Pourquoi le web, pourtant si bifurquant, si rhizomatique, si sensiblement épars, nous semble-t-il si aisément abordable, si facilement traversable, embarqués que nous sommes, équipage de moussaillons mal dégrossis derrière leur navigateur (browser), vaisseau amiral en haute mer des hyperliens possibles ?
Est-ce là la seule grâce et le seul fait d’une formidable et trans-maritime écluse répondant au nom de Google ? Est-ce là l’inaliénable mérite de “moteurs” de recherche fixant eux-mêmes le cap, listant par défaut quelles routes seront ouvertes et traversables parce que par eux-mêmes balisées (indexées) et quelles voies resteront inaccessibles sauf à quelques rares mais essentiels navigateurs chevronnés ?
Non.
Si le web, malgré son immensité de contenus donc, nous est rendu appropriable, si le sentiment d’être “lost in hyperspace” s’efface souvent au profit d’une découverte hasardeuse, heureuse (sérendipité) et rassurante, c’est pour une raison simple.
C’est parce que le web est un graphe. Mais un graphe particulier. Un graphe à invariance d’échelle, c’est à dire avec de la redondance, beaucoup de redondance, c’est-à-dire un graphe ni vraiment aléatoire ni vraiment hiérarchique. C’est à dire un graphe dont l’immensité relationnelle, dont l’extraordinaire densité n’oblitère pas la possibilité offerte à chacun d’entre nous d’en mesurer le diamètre ; mieux, de faire l’expérience de cette mesure, de faire le tour du web.
Le diamètre d’un graphe, c’est la plus longue distance entre deux nœuds. Le diamètre du web, c’est la plus longue distance entre deux liens hypertextes.
LE spécialiste intergalactique des graphes, Laszlo Barabasi a mesuré ce que nous ne faisons la plupart du temps que ressentir en naviguant, c’est à dire cette impression d’avoir fait le tour, de revenir à notre point de départ ou à quelque chose qui lui ressemble étrangement. Laszlo Barabasi a mesuré le diamètre du web. C’était en 1999. Et il était de 19 liens.
Avec mon camarade Gabriel Gallezot, dans un article fondateur – bien que jamais publié en papier ;-) -, dans cet article nous écrivions derechef que :
Cela signifie, que quelles que soient les unités d’information choisies (en l’occurrence des pages web), elles se trouvent connectées par une chaîne d’au plus dix-neuf liens. Au delà de chiffres qui, du fait de la nature même du web ne sauraient être stabilisés, ces études ont surtout permis de construire une topologie de l’espace informationnel tel qu’il se déploie sur les réseaux, en faisant émerger certaines zones « obscures » (web invisible), déconnectées d’autres zones mais tout aussi connectées entre elles, et en ce sens homogènes.
D’où ce sentiment de proximité, de complétude, de confort de navigation (plutôt que d’errance), de communauté, de “village global” devant ce qui devrait pourtant nous apparaître comme une immensité par définition non-traversable puisque impossible à cartographier parce qu’en perpétuel mouvement.
Car tel est le web. Tout au moins celui des premiers temps. Car depuis le web – et depuis le temps – sont apparus des graphes dans le graphe. Ils ont pour nom Flickr, YouTube, LiveJournal (plate-forme de blogs) et tant d’autres. D’autres en ont également établi les diamètres respectifs :
Nota-Bene : dans leur étude, les auteurs (3) partent d’une mesure du web donnée à 16,12.
Des petits web dans le web. Du genre des petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Sur un mode fractal, c’est à dire partageant les mêmes propriétés de graphes invariants d’échelle. Jusqu’à un certain point.
Si les graphologues sont (1), (2) et (3) – parmi d’autres – c’est à dire des gens qui font profession de l’établissement de graphes capables d’attester de la navigabilité réelle du web, existent aussi ceux que l’on nommera graphomanes ou graphophobes et qui font profession ou vœu d’abaisser significativement le diamètre dudit graphe jusqu’à idéalement le réduire à un point, c’est à dire – heureusement – une aporie, mais également le rêve cauchemar d’un monde où tout est univoquement connecté à tout, un monde dans lequel chacun est simultanément en contact avec les autres, avec tous les autres, en permanence.
Si la dimension fractale du web des origines – comme pour l’exemple célèbre de la côté de la Bretagne – permettait l’agrandissement de ses dimensions (donc de sa navigabilité, de sa possible exploration) au fur et à mesure du rapprochement de l’observation , le projet politique des graphomanes est de bâtir des “environnements en apparence semblables à des graphes invariants d’échelle” mais dont la dimension, c’est à dire le spectre de ce qui est observable et/ou navigable se réduit au fur et à mesure ou l’observateur se rapproche. Soit une forme paradoxale de panoptique.
