OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/01/02/les-data-en-forme-noel-guardian-wsj-wtf/ http://owni.fr/2012/01/02/les-data-en-forme-noel-guardian-wsj-wtf/#comments Mon, 02 Jan 2012 16:58:09 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=92073 Pour une transition en douceur, commençons ce premier Data en forme de l’année en mode data-lol avec ce diagramme de Venn qui sent encore le sapin vert et le grand bonhomme rouge.

Cette dataviz est tirée d’une petite compilation de visualisations décalées autour de Noël. En cette période post-nativité, ça apaise les indigestions.

Dans le rétro

Et cela me permet d’enchaîner allègrement sur la thématique des best of. Chaque fin d’année on y a droit, donc pour ce début d’année nous vous proposons un rapide best of des best of sous l’angle data.

Nathan Yau, l’homme derrière Flowing Data, propose une très belle sélection des projets de datavisualisations qui ont marqué pour lui l’année 2011. On y recroise avec plaisir des viusalisations qui nous avaient également marquées et on en découvre d’autres avec tout autant d’appétit.

Allez également fouiller les commentaires de cet article, quelques autres bonnes références pourraient y apparaître.

Pour changer, le Guardian joue les cumulars avec deux entrées dans cette catégorie best of. Les équipes londonniennes ont sorti un article racontant l’année 2011 par les données : quelles ont été les plus marquantes, quelles histoires ont-elle racontées, quels chiffres ont tracé la courbe de cette année écoulée ? En somme douze mois dans la tête d’un datajournaliste.

Le département de recherche du Guardian a également produit une web-application bien pensée pour visualiser, jour par jour, les 365 événements qui ont marqué l’année 2011. L’interface est simple et ergonomique avec une navigation secondaire mettant en avant les grandes “affaires” de 2011. Vous pouvez même constituer votre top 10 des informations qui vous ont le plus marqué et comparer ce classement avec le choix des lecteurs du Guardian.

Pour clore le volet Guardian, leur e-book Facts are sacred ressemble à un best of à lui tout seul. Ce court résumé parle de lui-même :

Facts are sacred raconte comment nous travaillons avec les données au Guardian et comment les données changent le monde qui nous entoure.

Rails, trafic et data

Restons encore quelques instants à Londres et remontons dans les années 1920. À cette époque, il y avait déjà des pontes de la dataviz qui sévissaient outre-Manche et ils s’amusaient follement sur des campagnes d’affichage pour le métro londonien.

90 ans plus tard, outre-Atlantique. Le Wall Street Jounal a construit une impressionnante web-application autour des habitudes des usagers du métro new-yorkais. Card Usage analyse les données collectées à partir des cartes d’abonnements. Quartier par quartier vous pouvez visualiser quels types d’abonnements les usagers utilisent le plus et comment ces répartitions ont évoluées depuis l’augmentation des tarifs en décembre 2010. Allô, la RATP ? Tu nous prêtes tes données ?

Côté route, depuis les années 20 et les dataviz du métro londonnien, la circulation s’est légèrement densifiée. Quand le moteur de recherche russe Yandex lance un service de visualisation du trafic en Turquie, il récolte suffisamment de données GPS pour s’amuser à représenter le trafic d’Istanbul.

Voici la journée du 3 novembre 2011 avec en haut à droite le degré d’encombrement des principaux axes de la capitale turque. Le rendu est assez hypnotique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Flots, ondes et indices

Rassurez-vous, tous les flux ne sont pas aussi nerveux, une dataviz ça peut aussi être zen. Prenons, par exemple, la relation entre les lieux où tombe l’eau aux États-Unis et ceux où elle est consommée. Ça nous donne Drawing water, un projet qui piste le trajet des eaux de pluie. Les visualisations produites sont assez impressionnantes tout comme l’installation interactive exposée à l’université de Los Angeles (UCLA) où le visiteur peut modifier les représentations à l’aide d’une tablette.

Une fois n’est pas coutume, la visualisation suivante présente des données qui ne sont pas à proprement parler chiffrées mais reste bien des données : du son et plus précisément l’ensemble des instruments qui composent un orchestre.

Dans un but promotionnel, Philips a développé cette web-application L’obsession du son où le visiteur est littéralement immergé au coeur de la formation. Vous pouvez, à n’importe quel moment, choisir l’un des musiciens et focaliser votre écoute sur sa partition avec en plus des données associées à l’instrumentiste.

Restons en musique et terminons ce premier épisode des Data en forme saison 2012 comme nous l’avons commencé : avec du WTF. Avez-vous déjà fredonné, le matin au réveil, le chant du CAC40 ? Non ? Peut-être alors l’entraînante mélodie du Nasdaq sous une douche bien chaude ? Non plus ? Bon, alors c’est cadeau : voici le chant du Dow Jones, The Dow Piano.

À la semaine prochaine et d’ici là, n’oubliez pas : “In cafein we trust”.

Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !

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Les data en forme http://owni.fr/2011/12/19/data-guardian-syria-noel-cadeaux/ http://owni.fr/2011/12/19/data-guardian-syria-noel-cadeaux/#comments Mon, 19 Dec 2011 13:48:11 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=90970 L’information vous a peut-être échappé, mais dans six jours, c’est Noël. Et la semaine suivante, la fin de l’année 2011. Des diktats du calendrier auxquels la planète data se plie elle aussi.

Mais à sa manière : le collectif Science Gallery met ainsi les pieds dans le plat, en analysant en données la question suivante : comment fait le Père Noël pour réaliser sa tournée ?

Loin d’être anodine, cette énigme pourrait très bien concurrencer les bons vieux problèmes de baignoires qui fuient  : étant donné que l’on compte environ deux millions d’enfants dans le monde, dont un tiers, est généralement “bon” à l’école, que les visites du Père Noël doivent se situer entre 7 heures du soir et 7 heures du matin, (…) combien faut-il de rennes au Père Noël ?

