, mais également de la sécurisation des télécommunications gouvernementales américaines.

Pour faire simple, SE Android limite les dommages que pourrait entraîner une application malveillante sur les données du téléphone. Car des applications malveillantes, l’Android Market – équivalent de l’App Store d’Apple – en a hébergé beaucoup. Si certaines laissaient peser la menace d’appels indésirables et surtaxés, d’autres permettaient d’activer à distance le micro du téléphone ou encore de lire le contenu des SMS de l’utilisateur.

Chaque jour, il se vend pas moins de 700 000 téléphones fonctionnant sous Android dans le monde. Dont on peut penser que quelques-uns sont achetés par les membres des ministères et agences gouvernementales états-uniennes. Soucieuse de remplir sa mission de sécurisation des télécommunications gouvernementales, la NSA a donc publié début janvier la première mouture de SE Android. Une extension qui n’est en fait pas si nouvelle : elle est basée sur SE Linux, un autre module de sécurité développé par la NSA spécialement pour Linux, le célèbre système d’exploitation open source.

Open source, le code de SE Android l’est aussi. Il est donc accessible à tous les développeurs amateurs ou professionnels qui veulent “l’auditer”, comme on dit dans le milieu. De quoi dissiper toute inquiétude quant aux intentions réelles de la NSA. En théorie.

Entrée par la porte de derrière

Car la NSA ne se contente pas de sécuriser les télécommunications du gouvernement américain, elle exerce également une mission de renseignement électromagnétique. Aussi appelé interception des télécommunications. D’ailleurs, son site Internet donne le ton :

Nous recueillons l’information que les adversaires des Etats-Unis souhaitent garder secrète.

Vue sous cet angle, la sortie d’un Android amélioré par la NSA a une autre teneur. En témoignent ces commentaires méfiants glanés sur les nombreux sites de fans du système d’exploitation :

Ces “petits mouchards indétectables” pointés du doigt, ce sont les “portes dérobées” (backdoors en anglais), un genre de cheval de Troie qui permet de prendre à distance le contrôle d’un système informatique. Et donc de récupérer les données d’un utilisateur à son insu. Le problème, comme l’indique un ingénieur de recherche en sécurité informatique qui n’a pas souhaité être cité, c’est “[qu’]il est très facile d’insérer une backdoor et de la noyer au milieu de milliers de lignes de code”.

Des soupçons d’espionnage au moyen de chevaux de Troie, le gouvernement américain en a d’ailleurs connu beaucoup. En janvier 2007, un scandale éclate aux Etats-Unis lorsque la NSA admet avoir travaillé avec Microsoft à la sécurisation de Windows Vista. Deux ans plus tard, la polémique rebondit pour la même raison à propos de Windows 7, la dernière version du système d’exploitation le plus utilisé au monde. Enfin, en décembre 2010, les doutes sur les intentions des services gouvernementaux américains culminent avec l’affaire Open BSD. Gregory Perry, ingénieur informatique, révèle que son ancienne société, NETSEC, a introduit des portes dérobées dans le code d’Open BSD, un système d’exploitation libre comparable à Linux. Et qu’il remplissait-là son contrat avec le Federal Bureau of Investigation (FBI), le service de renseignement intérieur des Etats-Unis.

Cela dit, les nombreux experts en informatique interrogés par OWNI font part de leurs doutes sur d’éventuelles portes dérobées dans SE Android. Radoniaina Andriatsimandefitra, thésard à l’Ecole supérieure d’électricité de Rennes :

D’après mon premier examen du code de SE Android, rien n’indique la présence de backdoors mises en place dans le but d’intercepter les données du téléphone. De plus, un code disponible en open source est relu par un bon nombre de personnes ce qui augmente la possibilité de détection avant usage même du produit.
Cependant, même si une telle chose paraît improbable, elle n’est pas à exclure.

Même avis pour Cédric Blancher, chercheur au laboratoire en sécurité informatique d’EADS Innovation Works :

La NSA prendrait un risque énorme à laisser traîner une backdoor dans son code, considérant la probabilité non négligeable que celle-ci soit découverte un jour.

L’argument open source revient sans cesse : parce que le code informatique de SE Android est vérifiable par quiconque souhaite mettre la main dans le cambouis, il semble peu probable que la NSA y ait inséré une porte dérobée. La densité du code de SE Android pourrait néanmoins réserver des surprises : “On pourrait y découvrir un cheval de Troie dans seulement dix ans !”, lance un ingénieur informatique.

Sous-traitance bon marché

En fait, l’intérêt de la NSA à rendre publique et libre d’accès une extension de sécurité pour Android se niche ailleurs. La licence libre est une nouvelle façon pour les services de renseignement américains d’imposer leurs propres standards de sécurité aux téléphones du monde entier. La pilule passe mieux que lors d’une annonce de collaboration NSA/Microsoft.

Mais l’open source a un autre avantage pour la NSA. Selon Radoniaina Andriatsimandefitra :

En agissant de la sorte, elle s’offre la possibilité de déléguer une partie du développement et de la maintenance à des développeurs issus de la communauté libre.

Un code de sécurité maintenu et enrichi gratuitement par une communauté de fans, que rêver de mieux pour la NSA ? Pas sûr, cela dit, que l’agence de sécurité rende la pareille, d’après Cédric Blancher :

Ils se serviront sans doute de SE Android comme socle à d’autres développement conservés en interne.

Ces développeurs contribueront peut-être aussi aux avancées du futur smartphone destiné aux soldats de l’armée américaine. Qui, comme par hasard, tourne sous Android.


Photos par Scarigamy (CC-bysa) et Solo (CC-byncsa)

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La Soucoupe s’est posée sur LeWeb10 http://owni.fr/2010/12/08/la-soucoupe-sest-posee-sur-leweb10/ http://owni.fr/2010/12/08/la-soucoupe-sest-posee-sur-leweb10/#comments Wed, 08 Dec 2010 07:38:26 +0000 [Enikao] http://owni.fr/2010/12/08/la-soucoupe-sest-posee-sur-leweb10/ Cette année encore, Le Web est l’occasion pour la planète nouvelles technologies de se retrouver à côté de Paris, aux Docks de la Plaine Saint-Denis, autour de start-ups et d’entreprises déjà bien établies, pour discuter des tendances, nouer des contacts, et écouter quelques speakers venus de divers univers.

L’événement organisé par Loïc et Géraldine Le Meur a pour thème cette année : les plateformes (et ce n’est pas un hommage à Houellebecq).

  • Les conférences de la plénière peuvent être visionnées en direct sur ustream.
  • Le hashtag sur Twitter à suivre est #leweb.
  • Le pearltrees officiel.

Cet article est mis à jour au fur et à mesure de la journée.

Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan est le premier à intervenir. L’industrie automobile semble être moins innovante ? Le sentiment est en tout cas répandu, et le désamour semble profond dans l’opinion des pays développés : la voiture devient une nécessité pénible plus qu’une aspiration teintée d’affect. Le développement de la Mégane a coûté 2 milliards : Renault s’est inspiré des méthodes japonaises de Nissan : benchmarks, partage, automatisation.

Les questions énergétiques et environnementales, prégnantes dans l’opinion publique, sont devenues les premières sources d’innovation chez Renault et Nissan, en particulier dans le domaine des batteries électriques et du design, des matières et de la performance des moteurs. Les automobiles représenteraient 12,5 % des émissions de CO2, et sont les principales consommatrices d’énergies fossiles.

Selon Carlos Ghosn, il y a plus d’un milliard de voitures utilisées par jour en 2010, mais avec les progrès rapides des économies émergentes (Inde, Chine, Brésil…) la circulation passera à deux milliards de voitures d’ici 2010. Les villes et infrastructures vont devoir s’adapter.

La voiture électrique est très critiquée pour le moment, sur tous les fronts (fonctionnalités, autonomie…), mais Renault veut pourtant déjà en parler et la vendre sur un front marketing alors qu’elle n’est pas encore complètement au point, afin de préparer les esprits. Carlos Ghosn, faisant un parallèle osé avec le téléphone mobile, y croit pourtant dur comme fer.

Le secteur industriel automobile représenterait 2000 milliards de dollars, la voiture électrique devrait changer la donne et de nouveaux acteurs se feront une place. L’autre grande tendance est la personnalisation ultime de la voiture, pas ses fonctions propres : appareils électroniques embarqués, intérieur, extérieur… Mais les contraintes liées à la sécurité limitent l’innovation, en particulier les appareils qui peuvent détourner l’attention ou qui sont susceptibles de provoquer des dégâts en cas d’accident. Carlos Ghosn annonce que la voiture qui se conduit toute seule est déjà testée en laboratoire.

La Ze trône à l’entrée de Le Web, le modèle présenté a un petit quelque chose de Tron.

Ethan Beard, responsable du développent Facebook, est interrogé par Michael Arrington de TechCrunch. Avec Connect, Facebook est devenu une plateforme qui peut embarquer de nombreux contenus et qui devient un incontournable dans la musique (c’est le premier fournisseur de trafic vers Spotify), la vidéo, les jeux (Zynga et son célèbre Farmville) et même d’autres réseaux sociaux comme Twitter ou Foursquare qui s’insèrent naturellement dans les statuts.

Les utilisateurs de Facebook ont tendance à y rester et Ethan Beard souhaite les encourager à y retrouver leurs contenus favoris, à voir ce que font leurs amis et les contenus qu’ils y propulsent par recommandation.

Les prochains chantiers de Facebook sont à plusieurs niveaux Le graphe social est un enjeu pour Facebook et il prend corps avec la nouvelle version : connecter les gens entre eux, montrer leurs points communs, leurs événements communs.

L’achat d’objets virtuels à travers une pateforme unique, et donc une monnaie unique, sera la prochaine étape : Facebook Credits. Pour les développeurs, c’est aussi la garantie de travailler sur une plateforme unique sans disperser leurs compétences.

Jason Golgman, directeur produit Twitter, est interrogé par MG Siegler de TechCrunch

Jason Goldman continue à utiliser Twitdeck et d’autres plateformes de services, mais Twitter veut continuer à innover en proposant de nouvelles fonctions à ses utilisateurs : mobilité, contenus complémentaires, changement d’interface, contenu contextuel… L’enjeu est de taille car Twitter gère désormais 100 millions de gazouillis par jour.