Facebook, YouTube et tant d’autres sont, chacun à leur manière des projets graphomanes. La graphomanie de Facebook est de nature politique (= on est tous amis), celle de YouTube est idéologique (on aime tous les mêmes vidéos rigolotes). Tous ont en commun de tendre vers l’abolition du fractal, c’est à dire d’une certaine forme d’inépuisable. De faire du web un simple nœud. Un seul nœud. L’isolement du graphe. L’avènement du point.
Plus que le web lui-même, plus que l’infrastructure qui le porte, c’est une certaine idée du web comme ressource qui est en danger. Danger d’une concentration, une contraction des liens qui le structurent et le forment ; danger d’une surexploitation de cette ressource naturelle (le web) d’un écosystème informationnel (internet) qui pourrait conduire à son épuisement, à son tarissement au seul profit d’immenses et finalement pauvrement réticulés supermarchés relationnels dont Facebook ou YouTube sont aujourd’hui les emblèmes par l’homogénéité des ressources qu’ils proposent, et les “patterns” qu’ils propagent et auto-alimentent.
N’étant ni Chris Anderson ni Tim Berners Lee je ne sais si le web est mort ou s’il peut encore être sauvé. Peut-être ne suis-je que l’un des initiés nourris à la rhétorique d’un web libertaire.
J’observe qu’en-deçà d’une certaine granularité, qu’en-deçà d’un certain diamètre, qu’au-dedans de certains sites, ce sur quoi nous passons chaque jour davantage l’essentiel de nos navigations n’a pas davantage à voir avec le web des origines que le couteau de cuisine n’a à voir avec l’écriture.
Je rappelle ce que j’écrivais ici-même il y a déjà 3 ans et un mois de cela, à savoir que cette approche fermée, propriétaire, compartimentée, concurrentielle, épuisable de l’économie du lien hypertexte ne peut mener qu’à des systèmes de nature concentrationnaire. Des écosystèmes de l’enfermement consenti, en parfaite contradiction avec la vision fondatrice de Vannevar Bush et selon laquelle la parcours, le “chemin” (“trail”) importe au moins autant que le lien. Les ingénieries de la sérendipité n’ont pas plus aboli le hasard que ne l’avait fait le coup de dès de Mallarmé, mais elles en ont profondément et durablement changé la nature.
De l’ensemble de mes données personnelles récupérées sur Facebook ne se dégage aucun chemin : seulement la litanie de la liste de mes “amis”. Les liens, la totalité des liens qui dessinent mon “vrai” profil social, mon véritable cheminement, ceux-là restent la propriété – et à la discrétion – du seul Facebook. Dans l’usage même, quotidien de Facebook, de YouTube et de tant d’autres, je ne parcours aucun chemin, je n’effectue aucun autre cheminement que celui qui place mes propres pas dans ceux déjà les plus visibles ou pré-visibles, dans ceux déjà tracés pour moi par d’autres qui m’ont en ces lieux précédés. Ce chemin là, tant il est à l’avance tracé et déterminé, tant il est en permanence scruté et monitoré par d’autres “au-dessus” de moi, ce chemin-là ressemble davantage à une promenade carcérale qu’à une navigation affranchie.
A ce web carcéral fait écho le discours politique d’une criminalisation des pratiques, alibi commode pour porter atteinte à sa neutralité au seul profit d’intérêts marchands et sans égards pour ce qui fut un jour une terra incognita pleine de promesses. Qui l’est encore aujourd’hui. Mais pour combien de temps ?
Une fois n’est pas coutume, terminons sur un exemple et sur des données factuelles :
Facebook générait 16.68% des pages vues aux Etats-Unis contre 24.27% en novembre 2011, soit une progression annuelle de 60% et de près de 8 points selon Hitwise. Facebook génère donc désormais une page vue sur quatre aux Etats-Unis.
Sur ce critère, Facebook est suivi de Youtube (6.39%). Aux États-unis, cela signifie donc qu’une fois sur quatre, je vais naviguer là où “mes amis” ou “les amis de mes amis” m’envoient naviguer. Comme dans la vraie vie me direz-vous. Précisément.
Le web fut et doit demeurer le lieu d’un décalage, d’une altérité. La territorialisation est le plus grand risque qu’il encourt. S’il ne doit plus avoir vocation qu’à singer numériquement la trame de nos sociabilités ou de nos déambulations dans le monde physique, il cessera alors d’être ce qu’il promettait de devenir : un lieu d’exploration inépuisable, à l’abri du pesant carcan de nos consubstantielles matérialités.
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Article initialement publié sur Affordance
Illustrations CC: iamjon*, joelogon, Pilgrim on Wheels, erix!
Le graphique publié dans Wired paraît définitif. La messe est dite. Mais, à y regarder mieux, il ne s’agit que d’un comparatif en parts de marché. Ce n’est pas parce que le Web perd des parts qu’il meurt. Aujourd’hui par exemple, on publie plus de livres que jamais même si les gens passent proportionnellement moins de temps qu’avant à les lire. Le discours d’Anderson est biaisé, collé au seul plan commercial. Il se vautre sur le culturel et le politique. Dans l’absolu, en termes de trafic et de quantité d’information disponible, le Web n’a jamais cessé de progresser.