La réponse est ici. Et si vous aimez suffisamment les mathématiques appliquées à Noël, il est possible d’acheter cette carte postale sur le site de Science Gallery.


NB : cette infographie a été repérée par l’éditeur d’OWNI.eu et aimable traducteur de notre chronique en anglais toutes les semaines, Aidan McGuill.

Trop de sapins, calendriers de l’Avent, guirlandes et crèches ont entouré notre petite équipe ces dernières semaines. Nous cédons au consumérisme ambiant de cette fin d’année. Ou à un sursaut de bienveillance pour vos proches : si vous tenez à leur faire des cadeaux, autant que ce soient des cadeaux data.

Parmi nos préférés, deux très beaux livres sur la datavisualisation : Datavision, par l’incontournable David McCandless et Visualizing Complexity par Manuel Lima, dont vous pouvez voir quelques alléchants extraits ici même.

Pour ceux qui préfèrent les posters : Dencity pour réfléchir à notre place dans le monde ou les projets Time Plots pour réviser son histoire politique américaine à l’approche de 2012.

La planète data ne résiste pas non plus à la tradition du best of, une fois que l’année tire à sa fin. Celui de Visualizing.org est une façon poétique de se rembobiner le (data) film de 2011 :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Avant de refermer définitivement le chapitre des fêtes, jetez un coup d’œil à cette application, qui, sans être récente ni très travaillée en termes de design, offre un service public utile en cette période souvent synonyme de longs trajets en voiture, en vous permettant de trouver la station d’essence la moins chère dans votre département.

Look right / Look left

Transports toujours, mais sous un angle moins insouciant. La BBC s’est saisie de l’intégralité des données des décès par accident de la route, au Royaume-Uni entre 1999 et 2010 et en a pondu une web-app particulièrement complète.

Visualiser en une vidéo toutes ces données où un point lumineux représente un accident ; accéder aux chiffres sur sa zone géographique ; parcourir les rues de Londres pendant 24h avec une ambulance par un reportage minutieux ; explorer les data par des filtres et des visualisations ; apprendre les dernières évolutions envisagées pour faire éviter l’accident à la voiture,… On apprécie le talent des équipes de la BBC pour permettre à l’utilisateur de rentrer facilement en profondeur dans les sujets.

La data au service du terrain

Depuis le début du soulèvement, peu de journalistes étaient présents en Syrie pour rendre compte de la situation. Il était difficile d’avoir une idée du nombre et de la fréquence avec lesquels les citoyens et les militaires meurent, sur l’ensemble de la période.
Pour apporter notre pierre, nous avons assemblé les rapports des agences de presse nationales pour produire cette carte, qui recense les décès reportés en Syrie.

Avec une simple GoogleMaps, le Guardian montre une fois de plus comment le journalisme de données peut agir en complément du journalisme de terrain, en apportant un éclairage et un résumé différents.
Ce travail met également en lumière la difficulté des journalistes à avoir une vision complète des événements dans ce genre de situation : la carte recense un peu plus de 1 000 décès alors que l’ONU en a annoncé 5 000.

Connecting people

Les États-Unis, ses communautés, ses échanges, sont un champ d’expérimentation infini pour la data. Le projet “The Connecting States of America” de l’inspirant Senseable City Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT), vise à redessiner les frontières entre communautés en s’appuyant sur les communications (appels, SMS).

Les données de densité de la population sont croisées avec les données de communications et celles concernant les communautés. Par différents visuels et une carte interactive, l’utilisateur peut ainsi observer vers quels autres États et communautés ses voisins communiquent le plus.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ouvre ton musée

Dernière intrusion en terre étasunienne : un tour rapide du côté de l’ Indianapolis Museum of Art (IMA) qui propose sur son site internet un tableau de bord mettant en scène certaines de ses données : nombre de visiteurs, nombre de nouvelles œuvres d’art, consommation énergétique ou encore montant de sa dotation. Chaque entrée permet d’accéder à un article plus complet.
Un dashboard qui n’est pas sans rappeler celui de The Atlantic Cities : visiblement quelqu’un sait faire du dashboard business outre-Atlantique.

C’est en tout cas un bel exemple d’ouverture des données culturelles… N’est-ce pas Neelie Kroes ?

La campagne version tweet

Terminons par un projet made in France : Bubble-T a participé au concours dataviz organisé par Google et YouTube (dont nous vous avons largement parlé la semaine dernière, sur OWNI et sur notre datablog). Réalisé par Raphaël Velt, Romain Vuillemot, Samuel Huron et Yves-Marie Haussonne, Bubble-T propose de suivre l’activité Twitter autour des candidats à l’élection présidentielle.

Chaque tweet parlant d’un candidat est représenté par une petite bulle (quand vous la survolez, vous pouvez voir le texte du tweet, son heure, son auteur et la photo de profil de ce dernier) qui vient se loger dans la case correspondant au candidat dont il fait référence. Vous pouvez appliquer différents filtres et mettre sur pause pour explorer plus en détail les tweets, ou voir le récapitulatif sur une semaine ou 24 heures.

Un outil intéressant qui ne demande qu’à trouver des usages. Un conseil : à utiliser sur son ordinateur pendant un débat politique télévisé . En attendant la télévision connectée.


Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !

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Les chinoiseries des fabricants de jouets http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 11:27:18 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90897

Comme Mattel, la Walt Disney Company (WDC) a recours à des sous-traitants pour fabriquer les jouets à l’effigie de Mickey. Et dans pareil cas, Disney délègue sa responsabilité sociale à ses sous-traitants. Ceux-ci doivent s’engager à faire respecter, dans les usines qu’ils démarchent, un code de conduite propre à la WDC, intégré dans les contrats de licence et d’approvisionnement passés par le groupe.

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Salaires de misère, amendes punitives, quatorze heures de travail par jour, six jours par semaine. Discrimination et ...