Par exemple Twitter a acquis Tweetie en 2009, devenu Twitter pour iPhone pour être embarqué dans les smartphones. L’application web Hootsuite intègre les promoted tweets, messages promotionnels payés par des marques qui s’insèrent dans les flux des utilisateurs.

Pour Jason Goldman, le risque pour Twitter est de se complexifier : le projet de départ était simple, le partage d’un statut avec des amis ou des gens, et il ne faut pas rajouter trop de couches. L’API est ouverte et c’est aux utilisateurs de choisir les services annexes qu’ils souhaitent.

Mike Jones, PDG de MySpace, est interrogé par Robert Scoble

MySpace est historiquement le premier grand média social, lancé en 2003. MySpace a été racheté en 2005 par NewsCorp, la holding de Ruppert Murdoch, mais n’est resté jusqu’à présent qu’un gouffre financier. Mike Jone reconnaît qu’il stagne désormais, dépassé par Facebook, mais assure que NewsCorp continue à soutenir MySpace et continue à miser sur son avenir avec la nouvelle version, développée en 6 mois.

Le site s’est recentré sur la musique, la vidéo, et le partage de goûts artistiques. Comme MySpace est un lieu pour les artistes, cette nouvelle expérience est centralisée sur les sentiments à travers les “likes” et les statuts. MySpace est désormais connecté à des applications tierces comme Facebook, Twitter et Youtube. Entertainment.

Aujourd’hui, 30% des usages de MySpace se font sur une plateforme mobile. MySpace développe actuellement des applications spécifiques pour Android et iPad. De nouveaux acteurs qui ne sont pas originellement des médias vont changer le paysage et les habitudes de consommation de produits d’entertainment.


Stéphane Richard, PDG d’Orange, est interrogé par David Barroux des Echos.

Sur un ton morne et peu enthousiaste, Stéphane Richard annonce qu’Orange a vendu 3 million d’iPhones dans 13 pays, soit 6% des ventes totales mondiales d’Apple, ce qui ne lui donne pour autant pas une relation privilégiée avec la Pomme. Ne souhaitant pas parler de chiffres et affirmant qu’il n’y a pas d’objectifs de vente, il confirme cependant que l’iPad, qui vient d’arriver en offres subventionnées liées à un abonnement chez les opérateurs français, sera d’après lui un beau cadeau de Noël.

Pour Stéphane Richard, Orange se veut davantage qu’un grand tuyautier : l’avenir des opérateurs télécoms réside selon lui dans les applications et les contenus exclusifs.

Les opérateurs mobiles réfléchissent collectivement à la fin de l’Internet mobile illimité (qui ne l’est pas vraiment). Prétextant que 10 % des utilisateurs consomment 70 % de la bande passante, il annonce que les offres tarifaires vont devoir être revues, mais il compte également changer les habitudes des utilisateurs, sans préciser comment. Selon Stéphane Richard, le trafic de données mobiles devrait être multiplié par 10 d’ici à peine deux à trois ans.

Marko Ahtisaari, directeur du design de Nokia

Les interfaces tactiles sont immersives et requièrent une forte attention car l’utilisateur doit visualiser où il pose les doigts et clique : Marko Ahtisaari veut aider les utilisateurs à relever la tête. Nokia songe à réintroduire la souris dans ses appareils pour libérer de l’espace sur l’écran, qui n’est alors plus soumis à des contraintes de taille minimale.

Nokia mise massivement sur l’intelligence collective, en particulier pour améliorer les données de navigation sur son système de guidage et de cartes OVI Maps.

Nokia utilise les données des utilisateurs connectés pour détecter les zones de trafic trop denses et réorienter les trajets. Les utilisateurs d’OVI Maps ont parcouru 100 000 kilomètres en utilisant OVI Maps.

Malgré les difficultés de son système d’exploitation vieillissant Symbian, Nokia ne songe pas à s’appuyer sur des OS concurrents comme Windows Mobile ou Android et préfère réfléchir à un OS maison, en s’appuyant éventuellement sur la forte communauté de développeurs.

Osama Bedier, Vice-Président de Paypal, est interrogé par Milo Yiannopoulos du Daily Telegraph

Interrogé sur la suspension du compte de Wikileaks, Osama Bedier répond qu’il a simplement répondu à une demande de l’administration américaine. Il précise que proposer un service mondial unique de paiement en ligne et en mobilité est un challenge complexe, en raison des multiples législations existantes, et la conformité est une condition sinéquanone pour pouvoir opérer.

Marisa Mayer, Vice-Présidente de Google, est interrogée par Michael Arrington

Google a-t-il raté le tournant du web social ? Marisa Mayer préfère dire que Google est patient. Les grandes avancées du web est la recherche, la géolocalisation, le social, et le mobile. Google est présent sur trois segments, et même s’investit largement sur le mobile avec Android et un nouveau smartphone à venir, le Nexus 2.

Selon Marisa Mayer, la percée de Chrome et les applications pour ChromeOS montrent qu’il y a de la place pour des acteurs innovants. Google n’investit pas dans Foursquare, mais a investi dans Zynga car les jeux sont un relais de croissance potentiel et un moyen de capter l’attention.

Marisa Mayer, titillée par Michael Arrington sur Google Wave et sur la concurrence de l’iPhone, est confiante dans l’avenir d’Android en raison des développements que Google apporte directement à Android. Facebook n’est pas vraiment un ennemi ? La question est accueillie par un rire poli.

Christopher Smith, directeur de développement plateforme BlackBerry, est interrogé par Ryan Block d’Engadget

RIM a perdu 50% de sa part de marché sur les smartphones, même s’il garde une bonne place. Sur App World, la place de marché d’applications BlackBerry, il n’y a que 15000 applications contre près de 300 000 sur App Store pour Apple : Christopher Smith reconnaît que la pauvreté du portfolio laisse la place aux concurrents.

La multiplication des SDK (kits de développement) est un frein à l’unification de la plateforme et gênant pour les développeurs qui ne savent pas par où commencer. Une plateforme RIM 100 % web devrait permettre de redonner le goût aux développeurs et améliorer leur productivité en leur permettant de réaliser davantage de synergies dans leurs travaux.

La tablette BlackBerry, baptisée PlayBook, vise en priorité les professionnels malgré son nom. Mais les usages pourront se répandre dans le grand public, surtout s’il souhaite utiliser certaines fonctionnalités comme Flash.

Dennis Crowley, co-fondateur de Foursquare

Fourquare a atteint les 5 millions d’utilisateurs. 2 millions de check-ins par jour. Nous avons choisi de rester indépendants et avons refusé des offres très élevées de la part de plusieurs grands acteurs du web, nous avons même été harcelés pendant quelques mois.

Le modèle de marketing géolocalisé commence à s’affiner avec Foursquare : il ne suffit plus d’être le Maire pour bénéficier d’offres spéciales. Les commerces peuvent réfléchir à d’autres formats, comme par exemple faire venir 10 amis plutôt que venir 10 fois.

Pour le moment, Foursquare recueille beaucoup d’information, et il y a peu d’intérêt à part s’identifier sur un lieu et avoir des badges. Une API va bientôt être ouverte, ce qui devrait ouvrir la voie à des jeux et à d’autres usages. Pour une marque, il n’y a pas de prix fixe pour faire réaliser un badge.

Foursquare a signé un partenariat avec Endemol, qui est venu voir Dennis Crowley pour préparer une émission dont la mécanique utiliserait Foursquare. Pour le moment, 14% de l’activité est hors US. Les ambitions internationales sont importantes, la traduction de l’interface est en cours. Mais Dennis Crowley souhaite prendre un peu de temps : les levées de fonds ont été fructueuses et les 5 salariés de Foursquare viennent à peine de s’installer dans leurs nouveaux locaux de San Francisco.

Table ronde médias animée par Adrian Monck, World Economic Forum.

Les questions débutent sur Wikileaks, le droit à l’information, la pression technique, financière et légale des Etats contre Wikileaks et Julian Assange. Pierre Chappaz, se montre surpris par le silence massif de nombreux médias sur ces pressions et se montre catastrophé sur la liberté de la presse, dont Wikileaks est un rouage d’après lui. Julio Alonso se montre plus optimiste : il y aura toujours des moyens d’obtenir des informations, les fuites sont une vieille pratique que la presse utilise. Kenneth Estenson confirme que les médias ont de longue date des pressions et ont appris à faire avec.

La question judiciaire sera suivie de près : Julian Assange sera-t-il extradé, condamné ? Wikileaks est-il illégal, son renvoi de nombreux services (financiers, hébergement) est-il fondé en droit ?

[NDLR] Pour conclure

En conclusion de cette merveilleuse journée, nous ne pouvons que trop vous conseiller le billet de notre con-frère Alex “El Gonzo” Hervaud, sur Ecrans, qui rend hommage à la tradition de la titraille chère à Libé: “Le Web10: Flocon s’explique”.

Et on a beau dire, mais un évènement qui créé des mèmes mérite le respect. On peut le dire, en mots comme en images: le Web n’est pas mort.

Cours camarade, le vieux Web est derrière toi

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Google ou la culture de l’erreur http://owni.fr/2010/08/08/google-ou-la-culture-de-lerreur/ http://owni.fr/2010/08/08/google-ou-la-culture-de-lerreur/#comments Sun, 08 Aug 2010 10:40:56 +0000 Benoit Raphaël http://owni.fr/?p=24156 Je ne reviendrai pas sur l’annonce de la fin de Google Wave. Lancé il y a un an et annoncé comme une révolution, ce service qui était présenté comme un “email killer” n’a jamais rencontré son public. Il suffit d’ailleurs d’essayer Google Wave une demi-heure pour comprendre pourquoi ça n’a pas marché. Fin de l’histoire.