Ne croyez pas que je sois devenu un défenseur du Web. Je dénonce juste une certaine rhétorique.
C’est le chemin naturel de l’industrialisation: invention, propagation, adaptation, contrôle, explique Anderson.
Qu’est-il en train de faire sans le dire ? De mettre en pièce sa théorie de la longue traine. Michael Wolf écrit en parallèle :
Selon Compete, une agence d’analyse web, les 10 sites les plus importants ont drainé 31% des pages vues aux Etats-Unis, contre 40% en 2006 et près de 75% en 2010. ‘Les gros captent le trafic des petits’, explique Milner. ‘En théorie, une petite frange d’individus à la réussite insolente peuvent contrôler des centaines de millions d’individus. Vous pouvez grandir rapidement, et cela favorise la domination des personnes fortes.’
On dirait qu’ils viennent de découvrir une loi universelle, et de se mettre à genoux devant elle. On comprend mieux ce qu’entendait Anderson par longue traîne, et que j’ai parfois dénoncé. Pour lui, des vendeurs monopolistiques créent la longue traîne en leur sein pour accroître leur part de marché.
De mon côté, je défends l’idée d’une longue traîne exogène, externe à toute entreprise, qui s’observe dans l’ensemble de l’écosystème. Comme je l’explique dans L’alternative nomade, nous devons nous battre pour développer cette traîne si nous voulons défendre nos libertés. La longue traîne sur le catalogue d’Amazon est une bonne chose, mais insuffisante à mes yeux. Nous devons lutter avec nos nouvelles armes d’interconnexion contre cet avenir qui serait déjà écrit.
En fait, avec Anderson, toute l’industrie médiatique se félicite de la mort du Web, c’est-à-dire de la mort des systèmes ouverts et de la décentralisation incontrôlée. De nouveaux opérateurs monopolistiques émergent, avec comme Apple leurs plates-formes propriétaires, et leurs systèmes de micro payement, ce qui injecte de nouveaux revenus dans la boucle. Et comme par hasard, Wired qui a frôlé l’asphyxie en début d’année, voit peu à peu le retour des publicités.
Toute personne qui veut faire fortune sur Internet ne peut que prôner une forme ou une autre de centralisation, c’est-à-dire une forme de contrôle. Nous devons en être conscients et lire leurs déclarations suivant cette perspective.
Nous ne sommes plus à l’époque où un business décentralisé séduisait par le seul nombre de ses usagers. Il s’agit aujourd’hui de les fliquer pour les faire payer. Alors oui, l’idéal du Web est bien mort, mais rien ne nous empêche de nous battre contre les barons de la finance, contre tous ces gens qui ont remisé leurs rêves, contre tous ceux qui veulent que rien ne change, sinon nos jouets technologiques.
J’en reviens maintenant aux causes de la mort du Web. J’en vois deux.
L’émergence des applications propriétaires. Avec les Appstores qui les accompagnent, elles n’utilisent ni HTML, ni les URL, deux des trois innovations de Tim Berners Lee. Elles nous font basculer vers des solutions propriétaires, avec la promesse d’une plus grande ergonomie et la tarte à la crème d’une plus grande sécurité. Au passage, nous banquons. Il devient difficile de créer des liens vers ces écosystèmes qui se veulent autonomes (comment est-ce que je lie depuis mon blog vers la météo affichée dans une appli iPhone ?).
Le passage au flux. Nous nous retrouvons avec des objets mouvants, des fichiers ePub par exemple, qui ne sont plus statiques dans le cyberspace comme l’étaient les sites. Tout le monde va bientôt comprendre leur importance. Plus besoin de s’embêter avec un serveur ou un hébergeur pour exister en ligne.
Ces deux tendances s’opposent. La première veut nous ramener avant le Web (minitel, AOL, CompuServe…), la seconde après le Web. Je vois mal comment il pourrait survivre dans ces conditions.
Le retour des applications propriétaires, c’est la victoire des marchands. Plutôt que de développer un espace ouvert avec des sites difficiles à monnayer, on referme les interfaces, les associe à des appareils particuliers. Apple a initié ce mouvement rétrograde.
Il ne faudrait toutefois pas oublier l’enseignement philosophique du vingtième siècle. Il n’existe aucun langage universel. HTML est insuffisant et sera toujours insuffisant. Il est préférable d’entretenir un écosystème divers, ce qui implique des difficultés d’interfaçage. Nous devons en passer par là si nous voulons, après une phase apparente de régression, connaître un nouveau boom créatif. L’innovation suit une respiration entre les hippies idéalistes et les marchands réactionnaires.