Ainsi, les fabricants “n’utiliseront pas” le travail infantile, le travail involontaire ou forcé, “traiteront chaque salarié avec dignité et respect”, “offriront un lieu de travail salubre et non-dangereux”, respecteront “au minimum” les lois en vigueur concernant les salaires et la durée du temps de travail, et ils respecteront le “droit des salariés à s’associer et à négocier collectivement”. Disney est associée à lInternational Council of Toy Industries (ICTI), mais possède sa propre équipe dédiée, The International Labor Standard (ILS), une équipe de juristes qui assure avoir commandité plusieurs milliers d’audits “maison” chez les fournisseurs de l’entreprise.

Chez Disney, on minimise : “Dans ces usines (Hung Hing et Sturdy Products), nos produits ne représentent que 5% de la production. Nous ne sommes pas les seuls clients de ces fournisseurs.” Et d’ajouter, agacés : “Comme par hasard, ces enquêtes sortent à la veille de Noël, elles ont été faites pendant la pleine saison… Je serais curieuse de voir la même étude pendant la période creuse. Mais nous ne cherchons pas d’excuse, bien sûr.’”

Depuis 2005, l’ONG Students & Scholars Against Corporate Misbehaviour (Sacom) a mené une dizaine d’enquêtes sur les usines sous-traitantes de Disney. “Nos rapports prouvent que les audits de Disney sont tout aussi inefficaces que ceux de l’ICTI”, affirme Debby Chan. A l’association Peuples Solidaires, Fanny Gallois s’interroge :

Comment nous faire croire que Disney arrive à faire respecter son code de conduite à des détenteurs de licence que l’entreprise connaît à peine ? Avec son système de licences, Disney sous-traite tellement qu’il n’est plus capable de remonter la chaîne d’approvisionnement, et de la maitriser.

Fanny Gallois décrit le système : “quand un scandale éclate, comme ici avec On Tay Toys ou Sturdy Products, Disney doit d’abord retrouver le nom du sous-traitant avant celui de l’usine, car elle ne possède pas la liste des usines.” Nathalie Dray, directrice de la communication corporate pour Walt Disney France, reconnaît :

C’est très compliqué de contrôler à 100% notre chaîne de production, il faut que les détenteurs de licence jouent le jeu. Mais on essaie de faire au mieux et on les pousse à mettre les usines en conformité.

Code de conduite

Grand classique de la communication de crise, les différents géants du jouet interrogés répondent tous peu ou prou la même chose : “Nous prenons le cas de ces usines très au sérieux”, lancent en chœur Disney et Mattel, qui précisent avoir demandé à leurs sous-traitants de “vérifier” les informations de la Sacom, avant de “prendre des mesures”.

Sur le site de On Tai Toys, les ouvriers fabriquent également les fameux Lego Books, des livres illustrés sur l’univers des briques à plot. Ces Lego Books sont distribués depuis douze ans pour Lego par un détenteur de licence, Dorling Kindersley (DK). Une bonne excuse pour Lego, qui minimise : “Nous avons demandé à DK de faire une enquête sur On Tai Toys. Par ailleurs, nous ne produisons que 10% de nos briques en Chine, dans des usines en relation très étroite avec nous. Ces usines et celles utilisées par nos détenteurs de licence sont régulièrement contrôlées par des cabinets d’audit accrédités par l’ICTI. Nous prenons tout cela très au sérieux et en cas de violation de notre code de conduite, nous pouvons aller jusqu’à la rupture des relations commerciales avec les usines concernées, mais en tout dernier recours“, explique Charlotte Simonsen, porte-parole du groupe danois.

Mattel, qui se contente de fournir aux journalistes ses statements et refuse “les interviews one to one”, rappelle que “depuis plus de 15 ans“, l’entreprise utilise un système de contrôle indépendant dans ses usines, avec un code de conduite “des plus exigeants”, et collabore activement avec l’ICTI “pour améliorer sans cesse les conditions de travail dans les usines.”

Tout va bien dans le meilleur des mondes. Après avoir “mené sa propre enquête”, Mattel considère le suicide de l’ouvrière de l’usine Sturdy Products Nianzhen Hu, comme un “incident tragique, mais isolé.” Et de préciser que “l’audit n’a trouvé aucune preuve de dépassement d’horaires imposés”, et que les ouvriers ayant dépassé la limite d’heures supplémentaires durant l’été “pouvaient refuser de les effectuer”.

Solution de survie

À la Sacom, Debby Chan demande aux géants du jouet de “prendre leurs responsabilités, et de ne plus lancer de promesses en l’air après chaque scandale : c’est à eux de changer leurs pratiques d’achat, la pression que Disney ou Mattel exercent sur les fournisseurs pour obtenir des prix toujours plus bas, les pousse à violer les lois du travail.” Les multinationales, exigeant des producteurs des délais de livraison “de plus en plus courts”, inciteraient les usines à fabriquer vite, quitte à ne pas respecter les codes de conduites.

“Les sous-traitants ont le couteau sous la gorge, exploiter les ouvriers devient presque pour eux une solution de survie !”, lance Marie-Claude Hessler, qui demande aux multinationales d’augmenter le prix à la commande, pour “permettre aux fournisseurs de payer un salaire décent aux ouvriers.” A Disney, on répond tout de go : “Nous ne sommes pas des donneurs d’ordres, ce sont nos licenciés qui passent les commandes, et nous on ne va pas leur imposer quoi que ce soit.” Qui sont ces détenteurs de licence ? “Nous ne révélerons pas la liste de nos sous-traitants, de nos fournisseurs et de nos licenciés“, répondent Disney et Mattel. À la Sacom, Debby Chan soupire :

Les géants du jouet ne jouent pas le jeu. S’ils rendaient publiques les listes de leurs fournisseurs, comme Nike, Adidas ou Puma l’ont fait avant elles, les organisations civiles pourraient au moins renforcer leur surveillance et pousser les usines à adopter une meilleure conduite.