“Nous célébrons nos erreurs”

Plus intéressant : les propos d’Eric Schmidt, le CEO de Google, hier lors de la Techonomy Conference, sur la philosophie du géant de l’entreprise :

“Nous essayons des choses… Souvenez-vous, nous célébrons nos erreurs. Nous sommes une entreprise où l’on a aucun problème avec le fait de tester quelque chose à fond, de ne pas obtenir de succès de ce travail et d’apprendre de cet échec.”

Peu de patrons sont capables de tenir un tel discours.

Le “plantage” fait partie de la culture Google. On essaye, on se trompe, on corrige, on partage. Inclure l’erreur dans la chaîne de valeurs de l’entreprise, c’est gonflé. Mais c’est ce qui explique l’incroyable force de Google.

Dans “What Would Google Do?” (traduit par Fabernovel en France), Jeff Jarvis rapporte cette anecdote:

“Sheryl Sandberg, directrice de la publicité (…) a commis une erreur sur laquelle elle ne s’est jamais étendue et qui a coûté des millions de dollars à Google. ‘C’était une mauvaise décision, prise trop rapidement, rien n’était sous contrôle, on a perdu du temps et de l’argent’. (…) Quand elle a présenté ses excuses à son patron, Larry Page lui a répondu: ‘Je suis heureux que tu aies fait cette erreur, parce que je veux développer une entreprise où on fait trop de choses trop vite et pas une entreprise où on ne prend aucun risque et où on ne fait rien. Si on n’a pas de temps en temps un gros plantage, c’est qu’on ne prend pas assez de risques’. Dans The Economist, Eric Schmidt a conseillé aux employés : ‘Faites vos erreurs vite – pour pouvoir faire un autre essai dans la foulée’”.

Facebook fait également des erreurs, poursuit Jarvis, mais il essaie, et corrige, puis essaie à nouveau…

Nous sommes dans un monde en révolution, où la nécessité de s’adapter en permanence génère naturellement le développement agile. Essayer vite, avec peu, se tromper, corriger, déployer, s’adapter…

Le 4 août, Eric Schmidt disait à Techonomic : “Tous les deux jours, nous produisons plus d’informations que nous l’avons fait depuis l’aube de l’humanité jusqu’en 2003.” Et de conclure: “Le monde dans lequel nous vivons n’est pas prêt pour la révolution technologique qui arrive prochainement.”

Google s’est planté sur Google Wave, mais pas sur Android, son système d’exploitation mobile, qui vient de passer N°1, devant RIM (BlackBerry) et Apple (iPhone).  1/3 de tous les smartphones vendus entre avril et juin étaient des téléphones Android. 200.000 se vendent chaque jour.

Essayer, essayer, essayer…

Article initialement publié sur La Social NewsRoom, le blog de Benoit Raphael : benoitraphael.com

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La mutation androïde de Google (1/2) http://owni.fr/2010/07/05/la-mutation-androide-de-google-12/ http://owni.fr/2010/07/05/la-mutation-androide-de-google-12/#comments Mon, 05 Jul 2010 15:40:19 +0000 Ariel Kyrou http://owni.fr/?p=8197 Cette analyse, initialement publiée sur Multitudes (et dans le numéro du mois de juin 2009), de l’imaginaire qui sous-tend les actions de Google, et de ses possibles, reste tout à fait pertinente.  Nous avons choisi de mettre à nouveau cet article en avant, à nouveau en deux fois, pour vous laisser le temps de le savourer.

Titre original :

La mutation androïde de Google :

radiographie d’un imaginaire en actes

En juin 2009 s’ouvre à Sunnyvale, dans la Silicon Valley, le premier programme universitaire officiellement sponsorisé par Google : la « Singularity University ». Le sésame de ces neuf semaines d’intense et d’inédite cogitation multidisciplinaire, se tenant comme un symbole à deux pas du Googleplex de Mountain View, est le concept futuriste de « singularité », inventé par l’un des plus fameux ingénieurs et techno-prophètes de ce qu’on appelle le « transhumanisme » : Ray Kurzweil. Le dogme à partir duquel l’auteur du livre Humanité 2.0 a élaboré cette théorie a de quoi donner le vertige, à qui connaît l’ambition de Google, répétée tel un mantra, d’organiser toute l’information de l’univers [1], de devenir le relais universel de notre quête de données, et ce quels qu’en soient nos supports numériques.

Son hypothèse de départ est que l’essence de la vie tient moins au carbone, à l’oxygène ou à l’eau qu’aux modes d’organisation les plus sophistiqués de la matière. Autrement dit : de l’ADN aux protéines, de l’amibe aux robots humanoïdes, qu’il nous annonce pour un futur proche, la vie repose uniquement sur l’information. Google se veut donc le premier convoyeur de ce qu’il tient comme le carburant vital de l’humanité : l’information.

Et pour cause : cette information aux airs de divinité athée aurait trouvé dans le langage numérique sa forme idéale, et surtout la plus opérationnelle, afin de nous permettre d’accomplir notre destinée « post-humaine ». D’après Ray Kurzweil, en effet, « chaque forme de connaissance humaine ou d’expression artistique peut être exprimée comme une information digitale ». Mieux : l’intelligence elle-même ne serait que du calcul. De la manipulation de données. Jusqu’aux procédés (analogiques) des hormones et neurotransmetteurs du cerveau qui peuvent, selon le gourou de la « Singularity University » financée par Google, être simulés en mode binaire par de simples algorithmes [2], tel le PageRank du moteur de recherche.

Car c’est bien là, dans ce réductionnisme propice aux ambitions les plus démiurgiques, que s’agite l’imaginaire conscient ou inconscient de la firme de Mountain View.

De la technique, des usages et de l’imaginaire de Google

Au-delà de l’étude de sa gestion interne et de ses mécanismes de profit, l’un des modes d’analyse les plus intéressants du discours et de la culture d’une entreprise surtout digitale, est de la situer au cœur d’un triangle dynamique dont les trois sommets sont sa technique, les usages de ses productions et son imaginaire.

Google présente sa technologie comme « neutre » et « démocratique », en un mariage très américain de bonne foi et de propagande. Ses robots de « Crawling » mettent un mois à parcourir les zones les plus peuplées des océans du Web. Le plus célèbre de ses logiciels, PageRank, est décrit par ses sbires comme « un champion de la démocratie », puisqu’il livre ses résultats non seulement selon les occurrences des mots de toute requête, mais en tenant compte du nombre de liens qui pointent sur chaque page et de la réputation des sites d’où partent ces liens.

Du point de vue des usages, là encore, le discours de Google se veut très modeste, ou du moins généreux, car au service de chacun. Comme l’affirme l’un des deux fondateurs de la société, Larry Page, si « la stratégie du portail, c’est d’essayer d’être propriétaire de toute l’information, nous sommes quant à nous heureux de vous envoyer sur d’autres sites. En fait, c’est là le but » [3].

Dont acte. Google ne cherche pas à arraisonner puis à posséder ses clients, mais à être l’outil naturel et presque invisible de leurs usages quotidiens. Sauf que sur la publicité, qui est quasiment sa seule source de profit, le discours de Google tend à gommer voire à « civiliser » le puissant appétit des marques. Or ces marques, dont il est désormais le cavalier blanc sur l’immense échiquier du Net, sont les instruments d’actualisation de son imaginaire autant sinon plus qu’un service rendu aux internautes. Google, pour elles, est comme un évangélisateur du Net… Et de la singularité à venir. Il est le grand prêtre d’une religion de l’information, et se donne pour mission de les convaincre de suivre sa croisade numérique.

Chaque jour, plus contextuelle, fine et personnalisée, la publicité se mue ou plutôt se travestit dès lors en information, même lorsqu’elle reste séparée des réponses aux requêtes sur l’écran du moteur de recherche. Elle se transforme peu à peu en berceuse, douce chanson de notre bien-être collectif et individuel. Et elle donne ou donnera ainsi à Google les moyens d’actualiser ses fantasmes de maîtrise de notre nouveau monde informationnel.

Car, sur ce registre, Google ne fait pas exception : comme toute multinationale, il n’avoue guère sa soif de domination, d’ailleurs essentielle à la confiance de ses actionnaires. Mieux vaut, pour ne point choquer ses ouailles, c’est-à-dire les internautes, s’habiller de la soutane du moine protestant, que de l’uniforme vengeur et des superpouvoirs de Superman, cet être venu de la planète Krypton qui sied pourtant bien mieux à son imaginaire.

De fait, l’imaginaire de Google, tel qu’il se révèle au travers de la singularité dont il porte la première université, navigue à des années lumières de tendres intentions ou même d’un usage qui se veut a priori sans contraintes. Et, pas seulement à cause de la publicité toujours plus finaude et adaptée à l’esprit d’Internet. Chez Google, cet imaginaire dantesque, et à peine masqué, se situe au sommet de mon triangle d’analyse, le tirant très loin vers le ciel. Autrement dit : si l’on place la technique et les usages sur la base de mon triangle, celui-ci s’en trouve totalement déséquilibré. Assez proches en théorie l’un de l’autre, la technique et les usages de Google forment une petite base. Car la technologie de l’entreprise se veut, à entendre son discours, réaliste et opérationnelle, à portée de main des internautes selon les oukases dudit Web 2.0.

L’extrémité imaginaire de mon triangle, bien au contraire, s’avère démesurément haute, à l’échelle de l’ambition hallucinante que révèlent à la fois le credo du « bon géant », les interviews fort singulières de ses deux fondateurs et sa proximité sans ambages avec les techno-prophètes du transhumanisme. Bref, la distance entre les usages des internautes et l’imaginaire de Google semble gigantesque à la lueur de ce décryptage, tout comme celle entre sa technique et ce même imaginaire. Cette distorsion est-elle la conséquence d’une croissance trop rapide ? Du hiatus entre le discours affiché et l’ambition de Google, pour les marques autant que pour la planète et son devenir « singulier » ? Mon triangle théorique, qui n’est qu’un outil d’analyse, en devient si distordu qu’il se transforme en une immense (et dangereuse ?) flèche pointant vers le firmament…

Là où Google se présente comme une compagnie cohérente, citoyenne, modeste et responsable car au service de la recherche d’information de tous, elle m’apparaît en réalité comme un mutant high-tech de l’ère de l’information, perforant (sans le savoir ?) le monde d’une sorte de lance virtuelle, plus fine et aiguisée qu’un avion furtif.