Si la première tendance est nécessaire, elle ne m’en déplait pas moins, et je préfère me consacrer à la seconde, qui plutôt que centraliser le Web l’éclate plus que jamais.
Les ePub, et j’espère pour bientôt les ePub sociaux, circuleront partout, aussi bien dans les mondes fermés que les mondes ouverts. Ils reprennent tout ce qui faisait le Web : HTML ou plutôt XML, les objets inclus, les scripts… Il ne leur manque que la possibilité de se parler entre eux. Leur force, c’est leur liberté plus grande que jamais, leur capacité à être avalés par une multitude d’applications ouvertes ou non, d’être monnayables ou non.
Il nous reste à inventer un nouveau protocole de communication entre ces fichiers libres et riches, sans doute sur une base P2P. Le Web est bien en train de mourir, il restera une immense galerie marchande et un point de propulsion pour nos contenus qui vivront ensuite librement dans le flux, voire atterriront dans des applications.
Billet initialement publié sur le blog de Thierry Crouzet
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Crédits Flickr CC toprankonlinemarketing, nicolasnova
]]> C’est d’abord l’explosion commerciale et grand public au milieu des années 90 avec l’arrivée des navigateurs graphiques.
Puis le phénomène du web 2.0 après l’explosion de la bulle Internet.
Depuis plusieurs années, les commentateurs tentent de deviner et d’annoncer la prochaine révolution qui secouera le Réseau. Certains parient sur le web sémantique qui permettra de passer de l’information à la donnée et verra le développement de traitements automatiques permettant de générer des contenus pertinents. D’autres parlent de « l’Internet des objets » qui verraient les machines communiquer entre elles de manière autonome au sein d’un gigantesque réseau pervasif où cyberespace et espace physique seraient indissolublement liés. Les deux réunis sont souvent annoncés comme posant les fondement d’un « Web 3.0 » à venir
Sachant qu’aucune des deux révolutions précédentes n’ont été prédites ou annoncées, il convient sans doute de relativiser la fiabilité de telles prédictions. Alors : quand aura lieu le prochain tournant, et quelle direction prendra-t-il ? À lire les publications de presse les plus récentes et les nombreux commentaires des derniers mois, il semble bien que le moment soit arrivé :
Ce qui est annoncé, c’est d’abord la « mort du web ». Chris Anderson, le célèbre rédacteur en chef du magazine Wired qui donne le ton, depuis ses origines, des débats en cours sur l’évolution des technologies numériques, a jeté un pavé dans la mare cet été en donnant ce titre à son éditorial.
Pour Anderson, le web, en raison de son caractère décentralisé voire anarchique, n’a jamais réussi à permettre aux producteurs de contenus et de services de construire un modèle économique viable. Les difficultés bien connues de l’édition musicale, de la presse, de l’édition de livres en sont le témoignage. Banalisation des applications, succès populaire du web, et même du web comme plateforme dans sa version 2.0, l’époque que nous venons de vivre brille, paraît-il, de ses derniers feux. La multiplication des appareils mobiles (ie l’iPhone), et le développement conjoint des réseaux sociaux « fermés » (ie Facebook) constituent deux forces puissantes de développement des usages en dehors du web. Ils offrent surtout aux développeurs d’applications et aux producteurs de contenus une infrastructure qui leur permet de monétiser auprès du public leur offre commerciale.
L’article d’Anderson, contestable, a suscité de nombreux débats dans divers médias. Au-delà de la validité de ses arguments, on ne peut que constater qu’il rejoint d’autres articles annonçant eux aussi des changements majeurs. C’est le cas de l’article de Michael Hirschorn qui insiste quant à lui plutôt sur la stratégie de verrouillage mise en oeuvre par Apple via ses matériels mobiles, sa boutique iTunes, mais surtout le système App Store, puisque les conditions permettant aux développeurs d’y proposer leurs applications sont drastiques. La firme à la pomme a d’ailleurs dû faire machine arrière récemment, sous la menace d’une enquête en concurrence déloyale de la commission du commerce américain.
Dans ce cas de figure, la sortie du web est synonyme d’une clôture technologique considérable puisque le fabricant de matériel fournit aussi le système informatique qui anime la machine (iOS), contrôle les applications qui y sont autorisées et censure les contenus qui sont délivrés par leur intermédiaire. On troque donc un système ouvert où chaque niveau (machine, OS, applications, réseaux, contenus) a son autonomie et interagit avec les autres niveaux suivant des standards ouverts, pour un système intégré verticalement, maîtrisé par un seul opérateur.
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Si Apple était le seul acteur à agir en ce sens, le doute serait permis sur la portée réelle de sa stratégie sur l’ensemble de son environnement. Mais d’autres éléments doivent être pris en considération, à commencer par l’évolution du comportement des gouvernements nationaux et des opérateurs de télécommunication.