Pour le moment, parmi les géants du jouet, seul l’éditeur du Monopoly, Hasbro, publie sur son site internet la liste de ses fournisseurs en Chine. Des usines situées sans surprise autour de Shenzhen et de Dongguan.

Ce que les ONG réclament, c’est aussi une “nouvelle organisation”, autre que l’ICTI, qui travaillerait en étroite collaboration avec les fournisseurs et les associations, pour pousser le gouvernement chinois et les usines à garantir aux ouvriers une “réelle liberté syndicale”. En Chine, pays qui n’a pas adhéré aux normes fondamentales de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur la liberté d’association et de négociation collective, le système est celui du syndicat unique. “Les syndicats qui existent dans les usines sont assujettis au syndicat unique, qui est lui même soumis à l’État et au parti communiste”, explique Anthony Jin, qui a dirigé une entreprise en Chine pendant cinq ans.

La Fédération syndicale de Chine (ACFTU) donne une illusion de liberté syndicale, mais en réalité c’est une façade. L’ACFTU est le syndicat des patrons, il fait le lien entre les ouvriers et la direction, mais il ne permet pas aux ouvriers de défendre leurs droits, qui ne peuvent pas former eux mêmes le syndicat de leur choix.

D’après Anthony Jin, “le gouvernement chinois a peur des revendications collectives, il se souvient de l’URSS et de Solidarnosc.” Pour Debby Chan, de la Sacom, il revient aux multinationales comme Mattel ou Disney de faire pression sur le gouvernement chinois. A Disney, Nathalie Dray constate : “Isolément, nous n’avons pas de poids, pour faire changer les choses au niveau du gouvernement chinois, nous ne pouvons nous reposer que sur l’ICTI, c’est au travers de la Fédération que nous pourrons négocier.”

D’ici là, la Sacom, qui ne fait “aucunement confiance en l’ICTI” et demande donc la création d’une nouvelle Fédération, propose une alternative : la mise en place dans les usines de “comités d’ouvriers”, qui ne sont pas mentionnés dans la loi chinoise. “C’est une zone grise, ces comités peuvent donc être créés, en théorie.” Dans deux usines sous-traitantes de Disney, “les ouvriers ont pu élire des représentants, grâce à la pression de Disney. Il ne s’agit pas de vrais syndicats, mais c’est déjà un progrès”, lance Debby Chan.


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source

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Mattel et Disney fêtent Noël en Chine http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 07:35:01 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90241 Les ménages français dépenseront en moyenne 67 euros en jouets pour ces fêtes de Noël. Toupies Beyblade, Zhu Zhu Pets et voitures télécommandées Cars 2 devraient être les jouets vedettes de ces fêtes. Mais dans les coulisses, se profile un tableau moins joyeux. Celui de la production des jouets en question. Ce marché du jouet qui connaît peu la crise. Il pèse 80 milliards de dollars sur le plan mondial, 3 058 millions d’euros en France. Pas de chance pour les majors du secteur, un rapport sur les conditions de travail dans l’industrie du jouet en Chine accable particulièrement Disney et Mattel.

Les chinoiseries des fabricants de jouets

Les chinoiseries des fabricants de jouets

Mattel, Lego ou Disney profitent allègrement des terribles conditions de travail imposées dans les usines chinoises où ...


Entre mai et octobre, quand les usines de jouets tournent à plein régime en vue des fêtes de Noël, une association d’universitaires basée à Hong Kong, la Sacom, et l’organisation China Labor Watch (CLW), ont mené une enquête approfondie chez plusieurs sous-traitants de ces multinationales.

Salaires payés en retard, heures supplémentaires obligatoires, privation de jours de repos, interdiction de parler ou de se rendre aux toilettes, amendes punitives, discrimination sexuelle, harcèlement au travail : l’enquête révèle une liste impressionnante d’abus et de violations de principes fondamentaux. Les responsables de Disney et Mattel que nous avons contactés ont cherché à relativiser les résultats de ces travaux , en citant les audits qu’ils affirment réaliser sur le sérieux de leurs sous-traitants en Chine (lire notre enquête sur ce point).

Trois Barbie vendues par secondes

L’industrie du jouet en Chine, ce sont 4 millions d’ouvriers, qui produisent 80% des jouets vendus à travers le monde, 90% des jouets importés en Europe. 60% de ceux importés en France. 4 000 usines chinoises travaillent pour les sous-traitants de Mattel et Disney. 70% de ces usines se situent en Chine du Sud, près de la côte, dans le delta de la Rivière des Perles, une “zone économique spéciale“, sorte d’arrière-pays de Hong-Kong.

Barbie à la chaîne

En 2001 déjà, un rapport du Hong Kong Christian Industrial Committee (HKCIC) y dénonçait des conditions de travail “infernales”, épinglant sans ménagement Hasbro, McDonald’s, Disney et Mattel. “Dix ans plus tard, rien n’a vraiment changé, malgré quelques améliorations minimes”, déplore Debby Chan, chef de projet à la Sacom.

Premier géant du jouet pointé du doigt : Mattel. Chaque année, le leader mondial du jouet commercialise des millions de poupées Barbie (trois par seconde) fabriquées à 80% en Chine. Sur le site de Sturdy Products, à Shenzhen, on ne fabrique pas la célèbre poupée, mais des voitures miniatures, qui s’arracheront probablement à Noël : les Hot Wheels. Dans l’usine chinoise, déjà dénoncée par la Sacom en 2007, quelque 6 000 ouvriers travaillent d’arrache-pied, 12h par jour, 6 jours par semaine, pour des salaires ridiculement bas. Selon la Sacom :

Les salaires sont maintenus à des niveaux extrêmement bas, à cause des quotas de production qui sont presque impossibles à remplir.