La « singularité » ou l’imaginaire démiurgique de Google

Selon le concept de singularité, pour revenir à l’étude de cette pièce majeure de la culture plus ou moins consciente de Google, « ce ne sont pas les ordinateurs qui sont en train de prendre le pouvoir sur les hommes, mais les humains qui sont de plus en plus enclins à devenir comme des machines pensantes » [4]. Mais attention : comme l’explique le philosophe Jean-Michel Besnier dans son livre Demain les posthumains, cette évolution-là n’est pas vécue comme une mauvaise nouvelle par ces gourous que sont Ray Kurzweil, le pionnier du voyage dans l’espace Peter Diamandis ou Vint Cerf, l’un des pères du Word Wide Web qui a annoncé qu’il participerait à la « Singularity University » de l’été 2009.

De fait, la singularité incarne pour ses partisans l’Intelligence à venir, toute de calcul numérique. Et, pour peu qu’on veuille suivre ces brillants cerveaux, cette intelligence pourrait permettre à l’homme de se débarrasser d’ici à une ou deux générations de son enveloppe corporelle, si limitée, au bénéfice d’un corps intégralement machinique ou presque, forcément plus efficient en terme de traitement de l’information.

Histoire de citer l’une des prophéties de Ray Kurzweil (que tous les ingénieurs de la Silicon Valley ne prennent peut-être pas au sérieux, mais qui les fait rêver de lendemains qui chantent en numérique), il nous suffira, pour échapper à l’obsolescence de nos trop humaines artères, d’« uploader » notre cerveau dans une rutilante carcasse de robot

Aussi surprenantes qu’elles puissent paraître aux yeux de la majorité des chercheurs européens, ces anticipations aux airs de rêve ou de cauchemar scientiste viennent de loin. Elles correspondent à l’hypothèse forte de l’intelligence artificielle, soit l’idée qu’il n’y aurait pas de différence de nature entre une « vraie » conscience et une machine simulant une conscience. L’intelligence artificielle, IA de son petit nom, est née officiellement à l’été 1956, lors de conférences pluridisciplinaires sur le campus du Dartmouth Collège dans le New Hampshire, au nord-est des Etats-Unis. Certains, d’ailleurs, datent de ce symposium la naissance des sciences cognitives, au territoire qui est lui-même un « remix » des neurosciences, de la psychologie, de la linguistique, de l’anthropologie et de la science informatique sous le patronage plus ou moins avéré de l’intelligence artificielle. Il y a, c’est une évidence, comme un air de famille entre ces journées de l’été 1956 où se sont croisés Noam Chomsky et Marvin Minsky, et la « Singularity University » de l’été 2009. Plus d’un demi-siècle plus tard, le must des étudiants, scientifiques, penseurs, ingénieurs et futurologues américains orchestreront cette fois le mariage, plus transdisciplinaire encore, des sciences de l’information, des sciences cognitives, des nanotechnologies, des biotechnologies (carré miracle autrement appelé « NBIC » pour Nano, Bio, Info et Cognition), mais aussi du droit ou de la médecine la plus high-tech.

Avec un enjeu tout sauf diabolique selon le credo de Google, mais à peine moins démesuré que la fabrication d’une conscience artificielle : « combler le fossé entre la compréhension et l’application » des technologies les plus en pointe de notre temps, et trouver ainsi des « solutions à la crise énergétique, à la pauvreté, à la faim ou encore aux pandémies » [5].

Bienvenue dans l’ère post-PC

Le développement de Google a dépassé depuis bien longtemps la perspective des seuls PC de la planète connectée. Sans ambiguïté aucune, l’horizon de Google est celui de l’Internet « everyware ». Soit un mot-valise (« everywhere + hardware / software ») inventé par Adam Greenfield, qui se définit comme un architecte de l’information, afin de caractériser l’ère de l’informatique ubiquitaire, partout présente car n’ayant plus besoin d’ordinateurs [6].

Dans ce monde, qui devient peu à peu le nôtre, tous les objets, lieux et corps constituent les composants d’une technologie devenue invisible. Imaginez. Le caddie de supermarché, la porte du bureau, la table du salon, le fauteuil du train, l’automobile, l’atelier, la borne Vélib’, l’enseigne de la boîte de nuit, la salle de classe, le dentier du grand-père ; le plus insignifiant instrument de cuisine se transforme en outils « intelligents ». Ils communiquent entre eux ou avec nous par la grâce d’un Internet « pervasif », omniprésent au quotidien dans un bain d’intelligence ambiante comme aujourd’hui l’électricité est accessible de partout dans notre vie sans même que nous y pensions. Les puces, pour nous faire atteindre ce nirvana de l’invisibilité et de l’ubiquité technologique, s’extirpent de leurs boîtiers. Les capteurs d’informations se nichent dans les plus infimes recoins, du panneau publicitaire au réfrigérateur, de la table du restaurant au col de chemise, du collier du chien à la peau de notre dos ou de notre bras. Et les nanopuces RFID (Radio Frequency IDentification), de reconnaissance vocale ou biométriques, d’identifier les personnes, les gestes, les objets, etc., le tout pour notre confort et de notre plein gré, bien évidemment.

Cet univers « post-PC », où les technologies du numérique s’immiscent dans le moindre de nos gestes quotidiens, se construit ici et maintenant. Et Google est l’un des acteurs majeurs de cette lente et discrète révolution, qui aiguise les féroces appétits des acteurs de la planète numérique, Internet se dissolvant dans un monde intégralement connecté.

En 2007 et 2008, dans le monde des télécoms, une rumeur courait comme quoi se concevait dans l’ombre de Mountain View un « Google Phone ». L’ogre souriant a été plus malin. Il a créé un « Operating System », non pas fermé comme le Mac OS d’Apple ou le Windows de Microsoft, mais « ouvert », et potentiellement adaptable à une ribambelle d’appareils et autres futures prothèses techniques de l’humanité. Fidèle en cela à la philosophie économique fort innovante de la compagnie [7], cet OS est proposé en open-source, donc sans exclusivité, à tous les fabricants de terminaux mobiles et leurs développeurs, afin qu’ils magouillent eux-mêmes leurs propres produits à partir du socle des services du moteur de recherche. Son nom, ce n’est pas tout à fait un hasard, est Android. Soit, pour l’anecdote, le patronyme de la start-up spécialisée dans le développement de logiciels pour terminaux mobiles que Google a racheté en août 2005, comme il s’est offert, avec mille fois moins de discrétion et pour une somme toute autre, le site de partage de vidéos YouTube en octobre 2006. Ou comme un bruit persistant veut qu’il tente aujourd’hui de se payer Twitter, nouvelle coqueluche du « micro-blogging » : des micro-messages de 140 caractères, circulant par tous les types de terminaux en rafales de témoignage en temps dit réel, et que s’envoient déjà, de par le monde, des millions et sans doute bientôt des dizaines de millions d’utilisateurs [8] …

> Article initialement publié sur Multitudes

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Crédits Photo CC Flickr : Ruth HB.

Re-daté pour raisons techniques, cet article a été originellement publié le 15 février 2010.

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La mutation androïde de Google (2/2) http://owni.fr/2010/07/05/la-mutation-androide-de-google-22/ http://owni.fr/2010/07/05/la-mutation-androide-de-google-22/#comments Mon, 05 Jul 2010 15:30:33 +0000 Ariel Kyrou http://owni.fr/?p=8219 Retrouvez ici la première partie de cet article

Titre original :

La mutation androïde de Google :

radiographie d’un imaginaire en actes

Le renard de Mountain View dans le poulailler des télécoms

« Le premier milliard d’internautes est arrivé par le PC, le deuxième arrivera par le mobile », clame Emmanuelle Flahaut, porte-parole de Google en France, dans un dossier autour du « Google Phone » qui a fait la Une (dithyrambique) du mensuel SVM en avril 2009 [9].

Gageons qu’elle ou surtout ses grands manitous américains rajouteraient sans ambages que le troisième milliard viendra de l’informatique ubiquitaire, de cet Internet « everyware » dont ils se veulent le premier relais. Sur ce territoire en devenir, Google mène une stratégie diablement intelligente : il abandonne la main sur les appareils eux-mêmes pour mieux en fournir l’inévitable matière première logicielle, « librement » offerte aux développeurs des marques candidates.

En amont, alors même qu’apparaissent les premiers mobiles connectés au Net, il devient le moteur par défaut d’un maximum d’opérateurs dans le monde (en concurrence avec Yahoo). Puis, magnifique trouvaille, il crée une « Open Handset Alliance ». Sous le noble prétexte d’une alliance stratégique pour les terminaux en open-source, l’angélique Golgoth fait ainsi porter la puissance de ses services par quelques-uns des acteurs déterminants du capitalisme informationnel, tendance télécommunications.

Parmi les membres du collectif « googlisé », citons Qualcomm, grand maître des puces et concurrent d’Intel, Vodafone, premier opérateur mondial en chiffre d’affaires ou encore le monstre asiatique China Mobile, qui dépassera les 450 millions d’abonnés à la téléphonie mobile en 2009.

Plus fort : à l’exception de Nokia, dont l’OS (Symbian) reste le leader dans cet univers du mobile, tous les fabricants majeurs rejoignent l’alliance de l’incontournable méduse de la recherche sur Internet. Les candidats au baiser sont HTC (qui sort les premiers Google Phones, HTC Dream et HTC Magic), LG, Samsung, Sony Ericsson ou encore Motorola.

Et puis, ô surprise, des acteurs du PC tels HP ou Asus se mêlent à la « libre » danse du sorcier Google, avec en perspective, et dès 2009 là encore, de premiers « Netbooks » (PC portables plus petits et légers que les « laptops » désormais classiques) embarquant l’OS Android. Ce n’est rien, semble dire avec le sourire l’aimable Google à ses amis les cadors des télécoms : il s’agit juste de mon « operating system », que j’offre à la sagacité de vos développeurs, et à l’occasion de mes services, que je vous invite à utiliser tous sans bourse délier.