Côté gouvernements, c’est la tentation de filtrage de l’Internet qui se généralise. Cette forme de contrôle que l’on croyait réservée aux pays non démocratiques comme la Chine ou la Tunisie, séduit de plus en plus de démocraties occidentales : l’Australie s’y essaye, et la France, qui prépare une nouvelle loi sur la sécurité, s’apprête à adopter ce système. Comme le font remarquer de nombreux observateurs, la restriction d’usage de ce type de technologie sur les contenus pédopornographiques est sans doute seulement temporaire et son utilisation prochaine à la lutte contre le piratage des contenus culturels sous droit d’auteur ne fait aucun doute. Le magazine en ligne ReadWriteWeb France a récemment jeté la lumière sur des discussion secrètes en cours entre les différentes parties prenantes sur ce sujet.
Dernier pilier de l’Internet tel que nous le connaissons : la neutralité des réseaux est aujourd’hui ouvertement remise en cause de tous côtés. En France, le rapport rendu récemment par le secrétariat au Développement de l’économie numérique après une vaste consultation pourtant, a suscité de nombreuses critiques. Benjamin Bayard, le bouillonnant président du petit fournisseur d’accès associatif FDN s’est en effet illustré par une lecture pour le moins décapante du rapport.
Aux États-Unis, dans le cadre d’une consultation lancée par la FCC, le régulateur fédéral des télécommunication, l’opérateur téléphonique Verizon et Google ont proposé une définition très restrictive de cette fameuse neutralité, en la réservant au réseau filaire et en la truffant d’exceptions selon ses détracteurs. En un mot, en France comme aux États-Unis, les débats en cours semblent ouvrir la porte du filtrage des contenus comme des protocoles par les opérateurs. Ainsi, pour résumer sa ligne de défense, Nathalie Kosciusko-Morizet eut ce mot révélateur : « la neutralité de l’Internet est un principe plutôt qu’un credo ». La messe semble être dite.
Le débat sur la neutralité des réseaux est à la fois technique et abstrait. Il n’évoque pas grand-chose aux utilisateurs tant qu’ils n’en perçoivent pas les conséquences en terme d’usages. Or, c’est justement ce que permet, selon le journaliste Fabrice Epelboin, le rachat de Deezer par l’opérateur Orange. Cette entreprise qui propose un service d’écoute de musique en streaming, voit en effet désormais son offre intégrée au sein de forfaits téléphoniques spéciaux et donc plus chers : si ceux-ci limitent la quantité de données que peut échanger un abonné, dans les forfatis « Deezer », la musique en streaming provenant de ce service n’est pas comptabilisée. Pour Epelboin, c’est une sorte de licence globale privatisée dont on voit ici l’émergence, et donc l’application à l’Internet classique n’est qu’une question de temps.
Développement de la distribution payante de contenus au sein d’applications fermées, généralisation du filtrage de l’Internet au niveau des fournisseurs d’accès, menaces sur la neutralité du réseau, autant d’éléments d’une remise en cause très profonde de la structure de l’Internet unifié que nous connaissons aujourd’hui et qui permettent à The Economist de prédire son éclatement en plusieurs réseaux, cloisonnés, sous contrôle et de moins en moins interopérables.
L’ensemble de ces analyses, accumulées en si peu de temps semblent confirmer l’hypothèse qu’Internet serait en train de vivre un nouveau tournant de son histoire, qu’il faut interpréter comme une sorte de normalisation, de retour à la situation précédente et de fin de l’utopie. Hypothèses séduisante, mais qu’il faut relativiser en la resituant dans la continuité historique ; car contrairement à ce qu’on pourrait croire, le débat n’est pas nouveau. Il est même rejoué à chaque évolution importante : l’ouverture d’un réseau jusqu’alors essentiellement académique au grand public via l’interconnexion avec AOL par exemple, puis l’explosion de l’Internet commercial à partir de 1995, puis les grandes manœuvres des « media borg » autour de 2000 sur le thème de la convergence numérique furent à chaque fois analysées comme la fin probable d’une utopie politique et son absorption dans la normalité marchande d’une société de consommation sous contrôle du « big business ». A contrario, le développement de Usenet et des BBS, l’efflorescence des sites web, l’explosion du web 2.0 furent interprétés comme autant de symptômes d’une vivacité de cet idéal politique d’autonomie et de liberté.
Tout se passe donc comme si les tensions dont nous sommes témoins aujourd’hui témoignaient d’une structure récurrente de développement historique de l’Internet, construite sur cette tension même. De cette récurrence on ne peut déduire de futur certain pour le Réseau, ni d’un côté, ni de l’autre. Peut-être faut-il au rebours en déduire une incertitude consubstantielle à cette histoire : la normalisation définitive que les pessimistes annoncent régulièrement n’a pas eu lieu jusqu’à présent. Mais la révolution globale et le basculement généralisé vers une démocratie renouvelée par Internet que d’autres prédisent depuis longtemps n’est toujours pas visible. Sans doute est-ce parce qu’en la matière, rien n’est inéluctable, contrairement à ce que disent les uns et les autres. Le futur de l’Internet est ouvert et c’est à nous d’en décider.