Dans cette fabrique, qui a exporté en 2010 plus de 30 millions de dollars de jouets, les ouvriers touchent 154 euros par mois, le salaire minimum. En effectuant des heures supplémentaires, ils peuvent espérer atteindre 327 euros. Pour cela, le maximum légal de 36 heures supplémentaires par mois est allégrement dépassé. Les ouvriers de Sturdy Products ont ainsi effectué, l’été dernier, pendant la “haute saison”, entre 100 et 120 heures supplémentaires par mois, comme le prouvent des fiches de paie que s’est procurée la Sacom.

Une voiture Hotwheels, beaucoup d'heures supplémentaires

Au moment de l’embauche, certains ouvriers affirment avoir été poussés à signer un document les engageant à travailler au delà du maximum légal. Debby Chan, de la Sacom, décrit des conditions de travail “indignes”, proches de “l’enfer” :

Les ouvriers, des femmes le plus souvent, sont harcelés et insultés en permanence par leurs patrons. Les cadences de travail sont excessives, il faut produire beaucoup en peu de temps. Il y a de graves négligences en matière de sécurité du travail. Les ouvrières utilisent des produits chimiques dangereux, des diluants, des colles, du plomb. Des masques chirurgicaux leur sont fournis, mais ils sont inefficaces pour les protéger des vapeurs toxiques. Récemment, deux ouvrières ont dû être hospitalisées, mais elles n’ont reçu aucune compensation de la part de leurs employeurs.

D’après l’enquête de l’ONG, l’usine de Shenzhen aurait employé plusieurs enfants âgés de 14 à 15 ans. En mai 2011, Nianzhen Hu, une ouvrière de l’usine, s’est suicidée en sautant du sixième étage de l’usine. Selon sa famille, elle était souvent “réprimandée” par la direction “parce qu’elle n’était pas assez efficace”. On lui avait ordonné, en guise de punition, de ne pas venir travailler.

Audits inefficaces

Depuis 2006, l’usine est pourtant régulièrement certifiée décente” par la Fédération Internationale des Industries du Jouet (ICTI). Depuis dix ans, l’ICTI effectue des audits sociaux dans plus de 2 400 usines chinoises. Destiné à “promouvoir une fabrication éthique”, le “Care Process” de l’ICTI repose sur un code de pratiques commerciales” imposé aux sous-traitants de multinationales membres, comme Mattel, qui interdit le travail des enfants et édicte une série de “règles de bonnes conduites” à respecter : “environnement de travail sûr“, “assistante médicale en cas d’urgence”, congés maladie, etc.

Disney Store Toys

Un rayon de peluches au Disney Store des Champs Elysées. Tous ces jouets sont "made in China".

Marie-Claude Hessler, ancienne juriste d’Amnesty International, est actionnaire minoritaire de Mattel. À chaque assemblée générale, en mai à Los Angeles, elle prend la parole et pose aux dirigeants des questions qui fâchent. Les audits de l’ICTI, l’ex-juriste les considère comme “de la poudre aux yeux.”

Les inspecteurs de l’ICTI viennent d’Europe ou des Etats-Unis, sans vraie connaissance du terrain. Ils sont très faciles à leurrer. Et quand la Fédération fait appel à des compagnies d’audit externes, régulièrement, des usines se plaignent de la corruption des inspecteurs, qui leur réclament de l’argent contre une certification.

Les ONG dénoncent des audits sociaux inefficaces, inutiles. Feng Yu, 21 ans, a travaillé pendant trois ans dans plusieurs usines de jouets à Shenzhen. Elle raconte : “Avant les contrôles, on nous réunissait dans une salle, et on nous expliquait les questions que l’on allait nous poser, et surtout ce qu’il fallait répondre aux inspecteurs.” A Sturdy Products, la Sacom reporte même le cas d’ouvriers payés pour mentir lors des audits. Debby Chan ne se fait aucune illusion :

Dans la pratique, les directeurs d’usines sont informés à l’avance de l’arrivée des inspecteurs, ils ont le temps de faire le grand ménage, de cacher les produits chimiques, de faire partir les enfants, de fabriquer de faux contrats de travail, de fausses fiches de paie. C’est tout un cinéma qui est mis en place pour tromper les inspecteurs.

Marie-Claude Hessler déplore l’attitude de Mattel et d’autres géants du jouet, comme Disney, qui “se reposent de plus en plus sur les audits de l’ICTI, avant de mener leurs propres vérifications.” En 1997, Mattel avait monté une cellule d’experts indépendants, qui visitaient les usines tous les trois ans, faisant respecter le code de conduite de l’entreprise. “A l’époque, l’entreprise avait un PDG un peu avant-gardiste, mais depuis qu’il a été remplacé, Mattel a supprimé cette commission indépendante et se cache derrière l’ICTI, se bornant à publier de temps en temps les rapports de la Fédération”, lance Marie-Claude Hessler. L’ancienne juriste déplore l’attitude de l’ICTI : “Pour l’industrie du jouet, les audits doivent rester inefficaces… ça rapporte beaucoup trop.”

Interrogé par OWNI, le président de l’ICTI Care Process, Christian Ewert, n’apprécie pas. “Le but de notre Code de conduite est d’assurer un traitement équitable des ouvriers des usines de jouets, dans le monde entier. Quand une usine ne respecte pas le code, nous veillons à ce qu’elle corrige le tir. Nos contrôles sont quant à eux d’une grande qualité “ Et de tirer à boulets rouges sur la Sacom :

La Sacom n’est vraiment pas gentille avec l’ICTI Care Process. Ces dernières années, elle n’a cessé de nous critiquer, n’a jamais donné de crédit à nos actions, et refuse de nous rencontrer. Nous sommes pourtant ouverts au dialogue, acceptons les enquêtes des ONG, et agissons dès que les résultats de ces enquêtes nous sont communiqués, ou lorsqu’un ouvrier nous contacte pour dénoncer son usine. Notre travail se fait dans la durée, il prend du temps, et chaque année les choses vont de mieux en mieux.