Il convient de mesurer ici le sens et l’impact de l’offensive Android. Dans le monde de la téléphonie mobile, dont le leader est Nokia côté fabricants et Operating systems, la firme de Mountain View est un nouveau challenger. Premier avantage : elle n’y est pas alourdie par les accusations de domination qui la plombe dans le royaume de l’Internet sur PC et de ses moteurs de recherche. Deuxième avantage : face aux équipementiers et aux opérateurs, ces nouveaux riches, elle y défend un modèle économique plus collaboratif, en phase avec l’esprit (« libertaire » ou « libertarien » ?) d’Internet, modèle bien plus populaire chez les internautes que ceux de ces acteurs plus classiques.

Autrement dit : au contraire d’Apple qui l’a devancé avec son « unique » iPhone, les multiples Google Phones qui se lancent ou se préparent sous de multiples marques dans le monde introduisent l’économie du gratuit et de la contribution dans un univers industriel plutôt mal perçu par l’opinion, car jaloux de ses verrous et autres chasses gardées…

Google réussit ainsi un tour de force. Côté pile, il se positionne tel un « outsider », contre ces acteurs d’une économie dépassée sur le champ de bataille de l’Internet « post-PC ». Côté face, grâce à son Open Handset Alliance, Google embrasse ces mêmes industriels, qui espèrent garantir leurs profits dans un monde tout connecté grâce à lui, et s’assure par là même une place au soleil dans les cinq ou dix prochaines années…

Mieux que n’importe quel acteur des télécoms, Google enclenche ainsi la mécanique du tout Internet partout et sans frontières : via le mobile, il commence à envahir l’ensemble des supports potentiels de l’Internet d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il n’hésitera pas, s’il le faut, à intégrer demain la console de jeu, la porte d’entrée des bureaux ou le grille-pain de l’âge de « l’intelligence ambiante ». Et ce, avec d’autant plus de facilité que son cahier des charges est effectivement mille fois plus souple et « ouvert » que ceux de Microsoft avec Windows Mobile, de Nokia avec Symbian ou d’Apple avec son Mac OS.

C’est là qu’il marque des points. Et très vite. Comme l’explique sa porte-parole, Google n’exige qu’une chose des fabricants et opérateurs utilisant l’OS Android : « que toute application grand public puisse être offerte aux utilisateurs, même si elle entre en concurrence avec un service de Google, ou avec celui d’un opérateur »… Or comme la plus « grand public » des applications est un moteur de recherche nommé Google, la cause est entendue : à supposer qu’ils en aient la possibilité, aucun des « amis » de l’Open Handset Alliance risquerait de ne pas proposer à ses clients un moteur de recherche détenant plus de 90 % de parts de son marché en France, et à peine moins ailleurs dans le monde. De toute façon, la création d’un compte Google est nécessaire pour accéder depuis son gadget mobile à tous les services de la maison californienne.

Résultat : se faisant le généreux vecteur de l’information selon les vœux de tous les internautes, Google impose (discrètement) son omniprésence.

Ainsi en va-t-il de la liberté selon Google : chacun fait (vraiment) ce qui lui plaît, mais en n’oubliant pas d’embarquer sur son mobile, quelle qu’en soit la marque, ou demain sur son corps plus ou moins « cyborgisé », la panoplie des services Android qui ne veulent que notre bien : Google Search (par défaut sur le navigateur évidemment), Gmail, Google Maps, Google Talk, Google Calendar,  Google Sync (pour la synchronisation entre PC et mobile), la boutique d’applications Android, YouTube, depuis peu Google Street View, bientôt Google Latitude (pour se repérer entre amis sur une carte) et tout ce qui ne manquera pas de suivre [10]…

Et si Google, en 2038, s’incarnait dans un androïde ?

Pour l’un des blogs d’aficionados du moteur de recherche, l’un des deux fondateurs de Google, Larry Page, a joué le jeu d’une interview futuriste [11]. Les perspectives qu’il y dessine non sans humour sont pour le moins « singulières » : elles s’agitent dans le droit-fil des prophéties de Ray Kurzweil, au cœur d’un monde « post-PC » aux airs de « cartoon » hollywoodien. Après un délire de pur style « transhumain » sur la capacité à maîtriser la météo de la région du Googleplex, le dialogue dérive sur la question des droits du robot, ou plutôt de la « personne robotique » (elle préfère qu’on l’appelle ainsi, voyez-vous).

Soit une science-fiction enfin réalisée se situant entre les mécaniques soucieuses du Cycle des robots d’Isaac Asimov et les interrogations métaphysiques de Philip K. Dick sur les androïdes et leur infini désir d’humanité. Puis apparaît un personnage central : l’agent personnel d’information ou API, remarquable émanation de l’intelligence artificielle de Google. L’API est au service de chacun et de tous, au-delà de tout support technique : PC, mobile, console de jeu vidéo, mobilier « smart » ou bouton de manchette tout plein de (nano)puces…

Transparaît dans ce dialogue l’horizon fantasmatique des usages et de la technique de Google tels que portés par l’imaginaire démiurgique de ses créateurs. S’imaginant plus que jamais en 2038, le « journaliste » de Blogoscoped lance à Larry Page (qui répond dans la conversation qui suit) : « Ce que je trouve fascinant, à notre époque, c’est que l’on peut tenir des conversations avec le moteur de recherche Google comme s’il était votre meilleur ami…

- Exactement. Depuis le début de notre histoire, c’est à ça que nous voulions arriver. Certains d’entre nous pensaient qu’il nous faudrait 300 ans, mais ils n’avaient pas intégré dans leur calcul les performances de la robotique. Maintenant, tout un personnel robotique travaille pour nous. C’est ça qui a tout changé. Mais avec cette intelligence artificielle forte, de nouveaux problèmes sont apparus…

- Vous faites référence à cette jeune adolescente qui s’est suicidée après avoir été rejetée ?

- Tout à fait. Parce que l’IA Google était si gentille avec elle et qu’elle était à l’écoute de tous ses problèmes, elle en est tombée amoureuse. Elle en voulait plus que ce qu’elle pouvait offrir. C’est tragique, et c’est pourquoi nous introduisons dorénavant au sein de l’intelligence artificielle Google des mécanismes de « désamour ».

- Quels types de mécanismes ?

- De temps à autre, l’IA lui dira « tais-toi ! ». (Rires)

- Parlons un peu de l’API ou agent personnel d’information. Comme vous l’avez souligné, il a eu un énorme succès. Comment l’expliquez-vous ?

- Eh bien, les gens sont devenus fous des personnes robotiques intelligentes. Car le « smart robot » est connecté via Google à toute la connaissance du monde. Il est en vérité le représentant dans le monde physique de l’IA Google. Cela fait de lui un vrai bon camarade, un chercheur d’information mais aussi un compagnon de bar idéal. Vous pouvez jouer aux cartes avec lui, le laisser faire vos courses à l’épicerie, etc. Et bien sûr, il vous retrouve tous les objets que vous égarez, mais ça, c’est juste un « gimmick » auquel nous tenions, le « gimmick » de la recherche si vous voulez… [12]

Une « thinking machine » mégalomane à l’échelle de la Terre

L’imaginaire de Google n’est pas la réalité de Google, forcément plus limitée. Il n’en demeure pas moins son indispensable carburant. Il est ce rêve qui ne s’avoue pas toujours comme tel, mais qui rend la firme plus fascinante et plus entreprenante. Car ce songe lui donne une confiance absolue. Et elle ne doute de rien. D’un certain côté, ce type de fantasme créateur manque aux acteurs européens de l’ère numérique.

Car de la pure fiction à la fiction auto-réalisatrice, il n’y a qu’un pas, certes virtuel, mais à même d’enfanter de petits miracles. Google Earth et son premier rejeton, Google Street View, ont un petit quelque chose du miracle stratosphérique. Regarder le monde d’en haut, comme en plongée depuis un satellite, mais depuis chez soi, puis descendre à l’échelle du piéton pour baliser son futur chemin dans le réel, cela tient du miracle. Mieux : c’est un miracle utile, que je peux ou non « mettre en pratique ». Au fond, personne ne m’oblige à le sanctifier, ce miracle-là, et à réduire ainsi la Terre à sa vision scopique, vidée de tout mystère.

Bref, si j’accepte de m’astreindre à un régime de disette sociale, mon ordinateur ou mon mobile peuvent rester éteints. Sauf que l’urbaniste et penseur Paul Virilio a raison de déceler dans Google Earth la marque d’une « mégaloscopie, c’est-à-dire une vision du monde qui est aujourd’hui l’équivalent de la mégalomanie d’hier. Voir le monde entier, c’est quelque chose de fou, non pas au sens pathologique, mais au sens perceptif. Voir le tout, d’une certaine façon, cela ne participe que de la métaphysique. Du divin. Voire le tout, ce n’est pas athée… » [13].

Or, sur ce terrain spécifique, et au-delà de leurs discours bienveillants, les techno-prophètes de la singularité et leurs dignes fils de Google ne semblent guère motivés par la mystique chrétienne. Leur religion serait plutôt d’une toute autre nature, pythagoricienne ou informationnelle. Car l’information donne parfois à ses adeptes le sentiment de transfigurer les limites de la matière, voire de pouvoir naviguer comme des fantômes (virtuels) dans la nuit éternelle de l’espace proche de la Terre.

La mégalomanie de Google, c’est sûr, est au moins planétaire. Et, cette planète-là, soyons en sûr, sera celle de l’Internet « everyware », recouverte par la grâce des bases de données d’une « gigantesque maille interconnectée physiquement incontournable » que décrit Eric Sadin dans Surveillance globale : « la totalité des moyens de repérage ou d’identification (vidéo-surveillance, biométrie), de localisation (satellites + récepteurs ; capteurs + puces électroniques), d’élaboration de profils (dissection des comportements ; communications, achats, déplacements…) est connectée à des serveurs stockant des “océans informationnels” traités par des algorithmes adéquats, au pouvoir toujours plus intrusif, grâce aux développements de l’industrie des composants électroniques – dont l’horizon dessine déjà les dimensions quantique et nanotechnologique » [14].