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Billet initialement publié sur Homo numericus
Image CC Flickr syder.ross et heatherhoesly
]]>C’est un cercle vertueux qui s’autoalimente : une audience amène la lumière et la motivation qui appellent la foule. La logique des vidéos virales. La logique des TED Talks qui, depuis 2006, livrent en Creative Content des conférences des plus grands innovateurs et penseurs de la planète. Une logique qui, selon Chris Anderson, le créateur de TED.com, pourrait être la nouvelle logique d’une éducation massive, populaire et créative.
Pour cet ancien journaliste, pas de mystère aux performances vidéos du jeune Anjelo (alias Lil Demon), break dancer de 6 ans : le temps consacré pour arriver à sa maîtrise technique, la diffusion de ses acrobaties et leur succès participent du même principe. Sous la forme d’une grande roue de fête foraine, Anderson énumère les réservoirs qui alimentent ce qu’il nomme « catalyse de l’innovation par la foule » (« crowd accelerated innovation ») : la foule, la lumière et le désir.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Sans la « lumière », visibilité nécessaire au phénomène, pas de diffusion. Sans le « désir », pas de motivation pour les heures de répétition et d’essais-erreurs nécessaires au perfectionnement. Et sans la « foule », pas de progrès, faute « d’écosystème favorable à l’innovation », où chacun assume vis-à-vis de la création et des autres son rôle de commentateur, créateur, sceptique, enthousiaste ou chasseur de tendances… Trois indicateurs qui, sur Internet, s’alimentent mutuellement : la lumière et le désir donnent accès à la foule de l’audience qui, directement (via les réseaux sociaux) ou indirectement (via les hits, liens entrants ou « vues » sur Youtube) offrent plus de lumière et de désir (de reconnaissance, de partage, etc.).
Un mécanisme d’amélioration qui ne fonctionne qu’en mode ouvert. « C’est en livrant ce que vous considérez comme votre plus précieux secret que des millions de gens pourront l’améliorer », s’enthousiasme Anderson, prenant exemple sur ses conférences : publiées en Creative commons, les vidéos de TED.com ont donné lieu à 300 millions de visionnages entre juin 2006 et juin 2010, des traductions en 70 langues et plusieurs milliers de vidéos estampillées TEDx, marque d’usage libre dérivée du cycle de conférence initial.
Une révolution qui, pour Anderson, concurrence rien moins que Gutenberg : précédent l’invention de l’imprimerie, colportant au bout du monde les idées et les opinions, toute l’histoire de l’Humanité s’était construite à l’aune de la discussion. La démocratisation de l’accès à Internet, l’explosion récente des limites de la bande passante et du stockage et l’effondrement du prix des caméras transforment le web en vecteur permanent de millions de discussions. Aussi bien dans leur propos que dans leur contenu non verbal : « le ton, les expressions du visage, le contact visuel, la réaction du public… Énumère Anderson. Ce sont des éléments clés de la motivation. Tout ça, sur un écran de quelques pouces de large. »
Et ce vecteur a un potentiel d’application hors du commun, « car il montre plus que des paroles », il met en scène des « compétences ». La plate-forme de vidéos scientifiques Jove a ainsi répondu à un problème typique de la recherche contemporaine : comment répliquer une expérience décrite dans un article de revue scientifique ? « Cela prend parfois plusieurs mois, des milliards de dollars pour y arriver », assure-t-il. Là où une vidéo « montre » une manipulation cellulaire, un processus expérimental en quelques images, une poignée de mouvement et les couleurs et légendes nécessaires.
Une logique qui ouvre pour Chris Anderson un nouveau paradigme d’éducation :
Doit-on rester dans cet harassant schéma pyramidal ? Pourquoi pas un cycle pédagogique auto-entretenu où chacun peut participer ?
Un nouveau mode d’échange qui s’appuierait sur la mutation de chacun du consommateur passif au contributeur: « Qui est le prof ? Vous. »
Avec quelques caméras Flip et une connexion Internet, le bidonville de Kibera, dans la banlieue de Nairobi au Kenya, a pu monter son propre TEDx, exposer ses initiatives de vie locale et échanger l’expérience de ses talents : une école de cinéma, des initiatives pour recycler le contenu d’une décharge voisine, pour relancer la culture sur les terres souillées, monter une télévision… Une démonstration puissante du slogan de TED : « des idées qui valent la peine d’être partagées » (« Ideas worth spreading »).« Cette logique est profitable pour toutes les institutions », assure-t-il.
De sa nouvelle théorie, Anderson tire des enseignements pour sa propre initiative : le site TED.com permettra bientôt de répondre directement, en vidéo, de poster ses propres « TED talk »… Dans le simple but d’élargir la base.