30 heures de travail ininterrompues

Également pointée du doigt, la Walt Disney Company. À Sturdy Products, les ouvriers chinois produisent ses petites voitures à l’effigie de Flash McQueen, héros de Cars. Dans son dernier rapport, la Sacom se penche aussi sur la situation à On Tai Toys et Hung Hing Printing, deux usines nichées dans le delta de la Rivière des Perles. Les figurines Buzz l’Eclair, les albums de coloriage Disney sortent chaque hiver de ces fabriques, où les ouvriers travaillent entre 12 et 14 heures par jour, dans des conditions dangereuses.

Dans l’usine de On Tai Toys, les ouvriers manipulent ainsi des produits chimiques sans étiquettes, et sans moyens de protection (gants, masques). Ils dorment à l’usine, dans des dortoirs minuscules, envahis par les rats et les insectes. Le logement et la cantine, 40 euros en tout, sont retenus sur les salaires des ouvriers. A Hung Hing, l’une des 30 usines chinoises comptant le plus d’accidents de travail, les blessures sont monnaie courante, et les salaires sont payés avec trois semaines voire un mois de retard.

OWNI a contacté les différentes usines concernées, souvent en vain. À On Tai Toys, “on ne répond pas aux journalistes”, lance froidement un responsable de l’usine. A Sturdy Products, Damon Chan, l’un des responsables de l’usine, demande très poliment un peu de temps avant de répondre (OWNI attend toujours sa réponse), mais indique “prendre cette affaire, sujet très sensible à Sturdy Products, très au sérieux.”

Seule véritable réaction, celle du directeur général de Hung Hing Printing Group, Dennis Wong, qui justifie le dépassement des heures supplémentaires par des salaires de base “insuffisants pour vivre : les ouvriers ne peuvent gagner plus de 154 euros par mois, ils ont besoin de ces heures supplémentaires.” Entre juin et octobre, pendant la haute saison, des ouvriers de Hung Hing ont effectué jusqu’à 100 heures supplémentaires par mois, certains jusqu’à 30 heures interrompues, uniquement pour “honorer les délais d’une commande.”


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source et photo du Disney Store au mobile par Fabien Soyez

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Noël, ce mal nécessaire http://owni.fr/2010/12/24/noel-ce-mal-necessaire/ http://owni.fr/2010/12/24/noel-ce-mal-necessaire/#comments Fri, 24 Dec 2010 12:03:18 +0000 Agnès Maillard http://owni.fr/?p=39761 Faut pas croire, mais moi aussi j’aime bien les arbres morts qui clignotent dans la nuit pendant que les braves gens se font péter la panse de goinfrailles pas forcément très bonnes, mais assurément très caloriques et dispendieuses. J’aime bien la foire d’empoigne devant le dernier boudin blanc oint du souvenir du parfum de la réplique chimique de la truffe noire du Périgord.

J’aime bien pipeauter ma naine à fond, à lui expliquer que le cinquième gars en bottes d’équarrissage qui a des touffes de cheveux noirs qui s’échappent de la houppelande légendaire est un assistant du père Noël, le vrai, le beau, celui qu’on ne voit jamais, hélas, et qui a une étrange tendance à plus filer de jolis cadeaux aux gosses de bourgeois qu’aux seuls enfants sages… surtout si les parents de ces derniers rament au RSA.
Bref, faut pas me faire passer pour ce que je ne suis pas. J’ai l’esprit très fêtes, si, si.

Remember Shining

J’adore la quinzaine commerciale, ses vitrines barbouillées de dessins qui se voudraient naïfs et qui sont surtout niais, ses fausses promotions sur de faux produits de luxe et sa musique ! Ha, la musique de Noël ! À elle toute seule, elle mériterait un poème cousu main, avec ses clochettes tintinnabulantes, les trilles joyeux de ses violons échevelés et ses petits refrains entraînants entonnés en chœur par les orphelins de la police montée de Québec… ou d’ailleurs. Tout humain neurologiquement sain plongé plus de 15 minutes dans un flot sirupeux de musique de Noël devient nécessairement un tueur en série. Remember Shining. Et soyez circonspects et méfiants envers ceux de vos concitoyens dont le travail les exposent à cette nuisance auditive sept heures par jour, pendant beaucoup trop jours pour rester honnêtes.

Le top mercantile de Noël, j’y ai eu le droit, du temps de mon enfance parisienne, avec les vitrines animées du boulevard Haussman, leurs automates à la précision suisse, leurs décors disnéyens et leurs avalanches de paquets cadeaux vides, mais brillants.
Si tu n’es pas allé au Printemps à Noël, tu as raté ton enfance. Et c’est tout.
Le Printemps et son sapin géant qui perce les étages dans une débauche de guirlandes lumineuses de nature à mettre la centrale de Golfech à genoux. Le Printemps et son escouade d’une bonne quinzaine de vrais pères Noël qui paparazzient les trolls émerveillés à chaque coin de rayon. Le Printemps et son attelage de rennes qui annonce l’hiver et la pluie de cadeaux.
Et la naissance du petit Jésus, itou.

La crèche et son petit Jésus schtroumphisé par le froid

Parce que le top du top, c’est quand même la crèche vivante de la petite église de montagne perdue à flanc de Tarentaise, avec son petit Jésus schtroumphisé par le froid, sa Marie-couche-toi-là dont les talons à bascule ont fait la joie des petits gars de la vallée l’été dernier, son Joseph-Pernod-Ricard et son cheptel bien de chez nous qui réchauffe la chapelle d’un pet bruyant en plein sermon. Ça, c’est quelque chose. C’est le versant religieux et traditionnel de la chose. C’est le chœur céleste des angelots de la chorale du bled dont la voix haut perchée est un ascenseur pour le ciel. C’est même héroïque, comme l’année où le chasse-neige n’est pas passé à temps et où il a fallu coller la mère Michèle sur le capot de la Deuche pour pouvoir se tracter dans la poudreuse jusqu’à la messe de minuit, un peu plus haut dans la pente, à travers les chemins de chèvres que les torrents furieux défoncent au printemps. Ben oui, une Deuche, ça passe partout, pourvu qu’on lui leste bien les amortisseurs avant, parole de fille des montagnes!