Telle pourrait donc être la face noire de l’IA Google et du concept de singularité. Soit le cauchemar d’une transparence totale, livrée par chaque être humain à son avatar de base de données, à son agent personnel d’information sachant tout de lui comme de l’humanité entière via la mère de tous les API : l’IA Google. À l’inverse, cette vision aurait une face blanche, qui ressemblerait à la conscience artificielle et néanmoins universelle de la Terre, déesse Gaia de l’ère numérique telle que rêvée par Teilhard de Chardin et Marshall McLuhan, et dont chaque puce ou chaque capteur serait l’un des neurones…

Larry Page est mégalomane, tout comme le mentor de la singularité Ray Kurzweil. Tout deux, en vérité, croient en un avenir de « machines pensantes » à l’échelle de la planète voire de la galaxie. Celle de Page est encore un nourrisson : c’est la machine Google et ses algorithmes. Comme ça, au débotté, il ne la qualifierait pas vraiment de « vivante »… Mais pas loin, puisque la vie n’est qu’information, et que l’information digitale est la plus opérationnelle de toutes.

Cette folie, cet animisme cybernétique, ce rêve d’une mécanique aux attributs vivants, permet à l’entreprise Google d’avancer à pas de géants dans le nouveau monde du capitalisme « ultra-cognitif ». Sauf que ce chemin semble se construire à l’aveugle. Car il faut l’être, aveugle, pour ne point voir le pôle « – » de sa propre démesure, pendant de son pôle « + » aux pouvoirs créateurs inouïs. Comme l’a montré Philip K. Dick dans Autofab, la Machine cybernétique avec un grand M, fille de la science, de la religion de l’utilité et de la vision performatrice de la technique ne peut servir que le Progrès avec un grand P, ou plutôt cette idée du progrès qui motivait ses concepteurs [15]. Elle ne conçoit pas d’autre avancée que la sienne, selon ses propres règles. Ou alors, elle se détraque et se retourne contre les humains souhaitant évoluer sans elle. Quant à la lecture du roman à l’origine du film Blade Runner, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? , elle serait plus précieuse encore à l’androïde que devient l’IA Google [16].

Qui réaliserait peut-être que si le robot est un humain comme les autres, c’est sans doute que l’humain est lui-même devenu un robot.

> Article initialement publié sur Multitudes

> La première partie est également disponible sur Owni

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Crédits Photo CC Flickr : Yodelanecdotal.

Re-daté pour raisons techniques, ce billet a été originellement publié en février 2010.

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Google s’attaque à la musique http://owni.fr/2010/06/09/google-sattaque-a-la-musique/ http://owni.fr/2010/06/09/google-sattaque-a-la-musique/#comments Wed, 09 Jun 2010 06:27:26 +0000 Julien Combeau http://owni.fr/?p=17960 Longtemps, on a cru que Google ne s’intéressait pas à la musique. Pourquoi s’approcher d’un univers totalement démonétisé alors que la société bigleuse a réussi à monétiser le lien hypertexte?

Il était donc facile de croire que la firme de Moutain View avait abandonné à son -ancien- partenaire Apple et iTunes une situation de position plus que dominante. Mais après Google TV, Google a annoncé il y a quelques jours, de façon très discrète à l’occasion de la dernière conférence Google I/O, la création de…….Google Music.

L’idée est de proposer une plateforme permettant à l’internaute à partir d’un PC l’écoute de musique en streaming ainsi que du téléchargement, et ce à partir du catalogue musical de l’Android Market.
Jusqu’ici, rien de bien révolutionnaire, et surtout un respect scrupuleux des contraintes de droits et de catalogue… on est dans le domaine de la copie privée et  grâce à la technologie Simplify récemment acquise, le service Google Music permettra l’accès au contenu à distance et sans DRM sur les appareils Android.

Il donc sera possible de lire de la musique présente sur un ordinateur depuis son téléphone portable. Une fonctionnalité plus qu’intéressante que ne propose pas, à ce jour, iTunes.

Une autre start-up lui a emboité le pas.

Il s’agit de Rdio, immaginée par  Niklas Zennstrom et à Janus Friis qui ne sont autres que les fondateurs de Kazaa ou encore Skype, qui propose du contenu en streaming accessible de son PC mais également depuis d’autres supports (téléphone mobile).

« L’idée est de créer un service de streaming sur abonnement partagé entre le bureau et mobile »

explique Drew Larner, PDG de Rdio.

« Pour quelqu’un qui est intéressé par l’abonnement, la notion de propriété est devenue moins importante que l’idée d’une diffusion à la demande »

Le cloud fait donc enfin son apparition, et c’est indiscutablement dans l’intérêt des utilisateurs, avec bien évidemment la disparition de toute contrainte physique et matérielle au profit d’un contenu et d’une musique global que l’on ne peut théoriquement plus perdre.

Pour revenir à Google, son arrivée dans le monde musical semble donc être la meilleure des nouvelles dans le meilleur des mondes, mais à y regarder de plus prêt, rien n’est vraiment réglé.
Voici donc quelques pierres à coller dans le jardin -plantureux- de Google.

Petit caillou N°1

S’il n’y a pas de moyen d’acheter de la musique dans Google, (à ce jour, rien ne semble l’indiquer), on sait où vont aller la chercher les utilisateurs… Google est donc un petit peu hypocrite sur ce sujet.

Petit caillou  N°2

Mettre une fonction envoyer à un ami ne coûte pas grand chose et il serait dommage de ne pas y songer… Or, c’est la boite de Pandore que l’on ouvre en grand. Je peux très bien avoir 5000 amis. La notion d’usage privé serait certes un peu galvaudé, mais google l’a montré, les prérogatives de certain sur les droits ne lui posent qu’assez peu de problèmes de conscience.

Petit caillou N°3

Autre défi à relever, avoir accès à son catalogue PC depuis son mobile à tout moment, c’est bien, mais encore faut-il que le support Android permette sur le plan technologique une écoute prolongée sans diminuer la batterie à vue d’œil. Restez connectés 30 minutes sur Deezer à partir de votre iPhone et aurez une appréciation concrète du problème…

Petit caillou  N°4

Ces trois petits point sont sans doute toute la différence qui tiendrait éloigné la firme aux deux OO du mass market. Or Google n’est pas précisément connu pour être capable de se cantonner aux marchés de niche.

On peut donc s’attendre à un empiètement progressif des droits des ayants-droits et une réaction proportionnellement virulente de leurs parts.  A ceci près qu’avec ses 24 milliards de trésorerie et son propre fonds d’investissement – Google Ventures – par l’intermédiaire duquel la firme investit quelques 100 millions de dollars par an dans des start-up, Google apparaît à l’heure actuelle comme le seul acteur pouvant se battre à armes égales avec la firme de Cupertino, et plus encore (pour ne pas dire plus) avec les Deezer, Spotify, et consorts de ce monde.

Est-ce donc pour autant la fin d’une situation abusivement dominante d’Apple? On peut commencer à compter les coups. Pour le moins, il est certain que Steve n’a pas dit pour autant son dernier mot. On attend donc avec impatience la version Lala-isée de Itunes… Et plus encore sa déclinaison mobile.

Article initialement publié sur Sawndblog sous le titre : “Google s’attaque à la musique, est-ce que ça va faire mal?”

> Illustrations CC Flickr par Johan Larsson et Stéfan

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TV 2.0: Google Television http://owni.fr/2010/05/26/tv-2-0-google-television/ http://owni.fr/2010/05/26/tv-2-0-google-television/#comments Wed, 26 May 2010 14:45:28 +0000 Martin Lessard http://owni.fr/?p=16643 Google Télévision a récemment été annoncé officiellement. Petit tour d’horizon.

Premièrement, rien ne sera mis en place avant l’automne 2010 (et aux États-Unis seulement) ou même l’été 2011. Une annonce n’est pas une livraison.

Côté utilisateur

Google TV, c’est le web à l’écran. Mais centré autour du célèbre rectangle magique: la boîte de recherche. Recherchez et vous trouverez. Google vous amène la vidéo trouvée sur le web directement à votre téléviseur.

Là où Apple TV vous «streamait» vos vidéos stockées sur iTunes, Google TV prend tout ce qui bouge sur Internet (YouTube, Netflix, VOD, vidéo podcast) et vous le projette à l’écran.

En un mot, il vous donne accès à toute la longue traîne de l’offre audiovisuelle sur le réseau.

Les grandes chaînes autant que la vulgaire chaîne YouTube de votre neveu dans son sous-sol seront là, sur le même écran. Sauf que vous allez peut-être enfin regarder davantage votre neveu (ou d’autres, qui vont fatalement éclore) car vous n’aurez pas à réduire la fenêtre Excel pour l’écouter: il sera dans le confort de votre salon, sur votre grand écran.

Google met sur la même scène amateurs et professionnels, c’est-à-dire sur le même pied d’égalité. Ou plutôt dans la même base de données. Car avec Google TV, pas de grille horaire, mais un moteur de recherche qui a fait ses preuves auprès du grand public : «passez moins de temps à chercher, passez plus de temps à regarder» ont-ils dit.

Proposer le web sur le téléviseur n’est pas nouveau. Mais Google possède l’aura de rendre ça «mainstream» par sa légendaire «simplicité».

Plus d’info: 20 minutes, Gizmodo, Korben

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Côté technique

La plateforme Google TV est basée sur leur système d’exploitation Android, qui équipe les téléphones intelligents lancés par Google il y a 1 an. Il tourne une version optimisée de Chrome, un navigateur web. Il faut un téléviseur spécial (Sony a déjà annoncé qu’il va en fabriquer) ou un boîtier dédié, tous deux équipés d’une puce Atom d’Intel.

Il sera possible aussi de traduire en temps réel les sous-titres. Une caractéristique qui, pour toute banale qu’elle puisse être, sera à mon avis très appréciée.

Le système possède aussi un accès au Blu-Ray et la fonction d’enregistrement (en cours ou différé).

Les Apps d’Androïd seront disponibles sur la Google TV, ce qui lui donne une longueur d’avance. L’intégration TV/mobile est quelque chose qui me semble tout à fait inexplorée encore. Mais l’accès aux Apps permettra probablement l’émergence d’une série d’innovations qu’il faudra observer de près…

Google annonce que le système, via le mobile, pourrait aussi être activé par la voix (via le mobile Android.