Nous voulons passer d’une logique de une personne à beaucoup d’autres, à une logique du beaucoup à beaucoup. Si nous pouvons faire émerger le meilleur du meilleur d’un pool plus important, alors, la roue tourne.
Une vidéo initialement publiée sur TED.com.
Crédit photo CC Flickr WoodleyWonderWorks.
]]>Qu’est-ce qu’on nous apprend que nous ne savions pas déjà ? La réponse est RIEN
Alors ok, c’est Chris Anderson qui dit que la page s’est tournée et il faut sans doute ce genre d’autorité pour que le message soit bien reçu et que cela nous aide, travailleur de l’ombre, à enfoncer le clou auprès de clients qui continuent à penser que leur stratégie se résume à refaire un site corp. (non, je ne parlerai pas de France.fr) ou un jeu-concours sur Facebook, comme les copains. C’est très bien que ce soit dit. Rendons grâce, il le fallait.
J’aime bien le petit tableau avant/après d’Anderson. Il me rappelle les Web 1.0 vs Web 2.0 du bon vieux temps. Comme ceux-là, je ne l’aime pas car il nous enferme dans des idées grossières et dangereuses, il nous enferme surtout dans des outils. Il me semblait qu’on avait tous compris que le futur du web 2.0 ce n’était pas le web 3.0, mais changer le monde. Raté.
Les apps sont un grand succès, mais le navigateur n’est pas mort. Il a déjà vaincu les widgets et gadgets de bureau, qui sont elles les grandes victimes des apps de console de commodités portable et configurables que sont devenus nos téléphones. Les apps sont des commodités, des choses que l’on adopte. Le vrai changement n’est pas le navigateur, c’est l’ordinateur. D’autres que moi ont fort bien dis que smartphones et autres tablettes sont la mort de l’informatique personnelle et domestique, que l’ordinateur est (re)devenu un outil de travail, une machine complexe pour gens compétents. Les apps, c’est simple et ça ma grand-mère s’en sert et sait à quoi ça lui sert.
Parler d’abonnement, installation ou souscription en lieu et place de syndication n’est que de la sémantique. Du moment que c’est l’utilisateur qui prend la décision de s’approprier le service, peu importe la nature de cette appropriation. Les gens ne portent pas de valeur à la technologie. Ils s’en servent, elles les sert, et s’il y a mieux ou que ça ne marche pas autant qu’ils le souhaitent, ils en changent. Les geeks, c’est fini, place à des masses qui n’ont aucun mysticisme de la technologie.
Que l’on soit passé du free au freemium est un défonçage de porte ouverte. Chris Anderson ne fait même pas sa propre pub, il ne fait que constater que le freemium est le modèle gagnant de l’après-crise. Ceux qui découvrent l’information ont certainement du rester déconnectés dans les dix-huit derniers mois. L’innovation, elle est maintenant dans l’après-freemium !
Non, la seule vraie chose pertinente, c’est du passage des !! à ?? derrière Google. Pourquoi ? parce que ça parle marché, économie, la seule chose qui compte !
On le sait bien, Google a perdu la bataille du web social. Les grands réseaux l’ont gagné et celui du monde occidental s’appelle Facebook.
Google a failli perdre celle de la mobilité, mais il a réussi à se placer avec Android. Il est donc toujours là dans le mobile, avec quand même une question sur les apps et la monétisation de son économie du lien, car le search reste une simple commodité parmi d’autres sur cette plateforme.
Il faut donc souhaiter à Google que le web ne soit pas mort, car c’est après-tout son coeur de business. Si on se dit que le web a perdu la position en terme de fidélisation et de commodité (apps) et que les plateformes sociales ne sont plus du web mais une surcouche et des environnements cross-platforms, le web n’est presque plus que du search vers du contenu ou des plateformes. Normal que les comptes de Google soient bons, malgré la crise. Normal que les Ads se portent bien.
Google est révélateur du changement car il est bousculé sur ses fondamentaux. Le web n’est pas mort, mais il n’est plus l’alpha et l’omega des usages de l’internet. Chris Anderson a bien choisi son titre. Nous assistons à une nouvelle relecture de la nouvelle économie, où c’est la modification du terrain de jeu par l’extérieur qui remet en cause les positions. Google était indétronable sur le web, mais si le web est remis en perspective, ce n’est plus le même jeu.
Le seul vrai marché est celui des usages, il vit d’innovation pure, sans distinction de hard, de soft ou de plateforme. Comme je le disais en introduction, c’est une erreur de raisonner en outil, en système ou en ce que vous voulez, la seule chose qui est sûre, ce sont les usages et à travers eux le sens que les gens donnent aux choses.