Mais plus que tout cela, ce que je préfère dans l’esprit de Noël, c’est le grand repas de famille du réveillon, un pur moment de bonheur scintillant et gargantuesque que certains préparent à grands shoots d’anxiolytiques plus d’un mois à l’avance. Dans la série des grandes réunions familiales où tu peines à te faire porter pâle, tu as les mariages, les enterrements et le réveillon de Noël. Le réveillon a cela de bien que l’on sait à l’avance quand tombe le verdict, ce qui fait qu’on a tout loisir de s’y préparer aussi bien que pour le marathon de New York. Et puis, surtout, on est certains de ne pas devoir s’en enquiller plus d’un par an.

Jamais sans mon Prozac

Régime pré-Noël.

Déjà, quand j’étais gosse, c’était sportif à organiser, à commencer par le plan de table, grand moment de diplomatie gastronomique, où il convenait de ne pas attiser les vieilles vendettas dont l’origine se perd dans la nuit des temps des cavernes et dont la fin devrait transcender la vibration rauque de la dernière des trompettes du jugement dernier. Venait ensuite le choix du menu, avec sa farandole de plats qui devait témoigner à coup sûr de l’opulence et de la générosité de celui qui recevait sur son terrain. Sans oublier la portion régime de tata Georgette dont le cholestérol ne tolérait même plus la trêve des confiseurs. Et pour finir, le casse-tête des cadeaux, encore qu’avant la loi Évin, c’était tout de même nettement plus fastoche qu’aujourd’hui : cendriers, briquets et bonnes bouteilles et le tour était joué.

De nos jours, avec les familles recomposées, on a juste ajouté un peu d’équations du second degré dans l’organisation des migrations vespérales. C’est le Noël alternatif. On voit les gosses un Noël sur deux. Il ne faut donc pas se planter dans la liste des cadeaux, sinon, ça va charcler au pied du sapin le lendemain matin.
C’est beau la modernité.
Même si le point d’orgue sera une digestion quelque peu difficile devant un quelconque bêtisier de Noël sur écran plat 16:9 Full HD, les neurones nécessairement au repos pendant que l’estomac bataillera sous sa ligne de flottaison.

Pourtant, on en redemande…

Mais en fait ce que l’on préfère dans Noël, c’est qu’il existe. Même si les jouets vus à la télé sont d’une mochitude confondante dans la lumière pâle des petits matins blêmes. Même si la bouffe coûte un bras, pèse sur l’estomac et creuse le déficit de l’année qui s’annonce. Même si la moitié des convives fait la gueule et que l’autre fait semblant de passer un moment inoubliable. Même si la déco est plus clinquante que le bal de l’Élysée, version Sarko. Même si on ne sait jamais quoi offrir à ceux que l’on aime et que l’on sait encore moins recevoir. Même toute cette joie forcenée, tout ce gaspillage ont quelque chose de profondément pathétique.
On adore ça.
Et on en redemande.

Parce que pire que les conneries de Noël, c’est un Noël sans conneries.
Un Noël de petit nombril du monde.
Le moment précis où l’on mesure l’importance des réseaux. Pas les réseaux sociaux virtuels d’Internet sur lesquels le soleil ne se couche jamais.
Non, nos réseaux d’appartenance, ceux qui font qu’on est un humain parmi les humains, même si c’est souvent chiant et étouffant.

Car Noël bat la mesure de notre appartenance à l’humanité

Familles, je vous hais. Mais au moins, vu avez le mérite d’exister, de donner de la substance, un substrat à ma colère.
Saint-François-d’Assise prônait la pauvreté à ses disciples. Pour nous, la pauvreté, c’est ne rien posséder, à peine sa carcasse. À l’époque de Saint-François, la pauvreté avait un autre sens, bien plus profond, finalement. Les gens, dans leur grande majorité, vivaient de peu et possédaient encore moins. Ce qui faisait la valeur d’une personne, c’était son appartenance à un groupe, à une communauté, voire à plusieurs réseaux. On existait comme le fils de, le voisin de, le membre de telle guilde, l’habitant de tel village. Le pauvre, c’était le pauvre hère, le vagabond, celui qui n’a d’attaches nulle part, celui dont personne ne pouvait dire qu’il le connaissait. Celui qui n’appartenait à aucun groupe, on pouvait le chasser, le maltraiter, le dépouiller : il n’était protégé en rien, par rien et par personne.

Alors oui, il est de bon ton de détester Noël, ses pacotilles, son fatras de bonnes intentions coulées dans un océan de mercantilisme, mais comme tous les rites collectifs, il bat la mesure de notre appartenance à l’humanité. À une toute petite part de cette humanité. Peut-être pas la meilleure, mais sûrement pas la pire.

Parce que la pire des pauvretés, finalement, c’est de ne compter pour personne.