Autre chose. Regarder la télévision web ne veut pas dire se couper des autres outils internet: Twitter sera accessible en tout temps pour «accompagner» vos émissions…

Et pied de nez à Apple: Google TV supportera le Flash d’Adobe.

Plus d’info: Mashable, ReadWriteWeb FR, Abondance

Côté impact

Comme pour le web, Google propose de simplifier l’organisation de l’information: on met tout dans une base de données et on l’interroge. Pas de grille horaire, pas d’arborescence, seulement une boîte de recherche.

Si dans un premier temps, nous allons rechercher les émissions professionnelles auxquelles les grandes chaînes nous ont habitués, on ira probablement rapidement du côté des webtélé, au début pour essayer, puis de plus en plus souvent (parce que la qualité augmentera nécessairement et surtout parce notre réseau social le recommandera). Une véritable aubaine pour «l’industrie» de la webtélé.

Les agrégateurs comme Hulu.com ou Tou.tv seront alors pris en tenaille. Un bras de fer s’engagera avec Google TV pour savoir s’ils laissent entrer le loup dans la bergerie. Pour l’instant les premiers sont en position de force (ils possèdent tout le contenu de qualité télévisuelle disponible).

Mais les producteurs et les diffuseurs, une fois les questions de droits de diffusion tous azimuts réglées, chercheront éventuellement à donner le plus grand éventail de fenêtres pour leur production (on ne produira plus «de la télévision» mais bien du «contenu», or ce contenu peut/doit être vu qu’importe la plateforme).

Si Google amasse des audiences records, ce sera difficile pour les diffuseurs et les producteurs de choisir de rester dans des châteaux forts assiégés.

Et finalement, avec l’absence de grille horaire (de toute façon devenue ingérable), la boîte de recherche deviendra aussi ingérable : que choisir, quel mot mot clef prendre, quoi regarder?

Là intervient notre réseau social. Une fois bien entouré, il est possible de vivre en diapason audiovisuel avec ce que ta communauté regarde. Ah! Toujours et encore, le filtre social

Article initialement publié sur Zero Seconde

Quelques articles en anglais, pour compléter:

Illustrations CC Flickr par Kevin Steele

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#ARBcon: un pas en avant, deux pas en arrière ! http://owni.fr/2010/04/26/arbcon-1-pas-en-avant-2-pas-en-arriere/ http://owni.fr/2010/04/26/arbcon-1-pas-en-avant-2-pas-en-arriere/#comments Mon, 26 Apr 2010 09:33:45 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=13471 En arrivant à la première Augmented Reality Business Conference vendredi dernier à Berlin, j’étais tout excité à l’idée de rencontrer ceux qui essayent de créer le monde de Denno Coil (si vous ne l’avez pas encore regardé, le premier épisode est ici).

En sortant, j’avais plutôt l’impression d’avoir été à un séminaire de marchands de lecteurs de CD-i.

Le discours d’ouverture de Robert Rice, via Skype, m’a déjà mis la puce à l’oreille. En effet, il a déclaré quasiment mot pour mot des choses déjà écrites dans son article de mars dernier, traduit sur OWNI.

Même chose pour le discours de clôture du second ‘futuriste’ de la conférence, Max Cello. La vision qu’il décrivait, à grand renfort de vidéos retouchées sur After Effects, ne semblait pas sensiblement différente de celle qu’on nous sert depuis une vingtaine de mois (Morph de Nokia date de février 2008).

Quand tout le monde s’accorde à dire que les choses vont aller extrêmement vite dans les 12 prochains mois, c’est très bizarre qu’elles soient restées immobiles lors des 12 derniers.

Des marqueurs, de la 3D, c’est la fête

A l’opposée de la vision de Robert Rice, qui s’époumone à répéter que la réalité augmentée va bien au-delà des petits buzz avec webcam+3D, tout le monde semble vouloir produire des petits buzz avec webcam+3D.

La présentation d’Eric Gehl, président de Total Immersion, a mis des étoiles dans les yeux des participants. Il a montré comment une startup pouvait devenir un leader mondial à force de projets d’AR pour la pub et le marketing. La salle était émerveillée lorsqu’il a montré ce qu’ils avaient fait pour Sinik, Johnny Hallyday ou Transformers.

Le danger de ce genre d’AR : l’inutilité. Une fois que l’effet “wow, trop marrant” s’est émoussé, on s’aperçoit que le résultat aurait pu être obtenu avec une technologie classique. C’est le cas des projets présentés par aurea, telle la présentation de la nouvelle Citroën C3 en AR. On présente une image de la C3 à la webcam et la modélisation de la voiture apparait en 3D à l’écran! Génial. Sauf qu’on pourrait avoir un résultat plus utile pour le client avec une app’ en 3D classique, avec plus de possibilités de zoom, par exemple.

Total Immersion est en train de transformer l’AR en une commodité, avec des projets vendus à partir de 2000€. Et c’est très bien. Mais tout le monde à la conférence n’a pas l’air de s’en être aperçu. Michael Klein, en parlant des projets d’aurea, a été jusqu’à dire que l’effet nouveauté n’était pas prêt de disparaître, puisque de nouveaux consommateurs, plus jeunes, vont arriver. (Mais bien sûr, y’a qu’à voir l’incrédulité des gamins de 2 ans devant un portable ou une télé! Ne sont-ils pas aussi surpris que ne l’étaient leurs grands-parents?)

AR et architecture

On présente le carton à la webcam et une forme 3D s'affiche à l'écran. Etonnant, non?

Le capital surfe sur le buzz

Tout le monde veut produire le prochain buzz en AR. Et tous les venture capitalistes veulent les financer.

La palme revient quand même à David Blumberg, un capital-risqueur qui a consacré toute sa présentation à expliquer que l’AR était vouée à la pub, au B2C et au marketing et qu’il était très important de chercher à plaire aux grandes marques. “Je finance des modèles d’affaire, pas des projets scientifiques”. Insistant sur la capacité à générer de l’argent, on l’imagine mal trouver le prochain Facebook ou Twitter.

Son manque de vision est apparu clairement lorsque, 10 minutes plus tard, après la présentation d’Alex Olwal sur l’application de l’AR à la médecine, il a repris le micro pour dire à la salle: “Ah oui, quand même, on peut faire quelque chose avec le B2B, ne vous focalisez pas sur le marketing!”.

Tous les capital-risqueurs de la conférence ne partageaient pas ce point de vue. Mais si le capital est alloué par des gens comme Blumberg, l’AR ne risque pas de décoller de si tôt.

Les participants n’ayant qu’un lien lâche avec l’industrie de l’AR avec lesquels j’ai discuté partageaient ce sentiment de buzz omniprésent.

La magie de Robert Rice n’opère pas.

La réalité mixée, plus prometteuse

Même chose pour les applications commerciales de l’AR. Le CTO d’HRS, un service de réservation d’hôtels, explique que leur nouveau service de réservation en AR est un gros succès (mais il se garde bien de donner des chiffres).

Les applications les plus prometteuses restent les services liés à la localisation (LBS pour location-based services). Gbanga et aka-aki ont montré comment réinventer le jeu vidéo en transformant la ville, via le GPS du téléphone, en un grand plateau multi-joueurs.

Famiglia, de Gbanga, propose depuis le 12 avril aux Zurichois de devenir le parrain local en allant chercher des objets virtuels aux quatre coins de la ville. Le business model est tout trouvé : il suffit de mettre les objets en question dans des magasins et de se faire payer pour tous ces prospects apportés par le jeu.

Définis eux-mêmes comme des services de réalité mixée, difficile de déterminer s’ils participent effectivement de l’AR. De tels LBS existent sont sans doutes nécessaires mais pas suffisants pour des applications riches en réalité augmentée.

L’AR souffre de ses plateformes

Parallèlement à un manque criant de vision, l’AR souffre également de la technique. Les applications utilisant des calques 3D rajoutés à un flux vidéo nécessitent du matériel à base d’accélérateurs 3D et de systèmes d’exploitation rodés au poil.

Les développeurs présents expliquaient leur dilemme: L’iPhone est le seul appareil assez fiable pour supporter des applications d’AR. Manque de bol, le penchant parano de Steve Jobs, qui garde un pouvoir discrétionnaire sur les app’, commence à taper sur les nerfs des entrepreneurs. Deux intervenants se sont explicitement plaints de la politique d’Apple, l’un d’entre eux allant jusqu’à dire que “dès que quelque chose est cool, Apple l’interdit” (ils ont aussi demandé que leurs noms ne soient pas publiés pour ne pas se faire blacklister).

La startup ukraino-allemande Dream-Corp a ainsi décidé de ne développer que sur Android, zappant complètement les iPhone.

Mais Android ou Symbian opèrent sur une multitude d’appareils, ce qui dégrade sérieusement la performance et oblige à tester les applications sur 5 ou 6 téléphones avant de pouvoir la commercialiser. Si bien que beaucoup restent quand même sur l’iPhone.

Un ingénieur de Nokia expliquait que le nouvel OS de la firme, Maemo, basé sur Linux, allait permettre de développer plein de trucs trop biens super facilement. A condition que les développeurs ne visent que les possesseurs de N900, puisque les autres appareils Nokia restent sur Symbian! Selon lui, il faudrait ‘au moins 2 ans’ avant que le seuil des 300 millions d’appareils capables de faire tourner des applications d’AR soit franchit.

N900: Le sauveur de l'AR?

N900: Le sauveur de l'AR? Ou pas... (cc fellowcreative)

Côté techno, kooaba a quand même présenté un logiciel de reconnaissance d’objet assez bluffant. Il permet, en montrant un livre ou un monument à la caméra, de retrouver l’objet ou le lieu dans sa base de données et de présenter des infos pertinentes. Le tout sans GPS. Nul doute que cette techno va engendrer de nouveaux usages. En attendant, le résultat est le même que celui obtenu avec des QR codes depuis 5 ans.