Le web n’est pas mort, il est juste ramené à ce qu’il est : un moyen parmi d’autres, dans une palette toujours plus riche et étendue de modalités pour faire des choses pour nous les hommes. C’est ça l’histoire de l’internet, l’extension du champ des modalités. Vive l’internet et à travers lui un nouvel art de vivre et un vivre ensemble que nous construisons chaque jour loin d’institutions qui n’ont pas compris et d’une économie qui a encore du mal à l’entendre.
Le vrai débat, il est sur les valeurs et la manière de créer de la confiance et un environnement fructueux de business et de relation entre les clients/usagers et les marques/entreprises/acteurs qui veulent avoir de la relation/business/engagement avec eux.
Article initialement publié sur ‘Paroles d’Expets”, un blog du Groupe Reflect
Illustrations CC FlickR par Laughing Squid, anitakhart, mischiru
]]>Finalement, Wired a bien publié son “avis de décès”. Dans un article à quatre mains appuyé par un graphique qui semble tout dire. Il montre la part déclinante du web dans l’ensemble des activités Internet :
Un graphique impressionnant, aussitôt relativisé par “Boing Boing”. Après avoir replacé les chiffres dans le bon sens, c’est à dire en tenant de compte de l’évolution du trafic, le célèbre blog nous propose le graphique suivant :
Ce qui veut dire la même chose, à une différence près : le web n’est pas déclinant. Il augmente moins vite que le reste. Et encore, ajoute Boing Boing, le reste (vidéo streaming, file sharing…) est “souvent inclus dans le web également”.
Et Techcrunch de préciser que les vidéos de Youtube n’ont pas été incluses dans la partie web, mais mêlées aux vidéos avec les communications Skype. Ce qui prête effectivement à confusion, même si l’on peut imaginer que les vidéos YouTube seront de plus en plus visionnées sur mobile.
Au delà de la polémique des chiffres, si Chris Anderson veut sonner la mort du web, c’est pour mieux parler d’Internet: “Web is dead, long life to the Internet”, c’est le titre de sa tribune. Si le Web est mort, l’Internet est bien vivant.
C’est une mort symbolique qu’il prône, dans une vision tribale. Comparant le web à une adolescence utopiste, il veut voir émerger un monde mature où la clef est la communication entre les interfaces (vive le XML) et/ou les machines, où l’écran vient à l’utilisateur (vive le mobile..) et où la technologie s’efface devant le contenu et la qualité du service (vive Apple!).
Un monde où l’on passe de l’univers ouvert mais fragile économiquement à un univers fermé où les modèles économiques sont plus solides : celui des applications mobiles notamment.
“A chaque fois que vous utilisez une application au lieu d’aller sur le web, vous votez avec votre doigt”, sentence-t-il.
Un changement qu’il illustre avec le tableau suivant :
Et l’auteur de “Free” de prôner le “freemium”, ce en quoi il n’a pas tort. Et la souscription face à la syndication RSS. Dans la foulée, il “tue” la publicité déclinante, noyée par le User Generated Content. Sur ce point, il avance un peu vite. La publicité souffre parce qu’elle est mal déployée sur le Net. Elle devrait relever de la relation du consommateur à la marque, et pas du simple affichage. Et s’il l’UGC chaotique “noie” la qualité, il suffit de trier pour lui redonner de la valeur. Bref. Il y a encore du boulot pour les créatifs.
Cependant, l’évolution va effectivement dans le sens d’un Internet connecté, et repackagé en permanence, plus que vers l’open web que nous connaissons. C’est un peu Apple contre Google, même si Google avance à vitesse grand V sur le mobile (et aussi sur l’Internet fermé…)… Mais attention aux décisions hâtives, car le Net évolue vite.
Il faut s’équiper pour s’adapter, pas pour changer de support !
Je ne prônais pas autre chose il y a 15 jours, anticipant l’argumentaire d’Anderson : “Le web est mort, peu importe”:
“La question n’est finalement pas de savoir s’il faut investir dans une application ou dans un site web. Mais d’être capable d’organiser un média en un flux organisé qui accompagne l’utilisateur partout où il se trouve. Et sans rupture.
“C’est le principal enjeu de ces prochaines années. L’avenir est aux médias capables de structurer leurs données, mais aussi l’interactivité entre les utilisateurs et leurs données. Aux médias capable de faire vivre leurs données sur les différents espaces de navigation (mobile, application mobile, les navigateurs des tablettes, des ordinateurs, mais aussi sur Facebook…). C’est à dire faire interagir données et utilisateurs sur un réseau qui sera de plus en plus indépendants de ses supports.”
Crédit photos CC FlickR: mikeleeorg
Article précédemment publié sur le blog benoitraphael.com
” En plein dans les débats sur l’avenir des médias à l’ère digitale, dans le bourbier Hadopi, Google et la BNF, et les chimères que certains nous dressent face à l’illusion du gratuit, j’ai été assez surpris de lire si peu de choses que ça par rapport à la parution en français de “Free” de Chris Anderson…”
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