Photos CC Flickr masatsu (bûche), Stéfan (vendeuse et crèche), nirbhao (Prozac) et g.h.vandoorn (tablée)

Une CC Loguy pour OWNI /-)

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[Poster] Ça sent le sapin http://owni.fr/2010/12/24/poster-ca-sent-le-sapin/ http://owni.fr/2010/12/24/poster-ca-sent-le-sapin/#comments Fri, 24 Dec 2010 10:40:21 +0000 Admin http://owni.fr/?p=39856 Cliquez sur le poster pour ouvrir la version pdf avec les liens

Poster : Marion Boucharlat CC pour OWNI
Textes : Sabine Blanc

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[Diaporama sonore] Les dessous du Père Noël http://owni.fr/2010/12/24/diaporama-sonore-les-dessous-du-pere-noel/ http://owni.fr/2010/12/24/diaporama-sonore-les-dessous-du-pere-noel/#comments Fri, 24 Dec 2010 09:03:55 +0000 Diasporamas http://owni.fr/?p=39933 Nicolas a 22 ans. Pour payer ses études d’ingénieur, il a lancé sa petite entreprise de Père Noël. Tous les hivers, il enfile son costume de velours rouge et visite supermarchés, fêtes de comités
d’entreprise, particuliers… Son traineau motorisé survole ainsi toute l’Île-de-France, accumulant les rencontres plus ou moins joyeuses.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Diaporama réalisé par Morgane Tual (sons et montage) et Oleiade (photos), de Diasporamas


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Joyeu$e$ fête$ mu$icale$ http://owni.fr/2010/12/23/joyeuses-fetes-musicale/ http://owni.fr/2010/12/23/joyeuses-fetes-musicale/#comments Thu, 23 Dec 2010 07:00:59 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=29054 A l’approche des fêtes, les artistes se sentent souvent l’envie d’offrir un menu présent à leurs fans, sous la forme d’un single de Noël. Pratique pour se rappeler au bon souvenir des auditeurs entre deux albums, le Christmas single, tradition purement anglo-saxonne s’il en est, permet en outre de surfer sur la vague des sorties de fin d’année, traditionnellement lucrative, et ainsi d’espérer empocher quelques royalties supplémentaires. Si les albums de reprises de classiques de Noël sont légions et servent souvent à palier un manque d’inspiration passager, on peut saluer les artistes qui font l’effort de proposer de l’inédit.

Saviez-vous que tous les ans ou presque depuis sa sortie au début des années 90 le single All I Want For Christmas Is You de Mariah Carey squatte le top 40 anglais à l’approche du réveillon ? La semaine dernière encore, il pointait à la 22ème place du classement, avec pas moins de 14817 ventes, pour un cumul de 715917 exemplaires. La plantureuse ne s’y est pas trompé en sortant d’ailleurs cette année un second album sur ce thème, intitulé Merry Christmas II You. Dommage pour elle, cette fois-ci ce sont seulement 8297 opus qui se sont écoulés au Royaume-Uni. Mariah aura donc plus de mal à fourrer la dinde cette année.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Même chose pour le pourtant gros vendeur Michael Bublé. Si son dernier opus Crazy Love s’est écoulé à 2 098 185 exemplaires depuis sa sortie en Angleterre (2ème meilleure vente de 2010), son opus de Noël n’a pas mobilisé ses fans dans les même proportions. Seuls 12 069 exemplaires se retrouveront en effet au pied des sapins britanniques.

Mais certains ont plus de chance : les fêtes déclenchent en effet des actes d’achat inespérés à l’endroit de certains “classiques”. Si chez nous, c’est le Petit Papa Noël de Tino Rossi qui remporte la mise tous les ans (200 à 300 000 ventes annuelles) d’autres artistes font de jolies percées dans les classements britanniques. Bienvenue donc cette année à Yoko One et John Lennon (58 596 ventes cumulées pour Happy X Mas (War Is Over)), Chris Rea (90 480 pour Driving Home For Christmas), Elton John (37935 pour Step Into Christmas), Band Aid (le consortium d’artistes à l’origine du single de charité Do They Know It’s Christmas?, 88 803 exemplaires) ou encore Kylie Minogue (41183 pour Santa Baby). Notons que cette dernière a même sorti un EP de Noël cette année, reprenant ce titre et un autre, enregistré spécialement : Let It Snow.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Côté albums, saluons les réussites d’Annie Lennox pour A Christmas Cornucopia (malgré un artwork pour le moins vilain), déjà écoulé à 78 000 exemplaires, ainsi que l’album festif de Glee (la série-phénomène américaine) qui s’écoule pas moins de 29 285 unités en deux semaines.

Mais saluons les plus inspirés, qui proposent cette année des titres inédits autour de la thématique de Noël. Belle occasion de faire un tour dans les charts, certains voient leur initiative couronnée de succès, d’autres moins.

Coldplay tout d’abord, dont le single Christmas Lights a déjà trouvé 40 000 preneurs. Fait rare mais pas inédit, le titre bénéficie même d’un clip en bonne et due forme, tout comme le All I Want For Christmas Is New Year Day du duo mancunien Hurts, que le groupe a choisi d’offrir à ses fans. Le groupe Chew Lips fait de même via sa newsletter, bonne manière de récupérer quelques adresses e-mail pour éventuellement convertir les curieux en fans !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les américains de The Killers se sont retrouvé suite à l’escapade solo de leur leader Brandon Flowers, et on profité de l’occasion pour enregistrer Boots, un titre plutôt sombre pour une chanson de Noël. Malheureusement, avec moins de 10 000 téléchargements au Royaume-Uni, le titre échoue à s’imposer.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

De notre côté de la manche, le groupe rémois The Bewitched Hands propose Christmas Tree, s’inscrivant ainsi dans la tradition anglo-saxonne encore assez peu suivie par les artistes francophones.

Nombreux donc sont les artistes qui ont choisi de proposer un single ou un album de Noël à leurs fans cette année, histoire de s’assurer de plus gros cadeaux au pied du sapin sans doute. N’hésitez pas à nous suggérer d’autres morceaux dans les commentaires.

Et sinon, joyeux Noël.


Note : les chiffres de ventes UK son arrêtés au 12/12/10

Crédit photo FlickR CC adomadom

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Alma http://owni.fr/2009/12/25/alma/ http://owni.fr/2009/12/25/alma/#comments Fri, 25 Dec 2009 10:53:43 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=6438 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un conte de Noël recommandé par @tom_plays.

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