> Ilustrations par fellowcreatives et przemion 

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Sergey Brin parle de Google [en/18'] http://owni.fr/2009/10/30/sergey-brin-parle-de-google-twitter-android-chrome-bing/ http://owni.fr/2009/10/30/sergey-brin-parle-de-google-twitter-android-chrome-bing/#comments Fri, 30 Oct 2009 11:20:43 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=5026 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sergey Brin, cofondateur de Google, est intervenu le 22 octobre au cours de la Conférence Web 2.0 de San Francisco.
Il évoque Twitter (avec au passage des félicitations adressées à Evan Williams), Bing, Android, Chrome pour mac, entre autres …

La remarque sur la publicité sur Google est assez intéressante : Brin estime en effet que le succès de Google est principalement lié au fait d’avoir pu voir de la valeur là où personne ne regardait. Il en déduit qu’il est impossible de prédire la modalité principale de création de valeur sur le web dans les années à venir…

> Retrouvez le résumé de la conférence par Techcrunch

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Aka-aki : interview de Roman Hänsler http://owni.fr/2009/04/26/aka-aki-interview-de-roman-hansler/ http://owni.fr/2009/04/26/aka-aki-interview-de-roman-hansler/#comments Sun, 26 Apr 2009 12:20:47 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=475 Roman Hänsler, 29 ans, est avant tout un passionné de médias, il a collaboré dans différentes radios à Leipzig et Berlin. Responsable des relations publiques d’aka-aki, il a aimablement accepté de répondre à mes questions pour owni.

  • owni : Pourriez-vous définir aka-aki en 140 caractères ?

Roman Hänsler : aka-aki te montre les gens les plus intéressants autour de toi. Tu trouveras parmi ceux que tu croises des gens qui partagent tes intérêts. (139 !)

  • owni – Comment vous est venue l’idée d’aka-aki ?

Roman Hänsler : Tout a commencé à la fin de l’année 2006 en tant que projet de fin d’études, à l’Université des Arts de Berlin. Avec quatre autres étudiants, nous cherchions à intégrer dans la vie réelle les fonctions et possibilités des réseaux sociaux d’Internet. Nous voulions “cliquer les gens” dans la rue, et donc nous avons créé aka-aki.aki_the_elk

  • owni – Pourquoi avez-vous choisi un élan comme symbole (nous avons vu que ses bois formaient des antennes) ? Est-ce une mascotte ?

Roman Hänsler : Oui, l’élan est notre mascotte. Non seulement parce qu’Aki a des antennes sur la tête, mais aussi parce que les élans sont beaux et gentils. Et pas encore choisi comme mascotte par une autre entreprise ;-)

  • owni – De quels financements disposez-vous ? Avez-vous une idée sur la future monétisation de votre service ? Avez-vous prévu une introduction en bourse (malgré des marchés financiers déprimés) ?

Roman Hänsler : Jusqu’à présent, aka-aki est financé par des levées de fonds, ce qui signifie qu’un capital-risqueur a investi dans notre société (NDLA : Creathor Venture aurait investi un montant à 7 chiffres le jour où nos pompiers emballaient sec dans les casernes en 2008). Mais de toute façon nous devrons faire rentrer l’argent dans un avenir proche. Il y a une large palette de moyens pour monétiser notre service. L’un d’entre eux est bien entendu la publicité. Un autre est le marketing mobile localisé. Ou encore vendre des versions premium du logiciel bénéficiant de fonctionnalités avancées et dépourvu de publicité, ou même vendre sous licence sur d’autres marchés. Quoi qu’il en soit, aka-aki tel qu’il est aujourd’hui continuera à être utilisable gratuitement, nous promettons cela à nos utilisateurs et nous nous y tiendrons. Pour le reste, nous n’avons pas prévu d’entrer en bourse, ni totalement ni partiellement.

  • owni – Avez-vous déjà étré approché par un grand acteur dans le domaine des médias sociaux (Facebook, MySpace, Hi5…) ou par une société tout-en-un (Google, Microsoft, Yahoo!) ? Avez-vous prévu de développer des partenariats ?

Roman Hänsler : Nous avons déjà noué des partenariats avec quelques grands acteurs, en particulier des opérateurs de réseaux comme Vodafone Allemagne, E-Plus (KNP Germany) et Telekom Austria. Il y a déjà eu quelques discussions avec de grands acteurs des réseaux sociaux aussi, mais il n’y a pas de projets concrets pour le moment. Ils ont plutôt peur d’ouvrir leurs plateformes les unes aux autres, alors que nous croyons aux plateformes ouvertes.

  • owni – Avez-vous rejoint Open Social ? Avez-vous prévu de le faire ?

Roman Hänsler : Non, pas pour le moment, nous attendons de voir comment se développe la plateforme. En février nous avons fondé une alliance avec d’autres réseaux sociaux mobiles appelée OLSO (Open Sharing of Location-based Objects), afin de nous mettre d’accord sur le partage des graphes sociaux et de la localisation des utilisateurs à l’avenir.

  • owni – Prévoyez-vous de créer une API publique, ou de rendre publique une partie du code pour les développeurs ? Quel genre d’applications additionnelles pourraient être développées pour aka-aki selon vous ? (pour Twitter, pensons à Twitpic, Twitlater, Twitterfeed…)

Roman Hänsler : Nous croyons aux produits ouverts et comme je l’ai mentionné, nous nous sommes déjà réunis avec d’autres services mobiles afin d’ouvrir nos systèmes et d’échanger nos API entre nous pour commencer. Des API aka-aki pour d’autres développeurs sont également prévues, mais elles doivent attendre car nous sommes déjà bien occupés avec le développement de nos différentes versions pour iPhone, Java et Androïd. Mais nous croyons vraiment aux API ouvertes, et le succès de Twitter montre que nous avons raison. Pour information, nous avons déjà intégré Twitter dans aka-aki, la mise à jour du statut peut être directement répercutée sur Twitter.

  • owni – Aka-aki est un outil très puissant en mobilité, quels types d’usages envisagez-vous ? Favoriser les rencontres ? Faire de la socialisation locale et digitale ? Partager des idées et des informations, comme c’est arrivé à Twitter après une période où on racontait surtout son quotidien ?

1_autour-de-moi_frRoman Hänsler : Wow, les possibilités sont infinies ! Actuellement nous travaillons à accentuer l’aspect ludique d’aka-aki. Nous avons remarqué que les utilisateurs s’en servent de manière très ludique sur leur mobile, et c’est donc un peu dans cette direction que nous souhaitons pousser les usages. En fait, aka-aki pourrait être compris comme une réalité augmentée, un jeu dans la vie réelle avec des gens que l’on croise réellement. La ville serait le terrain de jeu, avec des couches de jeu digital. Pour l’instant nous en sommes encore à la réflexion conceptuelle. Plus généralement, nous aimons l’idée qu’aka-aki offre la possibilité de “voir davantage” et élargit la réalité. Un peu comme si on regardait le monde différemment à travers une fenêtre : le téléphone mobile.

  • owni – Pourquoi avez-vous choisi le format en 140 caractères pour les statuts ? Puisqu’avec l’Internet mobile on ne dépend plus du format SMS, vous auriez pu le proposer plus long ? Voulez-vous imiter, supplanter ou compléter Twitter ?

Roman Hänsler : En fait les 140 caractères sont directement liés à l’intégration de Twitter. Cela n’a rien à vois avec l’imitation. Nous acceptons l’idée que Twitter a d’une certaine façon forgé le standard industriel du microblog en 140 caractères, et les standards sont toujours bons pour les industries car ils rendent les produits plus attractifs et plus simples à utiliser. Pensez au CD, à la VHS, ou au GSM.

  • owni – Quel objectif vous êtes-vous fixé pour la fin de l’année : un nombre de membres ? un nombre de pays qui ont adopté aka-aki ? un autre type d’objectif ?

Roman Hänsler : Nous ne communiquons pas sur un objectif en nombre d’utilisateurs. Mais bien sûr, notre objectif est de continuer à avoir une communauté en croissance exponentielle, comme depuis le début de cette année. Nous comptons déployer le service dans d’autres pays avec des versions locales et nous espérons que cela prendra comme ça semble avoir pris en France.2_profil_fr

  • owni – L’application iPhone est déjà disponible en français depuis début avril, le site web est disponible en allemand et en anglais. Avez-vous prévu une traduction du web ? Quand sera-t-elle prête ?

Roman Hänsler : Localiser le site web et les applications Java prend beaucoup de temps. Traduire les applications pour iPhone est bien plus aisé. Aussi, nous avons décidé de travailler au côté ludique de l’application, les versions web et Java sont déjà disponibles en anglais. Ce qui compte c’est la mobilité. Nous comptons bien sûr étendre l’application iPhone à d’autres langues, les prochaines seront l’italien et l’espagnol, d’autres suivront.

  • owni – Quelle est l’histoire la plus étonnante d’aka-aki : une rencontre étrange, une autre anecdote ?

Roman Hänsler : Ce que je trouve le plus drôle m’a été rapporté. Nous avons chaque semaine un concours de l’”aka-aki de la semaine”. Chaque semaine, ceux qui ont fait le plus de rencontres dans la vie réelle gagnent des prix. Et les utilisateurs se prennent vraiment au jeu ! La clôture se fait tous les samedi soir, il y a remise des prix et les compteurs sont remis à zéro. Un utilisateur, père de famille, était resté en tête toute la semaine mais se retrouvait classé deuxième le samedi matin. Il a déclaré à sa famille et ses enfants : “Et si on allait au centre commercial faire un tour et s’amuser ?”. Les enfants étaient enthousiastes. Il a fini par admettre que ce n’était qu’un prétexte. Il voulait juste aller dans un endroit où il y a du monde afin de multiplier les possibilités de rencontres et de faire grimper son score jusqu’au soir…

  • owni – Si vous rencontriez un extra-terrestre, que voudriez-vous connaître de sa culture ?

Roman Hänsler : As-tu un forfait data ? ;-)

Merci à Roman pour sa disponibilité, et pour les captures d’écran de l’application. Et parce qu’owni ne fait pas les choses à moitié, découvrir aka-aki c’est avec ce billet. Ou , bien entendu.

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